vendredi 4 décembre 2009

La Grèce joue au poker menteur

Intéressant article du Figaro à propos de la situation tendue de la Grèce face à sa dette publique puisque le texte contredit totalement le titre ! «La Grèce est assurée de trouver un sauveur qui lui évitera la faillite» annonce l’article avant d’énumérer quatre points qui rendent ce sauvetage impossible… Premièrement le traité de Maastricht interdit en effet toute procédure de renflouement des dettes d’un Etat – ce qui est clair – même s’il envisage, il est vrai, une aide en cas «d’événements exceptionnels», mais il n’y a là rien d’automatique. Deuxièmement l’aide du FMI est possible mais ni Jean-Claude Trichet ni le ministre des finances grec ne veulent en entendre parler. Troisièmement la Chine serait prête à souscrire à la dette grecque mais à condition de pouvoir avancer ses pions dans les frontières du pays, en l’occurrence de renforcer son emprise sur le port du Pirée, un actif économique de valeur (la Chine ferait en Grèce ce qu’elle fait actuellement en Afrique, bravo les Grecs) ; soit, mais cela n’implique absolument pas que la Chine viendrait au secours d’une banqueroute du pays ! Quatrièmement le gouverneur de la Banque centrale d’Athènes a déclaré que «Si la dégradation de la dette grecque continue, nous allons nous retrouver dans la position terrifiante de ne pouvoir obtenir de liquidités, car la BCE n'acceptera plus nos titres en collatéral», ce qui fera s’écrouler le système bancaire du pays… Il joue à faire peur, et après ?

En réalité, dans ce jeu de poker menteur entre la Grèce et l’Union européenne, les Grecs sont convaincus que l’Europe ne les laissera pas tomber. Résultat : ils ne font aucun effort pour améliorer leur situation, en se disant que le moment venu on viendra à leur secours. L’Irlande, qui est aussi gravement touchée par la crise, elle, se prend en main, serre les boulons, fait le maximum pour maintenir sa compétitivité et a diminué le salaire de ses fonctionnaires. Une mesure inimaginable en Grèce, royaume d’une fonction publique pléthorique et de syndicats aussi puissants qu’archaïques, et démocratie à la limite du népotisme où les familles Papandréou et Karamanlis se partagent le pouvoir depuis quarante ans. «Aide toi et le ciel t’aidera» dit le proverbe, et que les Grecs devraient entendre.

La Grèce est assurée de trouver un sauveur qui lui évitera la faillite, Le Figaro

L'Irlande adopte un budget de crise, Le Figaro

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr