lundi 10 mai 2010

Le plan d’aide européen : un simple répit

Au départ je voulais donner comme titre à ce texte « La mort de l’euro », puis je me suis dit bon, attendons un peu, mais ce qui s’est passé ce week-end est très grave. On a défendu ici l’idée d’un « FMI européen », c'est-à-dire « un mécanisme de rappel de type FMI, dont la sévérité vaudrait pour effet de dissuasion » (voir cette note), ce qui implique une carotte (de l’argent frais pour l’Etat au bord de la faillite) et un bâton (un plan de rigueur très sévère et dissuasif, une quasi mise sous tutelle, qui incite les pays à faire les efforts nécessaires avant d’en appeler, en dernière extrémité, au FMI). Mais dans le plan mis en place de week-end par les pays de l’Union européenne, il n’y a que la carotte (750 milliards d’euros, 500 de l’UE et 250 du FMI) mais pas le bâton ! Il n’y a pas de contrôle direct des finances du pays et un plan d’ajustement structurel comme le pratique le FMI. On est donc dans une fuite en avant qui consiste à déplacer le problème des dettes des pays européens vers une dette européenne. L’union européenne qui n’avait jusqu’ici pas le droit d’emprunter va pouvoir le faire, c’est un précédent dangereux (surtout si en plus elle utilise cette possibilité pour financer son propre budget…). Deuxième élément gravissime : la BCE va monétiser la dette des Etats ! Cela semblait encore inconcevable il y a quelques semaines, mais les politiques ont fait plier la Banque centrale européenne, c’est toute la conception allemande de la monnaie qui a été mise à bas hier, on pourrait dire que le Deutsche Mark est vraiment mort le 9 mai 2010. La Fed monétise et cela ne provoque pas d’inflation, pourquoi se gêner ? Mais le dollar est la monnaie mondiale, et de toute façon à long terme on sait que cela détruit la valeur d’une monnaie. Avec ce plan, l’Europe ne s’est offert qu’un répit, et a largement accru son risque systémique.

L'UE s'accorde sur une aide de 750 milliards, Le Figaro et e24

La BCE va acheter de la dette publique dans la zone euro, Les Echos (et Le Figaro, e24)

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr