jeudi 22 décembre 2011

La BCE joue au Père Noël

Ce que la BCE refuse de donner de la main droite, elle le donne de la main gauche ! « Non je n’achèterai pas de dette souveraine à grande échelle » clame Mario Draghi, le président de la BCE, « sinon toute cette création monétaire provoquera de l’inflation ». Nous étions un peu rassurés. Mais quelques semaines après ces déclarations, il ouvre les vannes en faveur des banques ! C’est guichet ouvert : taux à 1% sur 3 ans. Avec deux semaines d’avance, le Père Noël passe, le succès est au rendez-vous, 523 banques empruntent 489 milliards d’euros (Les Echos) !

Certains parlent de bonne nouvelle… La BCE intervient massivement parce que le marché interbancaire est quasiment à l’arrêt. Les banques n’ont plus confiance en elles, leurs bilans sont remplis de dette souveraine européenne dont la valeur baisse, et elles possèdent encore des actifs toxiques datant de la crise de 2008. Selon Les Echos, elles doivent refinancer 230 milliards d'euros au premier trimestre, et elles ne peuvent pas l’emprunter, ni le lever sur les marchés parce que leurs actions sont massacrées en bourse. La BCE intervient au bord du précipice, d’où le soulagement actuel.

Face à un risque de faillites bancaires et de ‘credit crunch’, la BCE a décidé de faire une croix sur le contrôle de la masse monétaire. Elle devient par ailleurs dépendante des banques et cela fragilise son bilan (si des banques ne peuvent pas rembourser leurs prêts, va-t-elle les mettre en faillite ? Non bien sûr, elle encaissera la perte). Nous y avons gagné un répit de quelques mois, mais sans rien régler sur le fond : le manque de solvabilité du système financier européen.

Philippe Herlin

mercredi 21 décembre 2011

SCANDALE : la France gage l’or de la Banque de France !

Comme jadis les pays dits « sous-développés », qui sont désormais « émergents » et nous rattrapent à toute vitesse, la zone euro se met sous tutelle du FMI (Le Figaro). Incapables de se diriger eux-mêmes, les européens – attention ce n’est pas une blague – versent de l’argent (150 milliards d’euros) au FMI pour qu’il le reprête à des pays européens en difficulté !

Mais au fait, comment fonctionne cette tuyauterie ? Il s’agit de « prêts bilatéraux des pays au FMI » et, c’est magique, « de tels prêts n'impliquent aucun risque en capital pour leurs souscripteurs, car le FMI est, par construction, toujours remboursé sur ses propres crédits ». On aimerait bien savoir comment car le FMI ne peut pas faire tourner la planche à billets. S’il enregistre des pertes, il faut bien que quelqu’un paye. En outre ces prêts sont en réalité des « avances », elles ne figurent donc pas dans le budget des Etats concernés. C’est magique, on vous le dit, de l’argent circule et il n’est décaissé de nulle part, et toute perte est impossible.

Ceci dit, comme le FMI et l’UE n’ont pas encore inventé la pierre philosophale, il y a quand même un « gage » dans cette affaire. Lisons l’article : « ces avances ne présentent aucun caractère budgétaire pour l'État prêteur: il s'agit en réalité d'accords de swap («échanges») à partir des réserves en devises et en or des banques centrales (telle la Banque de France) et le FMI. » Et voilà : l’or de la Banque de France (2435 tonnes) sert, au moins pour partie, de garantie à ce montage !

L’or de la Banque de France, c’est le patrimoine national, comme la Joconde ou la Tour Eiffel. S’en servir de gage pour un tel montage financier est une HONTE et un SCANDALE. Cette opération a été réalisée en catimini, c’est pitoyable. L’or de la Banque de France doit servir de garantie ultime (c’est notre « arme nucléaire » monétaire), nous exigeons que ce gage soit annulé, et comptez sur ce blog pour suivre l’affaire.

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Philippe Herlin

mercredi 14 décembre 2011

Sommes-nous face à un risque imminent de faillite bancaire en France ?

Pourquoi Les Echos se sent-il obligé de consacrer un dossier intitulé «Banques : ce que risquent les déposants français» ? Avec une interview du président du Fonds de garantie des dépôts, Thierry Dissaux, qui profère d’ailleurs une contrevérité («On ne demande pas à un assureur de disposer de réserves égales à la totalité des sinistres qu'il couvre», si justement, la totalité des sinistres pondérés par leur probabilité de survenance, alors que le Fonds avec ses malheureux 2 milliards ne couvre au mieux que la faillite d’une petite banque régionale). Et un édito faussement rassurant («le dispositif de garantie des dépôts est suffisamment solide pour que l'hypothétique défaillance d'un établissement puisse avoir lieu sans dégâts collatéraux pour les épargnants», c’est bien sûr totalement faux). En fait nous avons déjà eu une faillite bancaire en France avec Dexia (renfloué par des fonds publics), et un groupe d’assurance «sous forte pression financière» avec Groupama (aidé par la CDC, le bras financier de l’Etat). A qui le tour ? L’économiste suisse Charles Wiplosz affirme que des banques françaises vont tomber («Banks will collapse, including possibly a number of French banks that are very exposed to Greece, Portugal, Italy and Spain»). Les grandes banques françaises vendent des filiales, licencient, sont à court de dollars, et manipulent leurs résultats. La BNP vend des CDS sur la dette de la France pour faire rentrer un peu de cash (voir Zero Hedge), on en est là. Que va-t-il se passer ? Il faut comprendre une chose : une banque ne prévient jamais qu’elle risque bientôt de faire faillite, sinon ses clients vident leurs comptes et elle fait effectivement faillite dès le lendemain de sa déclaration ! Lorsque l’on regarde les faillites et rachats de la crise de 2007-2008, Bear Stearns, par exemple, a vu le cours de son action baisser régulièrement pour perdre 90% de sa valeur. Mais la direction était toujours rassurante. Puis le 16 mars 2008, la banque, en fait complètement en faillite, est rachetée par JP Morgan. Ca se passera comme ça. En France, les cours des grandes banques ont perdu de l’ordre de 90% (par rapport à avant la crise de 2008). Tombera, tombera pas ? Nous serons bientôt fixés sur la solidité réelle des banques françaises. Mais que personne ne fasse d'illusions sur ce Fonds de garantie ! Si cela devait arriver, l'Etat nationaliserait la banque, et après ce serait une autre histoire.

Philippe Herlin

vendredi 9 décembre 2011

C’était ça le sommet de la dernière chance !

Le sommet d’hier à Bruxelles était celui de la dernière chance, nous avait-on dit, voyons le contenu de l'accord signé :
- Commençons par la nouvelle positive, l’instauration de la règle d’or dans la constitution des pays de la zone euro, une idée que nous défendons ici, et qui a le mérite de pointer la source du problème. Maintenant, les délais de mise en place risquent d’être trop longs par rapport à l’urgence de la situation.
- Ensuite, une mesure d’affichage avec des sanctions prononcées contre les pays en déficit excessif, cela était déjà prévu dans les critères de Maastricht et n’avait pas été appliqué…
- Puis la recette utilisée depuis le début de la crise : rajouter de la dette à la dette, avec le MES (Mécanisme européen de stabilité, qui se rajoute au FESF), et aussi, coup de billard à deux bandes, en prêtant 200 milliards (qui seraient débloqués via les banques centrales nationales, mais la BCE n’est pas d’accord) au FMI pour qu’il les reprête à des pays européens. N’importe quoi. Du Ponzi à l’état pur.
- Enfin le déni complet de la réalité : «le secteur privé ne sera plus mis à contribution en cas de restructuration de la dette d'un État comme cela fut le cas avec la Grèce». L’UE veut empêcher les restructurations de dette souveraine à l’avenir (il s’agit là d’inciter les investisseurs à revenir acheter de la dette européenne en leur assurant qu’ils ne subiront pas de pertes) alors que plusieurs pays (Portugal, Irlande, peut être Espagne et Italie) ont une dette insoutenable.
Il s’agit d’un bricolage maladroit, rien de plus. Encore un sommet pour pas grand-chose, en attendant le prochain qui sera, soyons-en sûr, celui de la « dernière chance ».

Philippe Herlin

mardi 6 décembre 2011

AAA : J - 90

En mettant sous surveillance négative les notes des quinze pays de la zone euro qui n'ont pas encore été dégradées (tous sauf la Grèce et Chypre), Standard & Poor’s (communiqué) confirme l’avertissement de Moody’s, à savoir que la zone euro dans son entier suscite la défiance des investisseurs. Même l’Allemagne, même le Luxembourg (qui a une dette publique de 20% de son PIB seulement) sont menacés ! Ces 17 pays devront lever en 2012 sur les marchés environ 800 milliards d’euros pour financer leurs dettes publiques, il n’est pas certain qu’ils y parviennent tous. La France est spécialement dans le collimateur, sa note pourrait être abaissée de deux crans, et non pas seulement un, essentiellement à cause de ses banques, dont les actifs sont dégradés et, selon S&P, qui dépendent à 60 % de financements à court terme, ce qui les rend très fragiles. Une mise sous surveillance indique qu’il y a une chance sur deux pour que la note soit effectivement dégradée d’ici trois mois, mais pour la France ce risque est encore plus élevé, son triple A ne passera très probablement pas le printemps. Critiquons les agences de notation, ça ne mange pas de pain, mais elles ne font ici que confirmer la dégradation de la zone euro dans son ensemble, et spécialement de la France (déficit budgétaire supérieur à la moyenne, problèmes de financement de ses banques).

Deux addendums :
- concernant le billet Scoop : la Bundesbank monétise !
- contrairement à ce que disent les médias, les Français peuvent acheter directement des obligations d’Etat, si le cœur vous en dit !

Philippe Herlin

jeudi 1 décembre 2011

Sursis

Lorsqu’un condamné à mort voit son exécution repoussée d’une semaine, il est content ? Oui. Voici ce qui se passe en ce moment sur les bourses mondiales. La crise de la dette publique s’accroît en Europe (où l’on parle d’un risque d’explosion de la zone euro) et aux Etats-Unis (aucun accord politique n’émerge pour réduire le déficit). Dans le même temps, la situation des banques des deux côtés de l’Atlantique se dégrade : leur bilan contient encore des quantités d’actifs toxiques hérités de la crise de 2008, et, pour les banques européennes, des dettes souveraines dont la valeur chute. Conséquence : les banques ne se font plus confiance entre elles, le marché interbancaire se bloque. De plus en plus, elles font appel à la BCE pour se financer. Difficulté supplémentaire, les banques européennes peinent à trouver des dollars (les fonds US ferment le robinet), elles se tournent donc vers la BCE, qui se fournit à son tour auprès de la Fed, chacun fait la manche son voisin. «Depuis la crise, la BCE livre une bataille acharnée pour éviter l'écroulement du système bancaire européen.» (Les Echos), voici où nous en sommes aujourd’hui. Dans ce cadre, l’accord que viennent de signer les grandes banques centrales est inquiétant parce ce qu’il révèle l’ampleur de la crise. Et il ne règle rien sur le fond.

Philippe Herlin

lundi 28 novembre 2011

Zone euro : le début de la fin ?

Nouvelle étape dans la dégradation de la zone euro, Moody’s affirme que «l'aggravation rapide de la crise de la dette dans la zone euro menace les notes de solvabilité de tous les pays européens. Cela provoquerait très probablement la dégradation de la note souveraine de ces pays dans la catégorie spéculative» (Le Figaro, le communiqué de Moody’s). Cela ne constitue cependant pas une surprise, après l’échec de l’adjudication de l’Allemagne (voir notre précédent billet), c’est désormais toute la zone euro qui suscite la défiance, y compris les pays vertueux. C’est le financement de toute la zone euro qui pose problème, comme le confie un responsable d’un SVT (Spécialiste des valeurs du Trésor, une banque chargée de placer la dette française) : «Il n’y a plus d’intérêt pour les emprunts d’Etat européens de la part des investisseurs hors zone euro, se désole le même SVT. Avec de tels niveaux de volatilité, il est impossible de réaliser les 800 ou 850 milliards d’émissions à moyen long terme prévues l’an prochain en Europe.» (L’Agefi). Plus de financement, ce qui veut dire la faillite. Londres se prépare à un démantèlement de la zone euro, et même, selon le Telegraph, à des émeutes. Que faire ? Comme je l’ai déjà dit dans deux anciens textes, voici mes conseils pour les chefs d’Etat, et pour les particuliers.

Philippe Herlin

jeudi 24 novembre 2011

Scoop : la Bundesbank monétise !!!

Dans le flot de (mauvaises) nouvelles sur la crise de la dette, on peut laisser passer des choses, par exemple, concernant la grande information d’hier. L’Allemagne n’est pas parvenue à vendre toutes ses obligations, sur les 6 milliards d’euros proposés, seuls 3,89 milliards ont trouvé preneur. Expliquant cela, l’article de L’Agefi explique ensuite, et on lit à deux fois pour être sûr, «La demande n’a atteint que 3,89 milliards, forçant la Bundesbank, qui est coutumière du fait, à souscrire le reste, soit le montant plus élevé depuis mai 2008.» Ah bon, la Bundesbank monétise !!! Cette information est confirmée par d’autres articles. C’est énorme. On se pince pour y croire. La BCE n’a pas le droit, et elle s’y refuse absolument, d’acheter de la dette d’Etat sur le marché primaire (c'est-à-dire lors de l’émission, comme ici), elle peut le faire sur le marché secondaire (en la rachetant à des investisseurs), mais avec parcimonie (c’est tout le débat actuel où l’on demande à la BCE de soutenir les pays en difficulté). Donc la BCE ne peut pas, par contre, une banque centrale nationale comme la Buba peut le faire ! Les banques centrales des pays de la zone euro font pourtant partie du Système européen de banques centrales, dirigé par la BCE ; mais si chacune peut faire ce qu’elle veut dans son coin, où va-t-on ? Pourquoi la banque centrale grecque, italienne ou française n’achèterait pas, à son tour, de la dette de son Etat ? C’est du grand n’importe quoi. Explications bienvenues ;-)

Addendum du 5/1: selon cet article des Echos, la Bundesbank ne joue qu'un rôle logistique auprès de l'agence chargée de placer la dette allemande...

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 23 novembre 2011

La lente dégradation du système bancaire français

Les nuages s’amoncellent sur le secteur bancaire français : l’Etat pourrait remettre au pot pour sauver Dexia, la première version du plan étant, nous l’avions dit, particulièrement favorable à la France. On lira au passage les justifications totalement pathétiques de l’ancien de l’ancien président, Pierre Richard. Les Banques Populaires, après Natixis, recapitalisent le Crédit Foncier de 1,5 milliards d’euros. L’assureur Groupama met en œuvre un «plan de redressement drastique». L’ensemble des banques françaises accèdent toujours avec difficulté à la liquidité, ce qui est le signe d’une défiance généralisée, que ne masquent pas la manipulation de leurs résultats. D’habitude pondéré, Les Echos, par la plume de l’un de ses principaux éditorialistes, s’inquiète : «"Est-on au bord du gouffre ?" "Oui"... et à ce rythme-là, à Noël c’est plié" si on n’a pas trouvé de solution... Ainsi s’est exprimé cette semaine un grand banquier français devant un public restreint.» On nous a longtemps vendu le modèle bancaire français, il a l’air aussi vérolé que notre modèle social.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 18 novembre 2011

Les magouilles de la Société Générale, et des autres…

L’Autorité des marchés financiers (AMF), dont la mission consiste à contrôler la bonne marche du marché financier français, se met rarement en colère, on lira donc avec intérêt sa dernière décision condamnant deux anciennes filiales de la Société Générale à 2,5 millions d’euros d’amende (article du Monde), SGAM (Société Générale Asset Management) et SGAM AI (Alternative Investment). On lira aussi les décisions in extenso sur le site de l’AMF : SGAM et SGAM AI.

Nous sommes à l’été 2007 et la crise des subprimes (qui éclatera un an plus tard lors de la faillite de Lehman Brothers) commence à étrangler les banques, elles manquent de liquidité. On se rappelle que le 9 août 2007 BNP Paribas a annoncé le gel de trois fonds contenant des subprimes, provoquant la consternation sur les marchés. La SG évite d’en arriver là en prenant des libertés avec la gestion du risque et l’intérêt de ses clients, pas moins. Selon l’AMF, «Le manquement de SGAM à son obligation d'assurer un contrôle des risques effectifs, en préservant l'indépendance de cette fonction par rapport à la fonction de gestion, est pleinement caractérisé». Et concernant SGAM AI, il est «inadmissible qu'une société de cette importance ait donné priorité à la poursuite de ses propres objectifs par rapport au devoir qui était le sien d'assurer l'information, la sécurité et la préservation des intérêts de ses clients.» On y apprend que la banque a fait signer des CDS croisés entre ses filiales de façon à contourner le ratio réglementaire de solvabilité, le tout en faisant exploser les risques (cf "l’examen du grief" page 9), hallucinant !

Au moment où la crise de la liquidité bancaire se réinstalle et où les doutes sur les banques en France et en Europe montent en flèche, on se dit que les banques recourent peut être encore à de tels expédients, qui permettent de colmater temporairement une brèche, mais font exploser les risques. On peut se poser la question, d’autant que l’amende (2,5 millions d’euros) est d’un montant ridicule.

Par ailleurs, à lire :
- "Est-on au bord du gouffre ?" "Oui"... et à ce rythme-là, à Noël c’est plié" si on n’a pas trouvé de solution... Ainsi s’est exprimé cette semaine un grand banquier français devant un public restreint. (Dominique Seux, Les Echos)
- Les obligations souveraines françaises sont sur une très mauvaise pente (Eric Fry, La Chronique Agora)
- Il y a une bombe sous le tapis (Myret Zaki, Bilan)

Philippe Herlin
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mardi 15 novembre 2011

Le voile tombe

Cela aurait pu arriver il y a plusieurs mois, même plusieurs années si la crise de 2008 n’avait pas bouleversé le paysage économique mondial, mais finalement nous le voyons aujourd’hui sous nos yeux : le voile tombe. La France ne mérite pas son triple A, la culture du déficit est congénitale à toute la classe politique, rien de sérieux n’a été fait depuis 1974 pour contrôler la dépense publique. Y-a-t-il un salut dans l’Europe ? Non, le FESF ou la monétisation de la BCE ne sont que des pyramides de Ponzi (voir nos textes précédents), et la taille de la dette française dépasse leurs capacités d’action. Y-a-t-il un salut à attendre de la prochaine élection présidentielle ? Non, tous les candidats sont des étatistes sous des formes diverses et variables, aucun n’inscrit dans son programme une baisse de la dépense publique. L’Etat emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus élevés, la crise est là, devant nous. Les réformes structurelles demandent du temps, et nous l’avons gâché, il ne nous reste plus que l’urgence et les coupes budgétaires. La contagion sera aussi intérieure, nos banques ne vont pas si bien qu’elles veulent le faire croire. Tout faisait impression malgré tout, mais maintenant que le voile est tombé, on va se rendre compte que tout est fissuré.

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Philippe Herlin
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mercredi 9 novembre 2011

Comment les banques manipulent leurs résultats

Comment les banques manipulent leurs résultats, mon nouveau texte pour Atlantico. Un texte important : on y explique de façon didactique comment les banques s’y prennent pour gonfler artificiellement leurs recettes. Ce mécanisme est seulement connu des spécialistes, il est ici expliqué pour la première fois au grand public.
> addendum à 14h : c'est l'article le plus lu d'Atlantico !

Philippe Herlin
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mardi 8 novembre 2011

Le Triplathon

Le Triplathon est la course de lenteur que mène le gouvernement français pour perdre le plus tard possible le « triple A ». Depuis des années il essaie de biaiser, et déjà avant la crise de 2008 la menace planait. Avec la crise, les budgets de tous les pays développés ont plongé dans le rouge, ce qui a temporairement masqué la mauvaise performance française. Mais maintenant, en Europe, les budgets des pays vertueux (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, pays nordiques) reviennent à l’équilibre, et cet effet s’efface. La France est désormais le plus mauvais élève de la catégorie AAA, la perte de cette note n’est qu’une question de temps. Même l’Italie, dont on se moque, est en meilleure situation que nous puisqu’elle dégage un excédent primaire (hormis les charges d’intérêt de sa dette, son budget dégage un excédent, ce qui n’est même pas notre cas). Les deux mini plans d’austérité depuis la rentrée ne permettent que de gagner un peu de temps, mais comme ils sont dénués de toute vision politique et ne comportent pas de réformes structurelles, leur effet réel sera très limité. Le compte à rebours est enclenché, et au Triplathon il n’y a rien d’autre à gagner qu’une aggravation majeure de la crise.

Philippe Herlin
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vendredi 4 novembre 2011

Comment dit-on Quantitative easing en italien ?

Le psychodrame est terminé, finalement la Grèce ne fera pas de référendum ! Pour notre part, nous n’y avons vu à aucun moment un « sursaut démocratique », mais plutôt la manœuvre d’un politicien en bout de course tentant de se maintenir au pouvoir à tout prix. La Grèce a un problème de dette, mais elle a surtout une classe politique pitoyable. Elle n’est pas sortie d’affaire ! Et pour la zone euro, un autre clignotant passe au rouge avec l’Italie, les banques fuient ses emprunts, et l’Italie c’est une autre histoire !

Mais l’information importante et lourde de sens hier a été la décision du nouveau gouverneur de la BCE, l’italien Mario Draghi, de baisser le taux directeur (de 1,50 à 1,25) à la surprise générale. La bourse applaudit, les chefs d’Etats également, tout le monde il est content. Cela veut dire que Draghi va amplifier la politique de son prédécesseur pour suivre l’exemple de Bernanke, le gouverneur de la Fed, à savoir la monétisation à grande échelle (le « Quantitative easing »). Comme l’endettement, la monétisation ne fait que gagner du temps sans régler les problèmes (voir l'amusante vidéo ci-dessous). On pouvait se douter que l’ancien directeur de Goldman Sachs Europe serait plus « conciliant »…


La politique monétaire de la Fed expliquée... par matbeeno

Philippe Herlin
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mardi 1 novembre 2011

Référendum en Grèce, le coup de théâtre !

