lundi 28 septembre 2009

La moitié du budget de l’Etat en déficit…

Les Echos le rappelle opportunément, le déficit budgétaire (140 milliards d’euros) représente la moitié des dépenses de l’Etat (280 milliards) ! Imaginez un ménage ou une entreprise qui financerait la moitié de ses dépenses par l’emprunt… On ramène la plupart du temps le déficit du budget de l’Etat au PIB de la Nation (c’est l’un des critères de Maastricht, ce déficit ne doit pas dépasser 3 % du PIB), mais c’est un simple point de vue, le PIB n’appartient pas à l’Etat ! Il puise dedans avec ses impôts, mais ça ne lui appartient pas, c’est le travail des Français. En ramenant le déficit à son budget on voit donc que, pour 2009, celui-ci est de 50 %...

Le gouvernement réduit-il ses dépenses ? Que nenni, au prétexte qu’il ne faut pas gêner la reprise, comme si les dépenses de l’Etat créaient de la croissance ! La réduction de ces dépenses devient urgente et le Figaro Magazine propose 50 mesures. Un dossier intéressant, même s’il manque l’abolition des 35 heures qui coûtent 15 milliards par an au budget de l’Etat et aussi certainement quelques autres… il faudra plus de 50 mesures !

A 140 milliards d'euros, le déficit budgétaire représente la moitié des dépenses de l'Etat, Les Echos

50 idées pour économiser 50 milliards en cinq ans, Le Figaro Magazine

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 22 septembre 2009

La sécu part en vrille !

La dette publique ce n’est pas uniquement la dette de l’Etat, nous l’avons déjà dit, c’est aussi celle de la Sécurité sociale et celle des collectivités locales. Deux articles intéressants paraissent aujourd’hui, un dans Le Figaro, qui montre que les comptes de la sécu partent complètement en vrille puisque le gouvernement prévoit un découvert de 60 milliards d’euros pour 2010 ! Ce déficit ne serait pas géré par la Cades (mal orthographiée dans l’article) mais par l’Acoss, la banque du régime général (fiche Wikipedia) ; un même déficit géré par deux organismes différents, bonjour la cohérence ! Autre article intéressant, et de fond, dans Rue89 sur les collectivités locales qui, de plus en plus, ont recours à l’emprunt et souvent avec des produits spéculatifs… L’article donne des pistes au citoyen qui voudrait en savoir plus et interroger les collectivités dont il dépend, bravo.

60 milliards d'euros de découvert pour la Sécurité sociale en 2010, Le Figaro

Finances : et si l'on encadrait les collectivités locales ? Rue89

Philippe Herlin
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lundi 21 septembre 2009

De la crise financière à la crise de la dette ?

Dans une tribune de Project Syndicate (et reprise dans Les Echos d’aujourd’hui), l’économiste américain Kenneth Rogoff pose bien le problème auquel nous sommes confrontés : le passage de la crise financière à une crise de la dette publique. Les Etats ayant pris sur leurs épaules l’essentiel du choc de la crise bancaire et du ralentissement économique, le poids de la dette publique dans le monde a explosé. Peut être n’a t’on fait que déplacer le problème… La «reprise» actuelle n’est sans doute qu’un palier selon Rogoff. La meilleure façon de prévenir cette nouvelle crise serait de mettre le sujet de la dette publique sur le tapis, notamment au sommet du G20 à Pittsburgh les 24 et 25 septembre, mais on n’en trouva pas trace dans un agenda qui préfère se concentrer sur les paradis fiscaux et les bonus des traders…

De la crise financière à la crise de la dette ? Kenneth Rogoff, Project Syndicate

L’horloge de la dette publique dans le monde, The Economist

Philippe Herlin
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mercredi 16 septembre 2009

7 milliards pour des fumistes !

Le gouvernement vient de décider d’investir 7 milliards dans le fret de la SNCF. Vous avez bien lu. La branche fret de la SNCF, en déficit permanent, régulièrement en grève, bastion de la CGT et de Sud, incapable de se restructurer, va toucher 7 milliards d’euros de l’Etat d’ici 2020 ! Les cheminots du fret de la SNCF, l’une des pires corporations que l’on puisse trouver en France, peut savourer sa victoire, ses avantages (25 heures/semaine, CE grassement doté, retraites très confortables) vont continuer à être payés par la collectivité. Et - cerise sur le gâteau - l’argent pourrait provenir du «Grand emprunt national» sensé financer les dépenses d’avenir, on ignorait que les bastions syndicaux acharnés à saboter toute réforme puissent représenter l’avenir de la France !

Fret ferroviaire : le gouvernement engage plus de 7 milliards d'euros d'ici à 2020, Les Echos

Le fret SNCF, IFRAP, février 2009

Philippe Herlin
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lundi 14 septembre 2009

La dette publique, prochaine bulle ?

Dans son dernier livre « La dernière bulle » (Mille et une nuits), Jean-Michel Quatrepoint (journaliste économique passé par Les Echos, La Tribune, Agefi, etc) annonce la prochaine, et peut être dernière bulle (sic), celle de la dette des Etats. Du fait de l’explosion de leur dette, les Etats devront faire face à des contraintes budgétaires extrêmement difficiles à résoudre. Quatrepoint annonce la couleur : « il va falloir titriser les dettes publiques et les dettes corporate, inventer des produits dits structurés et les saupoudrer à nouveau aux quatre coins de la planète. Avec la complicité tacite des Etats, à qui on fera miroiter la possibilité soit d’étaler les dettes dans le temps, soit d’avoir des charges annuelles moins importantes, grâce à des montages qui, au passage, permettront aux banques d’accumuler de nouveaux profits. »

Et l’Italie vient d’entrer dans la danse en commercialisant des futures sur sa dette publique. Bon, bien sûr les produits dérivés ne sont pas néfastes en soi, ils servent à se couvrir contre le risque (l’autre pays européen à les utiliser est l’Allemagne) mais quand le sous jacent devient volatile ou incertain (la dette italienne…) ils deviennent très spéculatifs. L’Italie rend sa dette plus « sexy » en offrant des futures (et donc des occasions de profits supplémentaires pour les banques), mais s’expose plus qu’avant à la spéculation et à la formation de bulles !

« La dernière bulle » Quatrepoint, Cdurable

L'Italie écoule sa dette en préparant une nouvelle bulle financière, Marianne

Addendum du 17/9:
"L’Italie, quant à elle, se prépare à émettre des bonds titrisés au futur sur sa dette publique. Ceci pourrait paraître une bonne idée, si elle n’avait pas été abandonnée en 1999 avec l’adoption de l’Euro, qui devait justement protéger les monnaies qui entraient dans le système de telles fluctuations. Le fait qu’il faille à nouveau émettre des bonds au futur est le signe très net que les effets de l’Euro ne se font plus sentir sur le marché des dettes publiques. En fait, on voit que l’Euro a perdu dans cette crise son principal effet positif, qui était celui de faire converger les rendements des dettes publiques."
Source

Philippe Herlin
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jeudi 10 septembre 2009

Remarque sémantique sur la taxe carbone

Une réflexion sur la « taxe carbone » : le gouvernement nous dit «ne vous inquiétez pas, elle sera entièrement compensée ». Mais c’est le cas de tous les impôts ! Tous les impôts sont reversés aux Français (en salaires des fonctionnaires principalement, puis dans les différents budgets de l’Etat, idem pour la sécu). C’est comme s’il disait « l’impôt sur le revenu, ne vous inquiétez pas, il est compensé », bien sûr, il reversé sous une forme ou sous une autre (salaires, prestations sociales, dépenses d’équipement) aux Français. L’argument est d’autant plus bidon qu’il est interdit, en comptabilité publique française, d’affecter un impôt déterminé à une dépense précise. Et d’ailleurs l’Etat reverse plus que ce qu’il collecte (trop gentil !), et de ce fait il s’endette... L’Etat ne garde rien dans ses poches, l’argent transite par lui. Le problème c’est que nous sommes dans un Etat de plus en plus redistributif, de plus en plus envahissant, omnipotent, décidant à notre place et, bien sûr, taxant la création de richesse pour des dépenses à l’efficacité et à la légitimité douteuses. La taxe carbone est un impôt comme les autres, un de plus, c'est tout.

Philippe Herlin
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mercredi 9 septembre 2009

L’avertissement de Moody’s

L’augmentation de la dette des Etats génère une inquiétude générale, mais elle suscite également des réactions de déni complet chez certains, comme ce chroniqueur américain de Slate qui recommande de ne pas s’en faire. Pour quelle raison ? « Nous pouvons nous permettre d'être plus égoïste vis-à-vis des générations à venir qui seront plus riches et travailleront moins. » ! Il invente l'impôt sur le futur, bravo. Il place sa foi dans un progrès technologique permanent : « L'économie a beau s'effondrer, le déficit se creuser: qu'il pleuve ou qu'il vente, le progrès technologique n'a jamais interrompu sa course, nous proposant une gamme d'options toujours plus large. Même si votre maison a perdu de sa valeur, le nombre d'applications utilisables sur votre téléphone a, lui, sans doute grimpé... » Quelle consolation ! A se demander si ce texte n’est pas un canular.

Plus sérieusement Moody’s annonce qu’elle maintient son triple A pour les pays riches, dont la France. Enfin, le communiqué dit que c’est « probable » et « à court terme »… Et un responsable de l’agence de notation annonce que « Bien qu’encore hautement hypothétique, on peut néanmoins concevoir un scénario où une ou plusieurs importante(s) et riche(s) économie(s) pourrai(en)t perdre sa/leur notation Aaa en raison de la dérive continue des finances publiques, subissant le même sort que le Japon dans les années 1990 ». C’est ce qu’on appelle un avertissement.

Dette des Etats, inutile de s’en faire, Conor Clarke, Slate.fr

Moody's maintient sa note triple A sur les pays riches, e24

En bonus : quelle reprise ? e24

Philippe Herlin
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vendredi 4 septembre 2009

La certification des comptes des collectivités locales

Intéressant article de l’IFRAP qui fait le point sur la mise en route de la certification des comptes des collectivités locales. En effet il importe d’y voir clair dans ce domaine également. On y apprend que « 22% de l’encours global des dettes locales sont constitués de produits «structurés» adossant emprunts et options, dont les conséquences ont récemment été funestes pour une cinquantaine de collectivités. » On hurle contre l’inconséquence des traders en ce moment, mais que dire des responsables de collectivités territoriales qui se sont endettés avec des produits financiers recelant des risques potentiellement très élevés ? Il importe d’y voir clair, et vite !

La certification des comptes des collectivités locales est-elle possible ?, IFRAP

Philippe Herlin
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