vendredi 3 juillet 2009

Comment construire une bulle sur la dette souveraine ?

Comme l’indique cet article d’Oriane Claire pour Slate.fr, l’injection massive de liquidités réalisée par la BCE et la Fed permet aux banques… d’acheter des bons d’Etat : «Les banques commerciales ont en effet utilisé de suite l'argent emprunté à bon prix auprès de la BCE pour investir massivement dans les emprunts d'Etat allemands, les bons du trésor américains à 10 ans ou encore les obligations de l'Etat français (les OAT). Ce sont donc les emprunts d'Etat qui ont bénéficié de ce nouveau flux monétaire. Comme nous l'expliquent les différentes banques, «nous empruntons à 1% et prêtons à plus de 3,30% pour les obligations d'Etat germanique, par exemple. Cette opération nous permet de restaurer nos marges aisément».

On voudrait créer une bulle qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! Le système est bouclé sur lui-même, autoréférentiel, déconnecté de l’économie réelle, et le changement brutal d’une variable (reprise de l’inflation, déflation, hausse des taux d’intérêt, …) provoque son l’écroulement.

Et signalons que cela revient à faire tourner la planche à billet de façon indirecte : au lieu de souscrire directement des bons du trésor (comme se l’autorise la Fed), la BCE prête de l’argent sans limite et avec de très lâches garanties à un taux très faible à des banques qui se précipitent ensuite pour acheter des OAT françaises ou des Bunds allemands. Où est la différence ? Les apparences sont sauves. C’est vrai que ça compte, surtout dans une bulle.

C’est même une bulle dans une bulle puisque, lorsque l’on élargit le champ d’observation, on voit que la dette des Etats est en grande partie émise pour… sauver le système bancaire. De la liquidité est crée sans contrepartie réelle, sans création de valeur (la hausse de la bourse de ces derniers mois n’étant qu’un effet collatéral de cette création monétaire), ce qui annonce d’autres crises…

Au bonheur des banques, Oriane Claire, Slate.fr

En bonus, un autre article de Slate.fr sur le comportement scandaleux de Jean-François Théodore, président d’Euronext, qui a bradé la bourse de Paris à celle de New York, ce qui annonce des délocalisations d’emplois dans la finance…

Philippe Herlin