A la surprise générale, le premier ministre grec Georges Papandréou vient de décider de soumettre le plan d’aide européen à un référendum ! C’est un véritable séisme : le plan d’aide approuvé mercredi dernier est d’ors et déjà suspendu, et certainement caduc. La zone euro se retrouve encore plus fragilisée et la contagion va reprendre de plus belle. Déjà cet accord peinait à convaincre (trop flou, trop complexe), désormais il tombe à l’eau : évidemment les banques ne vont pas effacer 50% de leurs créances, comme elles s’y étaient engagées, alors que le plan risque d’être invalidé par le référendum ! Le FMI et l’UE ne vont pas prêter l’argent promis alors que le plan est en suspend ! Ce référendum est prévu pour le début 2012, rien ne pourra se faire d’ici là pour régler la crise, et la Grèce pourra-t-elle seulement tenir jusqu’à cette date ? Le résultat du référendum ne fait, lui, guère de doute, selon un récent sondage, seuls 12% des Grecs jugent ce plan positif. « Voulez-vous être pressurés comme des citrons pendant 10 ans ? », ce sera non, comme en Islande.

Cette volte face de Papandréou démontre en tout cas qu’il fait double jeu depuis le début, quémandant des fonds en agitant la menace du défaut, mais se défaussant au dernier moment lorsque les plans d’austérité font plonger son parti dans les sondages. Cela ne surprendra que les naïfs, c’était lisible depuis le premier plan d’aide à la Grèce de mai 2010, nous l’avions dit ici.

Avec ce coup de théâtre, le niveau de risque va progresser à tous les niveaux, tout le monde aux abris ! (que faire ? acheter de l’or bien sûr) Le système se fragilise d’ailleurs de partout, un grand courtier américain vient de faire faillite, BNP Paribas rapatrie 30 milliards d’euros de sa filiale belge Fortis (euh… un problème de cash ?), l’Allemagne fait une erreur comptable de 56 milliards d’euros dans sa dette publique (en sa faveur, cette fois), le DG du FESF envisage d’émettre des obligations libellées en yuan (et le risque de change ! il est fou !)… La crise monte encore d’un cran, et nous rapproche d’un krach de type Lehman Brothers.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

jeudi 27 octobre 2011

L’accord européen : gagner du temps

Voici les principaux éléments de l’accord négocié cette nuit à Bruxelles :
- la Grèce : on efface 100 milliards d’euros (les banques abandonnent 50% de leurs créances)… et on prête 100 milliards d’ici 2014 (aide de l’UE qui remplace celle décidée lors du plan du 21 juillet). C’est du bonneteau ! D’ici là on espère que la Grèce va se redresser, bien sûr.
- les banques se recapitalisent de 100 milliards d’euros, en faisant appel au marché. Déjà le montant est jugé insuffisant par beaucoup (le FMI parle de 200). Mais surtout, quand on regarde le détail par pays, on se demande comment les banques grecques vont lever 30 milliards d’euros sur les marchés ! Ou les banques espagnoles 26 milliards, ou portugaises 7,8 milliards ! Voici d’autres plans d’aide en perspective…
- un FESF à effet de levier : ce que nous redoutions se met en place. Un FESF au rabais, déjà atteint par la crise (« Ce Fonds disposait à sa création de 440 milliards d'euros mais après avoir été mis à contribution pour aider le Portugal et l'Irlande, et en raison d'un complexe montage financier pour lui octroyer une note AAA, il ne dispose plus aujourd'hui que d'une capacité effective estimée à 250 milliards d'euros. » Les Echos) va passer à 1000 milliards ! L'effet de levier sera obtenu via un double mécanisme : 1) il s'agira d'une part d'assurer partiellement les dettes souveraines émises par des pays en difficulté et, 2) d'autre part, de créer une nouvelle entité adossée au FESF et au FMI et auquel participeront des investisseurs internationaux, comme la Chine ou d'autres grands pays émergents (l’Europe quémande de l’argent à la Chine, quelle honte !) L’Allemagne et la France seront les principaux garants de ce FESF. Notre dette publique de 1600 milliards d’euros ce n’était pas assez, on se remet au-dessus de nos têtes une nouvelle épée de Damoclès.
- la BCE va continuer à monétiser (acheter de la dette souveraine sur le marché secondaire), son nouveau président, Mario Draghi, s’y est engagé. L’ancien directeur de Goldman Sachs fait preuve de la docilité que chacun attend de lui (bientôt on regrettera Jean-Claude Trichet !).

On le comprend, cet accord ne sert qu’à gagner du temps, et lorsqu’un autre pays européen connaîtra des difficultés (Portugal, Espagne, Italie), un autre plan sera nécessaire. Surtout l’édifice est fragile : le FESF bénéficie du triple A et peut donc emprunter bon marché parce qu’il est garanti par l’Allemagne et la France. Si Paris perd son AAA, le Fonds le perdra également et tout sera remis en cause. Pas grave, on fera un autre plan.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 26 octobre 2011

Goodwills, l’autre bombe financière

Goodwills, l’autre bombe financière, mon nouvel article sur Atlantico. Et l’article des Echos cité en lien, dans le 4e paragraphe. Quasiment la moitié des actifs des sociétés du CAC 40 est BIDON. J’avais déjà pointé ce problème dans mon livre Finance : le nouveau paradigme (page 186).

Philippe Herlin
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mardi 25 octobre 2011

Groupama, futur Dexia ?

Révolution de palais à Groupama, Jean Azéma a été révoqué par le Conseil d'administration, il est remplacé par Thierry Martel. La situation semble grave : « Pris dans la crise des dettes souveraines, plombé par ses fortes expositions à des titres malmenés en Bourse depuis cet été (Société Générale, Veolia Environnement), l'assureur alimente des interrogations sur sa marge de solvabilité », soulignent Les Echos (cité par Le Figaro). La note du groupe avait déjà été dégradée par S&P à BBB, pas très loin de la catégorie dite spéculative, une note parmi les plus mauvaises des grands groupes européens dans son secteur. On retrouve beaucoup de points communs avec Dexia (cf cet article de L’Expansion) : expansion agressive à l’étranger, prise de risque (sur le marché action et la dette souveraine), gouvernance bancale (actionnariat privé et mutualiste), problème de financement (Groupama comptait s’introduire en bourse…). L’ampleur des créances toxiques semble moindre mais le mal est identique à Dexia (ou au Crédit Lyonnais). Le groupe pourra-t-il s’en sortir tout seul ou devra-t-il faire appel à l’Etat ? Réponse dans les prochains jours.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 21 octobre 2011

AAA, l’urgence

Après Moody’s, c’est au tout de Standard & Poor’s de s’interroger sur le triple A de la France, l'agence de notation avertit d'une probable dégradation des notes des dettes souveraines de la France, de l'Espagne, de l'Italie, de l'Irlande et du Portugal en fonction de la conjoncture économique. «L'envolée des déficits publics et la recapitalisation des banques va peser lourdement sur l'endettement des pays de la zone euro» note S&P. Clairement, la dégradation est en ligne de mire, que l’on peut raisonnablement estimer dans 3 ou 6 mois.

Que fait le gouvernement pendant ce temps-là ? Il s’interroge pour savoir si les boissons énergétiques subiront la future taxe sur les boissons sucrées. Que fait la France au niveau européen ? Elle demande un FESF à 2000 milliards d’euros (une pure folie, voir cette note), au risque de bloquer tout solution à la crise.

Il serait peut être temps de s’attaquer aux vrais problèmes (baisse des dépenses publiques, compétitivité). Et aussi de frapper fort dans le dossier Dexia en confiant le dossier à la justice car, désormais on le sait, des malversations se sont produites : sous-estimation des risques (des cabinets d’audit sont impliqués), et deux formes de cavalerie financière : 1) des prêts fournis à ses propres actionnaires pour acheter ses titres, 2) la banque qui accepte en collatéral sur ses prêts ses propres actions, ce qui implique que tout effondrement du cours de l'action provoque de lourdes pertes. Les sanctions doivent tomber, ne serait-ce que pour diminuer le sentiment d’impunité des autres banques.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 18 octobre 2011

Moody’s s’interroge sur le triple A de la France

Moody’s envisage de revoir la perspective « stable » de la note française, « au cours des trois prochains mois, Moody's va surveiller et évaluer cette perspective stable, au regard des progrès effectués par le gouvernement pour mettre en œuvre » les mesures annoncées de réduction du déficit budgétaire, selon son communiqué. L’agence pointe deux motifs d’inquiétude, 1) « la nécessite d'apporter un soutien additionnel à d'autres pays européens », c'est-à-dire le FESF, dont nous avons dénoncé les dangers dans notre précédent billet, et 2) et un soutien additionnel à « son propre système bancaire ». Effectivement, l’Assemblée vient de voter 33 milliards de garantie pour Dexia, et d’autres banques risquent d’être concernées. Ce communiqué de Moody’s fait écho à celui de Standard & Poor’s la semaine dernière qui a dégradé le « Bicra » (Banking Industry Country Risk Assessment) de la France de groupe 1 à groupe 2, ce qui veut dire que le secteur bancaire français devient plus « risqué »… Soyons clairs : désormais le compte à rebours pour la perte du triple A de la France vient de commencer.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

jeudi 13 octobre 2011

FESF = Ponzi


L’idée est folle mais elle fait son chemin, le FESF serait porté à 2500 milliards d’euros par effet de levier, à partir d’une base en «cash» de 440 milliards. Déjà d’où viennent ces 440 milliards ? Ils sont levés par le Fonds d’aide européen grâce à une garantie des Etats. Des Etats eux-mêmes en déficit rappelons-le ! Ensuite ces 440 milliards seront «investis» dans des obligations d’Etats en difficulté (Grèce, Portugal, Irlande), ou dans des banques en difficulté, c'est-à-dire des actifs pourris, qui perdront de la valeur à vitesse grand V. Mais si l’Espagne et l’Italie voient les marchés se fermer à leurs emprunts (et ce problème commence à venir), les 440 milliards ne suffiront pas. D’où l’idée de permettre au FESF de s’endetter encore plus, jusqu’à 2500 milliards d’euros, c'est-à-dire 2500 milliards d’actifs pourris. Cela veut dire que les pays encore solvables (Allemagne, France, Europe centrale et du Nord) seront garant de cette somme ! Et au fait, qui va acheter les emprunts émis par le FESF ? Les banques européennes bien sûr. Le système tourne en rond, il ne s’agit rien de moins que d’une immense pyramide de Ponzi, où chacun prête ce qu’il n’a pas (merci à Zero Hedge pour la photo). Et quand le FESF rempli d’actifs toxiques enregistrera des pertes gigantesques, que fera-t-on ? On créera un autre fonds pour aider le FESF ? L’Europe est en train de construire un énorme subprime au-dessus de sa tête, qui mènera toutes les banques et tous les Etats à la faillite lorsqu’il s’écroulera.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

lundi 10 octobre 2011

Histoire belge

On les a bien eus les Belges ! Alors que la déconfiture de Dexia a été provoquée par le Français Pierre Richard, qui a dirigé le groupe de 1987 à 2008 (folie des grandeurs, effet de levier démesuré, expansion aux USA, etc.), et sans que les autorités de tutelle françaises ne s’inquiètent (c'est-à-dire ne fassent leur travail), la France limite sacrément les dégâts. En effet, la « Bad Bank » (plus de 100 milliards d’actifs toxiques) sera garantie par la Belgique à hauteur de 60,5%, et seulement 36,5% par la France, et 3% par le Luxembourg ! Trop fort. Voici une nouvelle histoire belge à rajouter dans toutes les anthologies du genre. Résultat, les agences de notation confirment le AAA français, alors qu’elles vont certainement dégrader la Belgique. Un grand bravo aux négociateurs français ; s’ils pouvaient faire preuve d’autant de maestria pour réduire le déficit budgétaire, ce serait parfait.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 5 octobre 2011

Dexia, un nouveau Crédit Lyonnais en pire !

Mon nouveau texte sur Atlantico : Dexia, un nouveau Crédit Lyonnais en pire !

Autrement j'ai évoqué le cas Dexia ce matin sur Radio Classique (7h45) et RMC et hier sur France Culture au journal de 8h.
Je suis interviewé dans la nouvelle émission hebdomadaire de François Pécheux sur France 4, Une semaine d'enfer, ce soir à 22h30. (en podcast à partir de 55'20'')

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 30 septembre 2011

Le FESF, la boîte de Pandore

Le parlement allemand vient d’approuver l’élargissement des missions du FESF (Fonds européen de stabilité financière), dans le cadre du plan d’aide à la Grèce signé le 21 juillet. Donc tout va bien ? Doté de 440 milliards d’euros, il devra en dépenser 109 en faveur de la Grèce dans le cadre de cet accord du 21 juillet, il lui en restera donc 331 exactement pour ses autres missions qui sont :
1) Acheter de la dette publique sur le marché secondaire, de façon à soutenir les pays concernés (éviter une trop forte hausse des taux d’intérêts par manque d’acheteur). Le FESF se substituera ainsi en partie à la BCE, de plus en plus réticente à remplir son bilan d’actifs risqués.
2) Recapitaliser directement les banques des pays en difficulté.

Racheter de la dette insolvable (Grèce, Irlande, Portugal) et risquée (Espagne, Italie), ou renflouer des banques en faillite, grâce à la garantie d’Etats notés AAA mais néanmoins très endettés (Allemagne, France essentiellement), voici un beau programme ! C’est de la cavalerie. Ou de la pyramide de Ponzi. Rien de plus. On ajoute de la dette à de la dette, pour gagner du temps (tenir jusqu’aux prochaines élections).

Et il y a pire. Parce que ces 331 milliards d’euros vont vite se révéler insuffisants, des « experts » selon l’article des Echos, que nous préférerons appeler des fous dangereux, « réfléchissent à un effet de levier, qui permettrait de prêter beaucoup plus que le FESF ne peut le faire actuellement. L'idée consisterait à emprunter, comme une banque peut le faire auprès de la BCE en apportant en garantie les emprunts qu'il aura achetés sur les marchés. Il pourrait ainsi, selon les économistes, avoir une force de frappe atteignant de 10 à 100 fois ses capacités actuelles. » Un énorme subprime de plusieurs milliers de milliards d’euros remplis d’actifs pourris à l’échelle de l’Europe ! Quelle bonne idée ! C’est la voie assurée vers la faillite générale des Etats et du système bancaire européen, la ruine pour toute l’économie. Ce pas n’est heureusement pas encore franchi, évitons d’ouvrir la boîte de Pandore !

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

lundi 26 septembre 2011

Dexia, un nouveau Crédit Lyonnais ?

C’est la crise dans la crise. Au sein d’un secteur bancaire qui va déjà très mal du fait de la crise des dettes souveraines, la banque franco-belge Dexia serait proche d’être démantelée (selon le JDD), « une nouvelle catastrophe », « c’est la hantise des pouvoirs publics », « le château de cartes est fragile », tels sont les termes de l’article. En effet, Dexia est plombée par 124 milliards d’euros d’actifs toxiques qui datent de la crise de 2008 ! Résultat, la banque veut céder rapidement 20 milliards d’actifs pour retrouver un peu d’oxygène, mais cela ne suffira sans doute pas et Les Echos évoquent « l’extériorisation » de 80 milliards d’euros… Cela ne vous rappelle rien ? Mais si ! C’est le CDR, qui a repris les actifs pourris du Crédit Lyonnais en 1993 ! Dans le même temps, on évoque la création d’une nouvelle banque des collectivités locales… On voit le manège : le contribuable prend à sa charge les pertes, et la banque repart sur de nouvelles bases ! Cette banque qui, selon Libération, a vendu quantité de prêts toxiques aux collectivités locales, alors que c’est « leur » banque de confiance. Au fait, entend-on parler d’ouvertures d’enquêtes judiciaires envers les dirigeants qui gèrent si mal cette banque ? Non, pour l’instant. Le « trou » du Crédit Lyonnais en 1993 s’élevait à 130 milliards… de francs. Avec Dexia c’est le même chiffre, mais en euro.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 21 septembre 2011

CDS : pire que la dette, le produit financier qui pourrait provoquer la faillite des banques françaises...

Mon nouveau texte pour Atlantico : CDS : pire que la dette, le produit financier qui pourrait provoquer la faillite des banques françaises...

Addendum : quatre jours de suite (22, 23, 24, 25 septembre), l'article le plus lu d'Atlantico !

Addendum 2 : @l'anonyme qui nous dit "Il me semble que le montant des CDS émis pour la grèce représente un montant de 5Mds."... D'où tire-t-il cette information ? Les CDS sont un marché de gré à gré, donc opaque, et ces produits sont inscrits au hors-bilan, donc en n'en sait RIEN, même si des organismes (comme l'ISDA) publient des statistiques. Je remarque qu'ici et sur Atlantico on voit beaucoup de commentateurs qui nous expliquent qu'il ne faut pas s'inquiéter pour les CDS. Je vois que les banquiers travaillent même le week-end, bravo. Au passage, mon article est depuis jeudi l'article le plus lu sur Atlantico ! Merci à vous tous !

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

lundi 19 septembre 2011

Les effets dominos en Europe

Voici de très intéressants graphiques publiés par Zero Hedge, qui proviennent de Reuters, et qui montrent l’exposition des systèmes bancaires nationaux aux différents pays de la zone euro (dettes publiques + dettes privées). On peut identifier aisément les principaux effets dominos en Europe. Paradoxalement, la Grèce n’est pas le cas le plus dangereux : son principal créancier est le système financier français, à hauteur de 56,9 milliards d’euros, ce qui reste malgré tout absorbable. Mais on note ailleurs plusieurs connexions à environ 100 milliards d’euros qui, si elles venaient à rompre, entraîneraient des conséquences gravissimes (faillite du système bancaire, renflouement géant de l’Etat, ou nationalisations) :
1) L’Irlande, qui est engagée envers le Royaume-Uni et l’Allemagne à hauteur de plus de 100 milliards d’euros à chaque fois. Autrement dit la chute de l’Irlande provoque une crise systémique instantanée dans ces deux pays.
2) Le Portugal, très engagé envers l’Espagne (88,5 milliards), déjà très malade de ses banques qui ont largement investi dans la bulle immobilière et sont loin d’avoir enregistré toutes leurs pertes. Donc si le Portugal saute, l’Espagne saute dans la foulée. Et après l’Espagne il y a l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni, chacun engagés à plus de 100 milliards d’euros.
3) L’Italie, engagée envers la France à hauteur de 410 milliards d’euros ! L’Italie, dont le risque de défaut existe selon l'administrateur délégué d'Intesa Sanpaolo, première banque de détail italienne. Dans ce cas le système financier français serait balayé dans l’heure.
4) Citons aussi la Belgique (engagée envers la France à hauteur de 224 milliards) mais qui, sans gouvernement depuis plus d’un an, s’en sort très bien pour l'instant !
A coté de cela, la Grèce semble bien peu de chose… Les dirigeants européens feraient mieux de traiter rapidement le problème grec (en restructurant sa dette) pour se consacrer à la zone euro dans son ensemble et aux autres foyers d’inquiétude.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 13 septembre 2011

L’ampleur du risque grec

Il ne faudrait pas trop s’inquiéter pour les banques françaises, nous dit-on au gouvernement et dans les médias. Le plus comique c’est quand on nous explique que nos comptes sont garantis à hauteur de 70.000 euros par le Fonds de garantie des dépôts. Mais celui-ci ne dispose que de 1,8 milliards d’euros, ce qui correspond – faites la division – à 25.000 personnes… un chiffre ridicule. Et en plus, on se rappelle du reportage (voir ci-après) diffusé dans Capital dimanche où le responsable de cet organisme (pour sa branche assurance), en arrivant à son bureau, avoue ignorer le code d’accès à l’immeuble et ne connait pas le nombre de détenteurs de contrats d’assurance-vie en France, quelle blague ! Les motifs d’inquiétude face à la crise grecque sont réels, car les banques françaises ne se sont pas contentées d’acquérir des emprunts d’Etat, elles y ont investi localement, notamment le Crédit Agricole qui a eu la très bonne idée d’acheter une banque (Emporiki) en 2006 ! Au total, l’exposition des banques au « risque économique » (dette publique + dette privée) s’élève à 27 milliards d’euros pour le Crédit Agricole, 8,5 milliards pour BNP-Paribas et 6,6 milliards pour la Société Générale, soit 42,1 milliards au total, comme le précise cet article de La Tribune (qui nous explique aussi que les expositions à la dette publique italienne sont respectivement de 10,7 milliards pour CA, 28 pour BNP, 8,8 pour SG). Un défaut de la Grèce aurait donc des conséquences très graves pour les banques françaises, et il vaudrait mieux organiser la restructuration de la Grèce plutôt que de persister dans le déni. Nous défendons ici depuis le début, et notamment le premier plan d’aide à la Grèce de mai 2010, qu’il aurait mieux valu restructurer la dette grecque et garder nos ressources financières pour aider nos banques ; il n’est pas trop tard mais le temps presse.

Le reportage de Capital « Banque : votre argent est-il en sécurité ? », à partir de 29'20, dans lequel j’interviens à 40'50 et à 51'44, et le responsable du Fonds de garantie à partir de 52’30 (un grand moment !).

Philippe Herlin
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samedi 10 septembre 2011

Crise à la BCE

La crise de la zone euro atteint désormais son centre opérationnel : la Banque centrale européenne (BCE). La nouvelle ne fait pas les grands titres mais elle est d’importance : l’économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, a démissionné vendredi. Pour une raison simple : il est opposé au rachat par la BCE d’obligations d’Etat de pays en difficulté. En effet, depuis mai 2010 (date du premier plan d’aide à la Grèce), la BCE rachète sur le marché des emprunts d’Etats grec, irlandais, portugais, qui sans cela verraient leur valeur chuter encore plus. Depuis peu elle a étendu ces achats aux dettes espagnole et italienne. Et cela revient concrètement à faire tourner la planche à billets, à accroître la masse monétaire (sans que cela corresponde à une augmentation réelle de la richesse économique), et donc à renforcer le risque d’inflation, ce à quoi les Allemands sont farouchement opposés. Après le départ d’Axel Weber, on a l’impression que l’Allemagne s’éloigne de la BCE… pour faire quoi ? Pour imposer un plan de restructuration de la dette grecque et en finir avec les plans d’aide (info Zero Hedge) ? Pour quitter la zone euro et revenir à un Mark étendu à l’Europe du Nord ? Désormais l’intensité de la crise doit nous préparer à tous les scénarios. Pendant ce temps-là, la réunion des ministres des finances du G7 s’achevait sur un échec. Le champ des solutions se restreint de jour en jour (pour rappel, mon plan pour sortir de la crise).

> L’actualité s’accélère, j’ai donc créé, en complément de ce blog, un fil d’informations actualisé plusieurs fois par jour et repris sur cette page Facebook et ce fil Twitter.

Philippe Herlin
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vendredi 9 septembre 2011

Une bulle du crédit en Chine ?

« La bulle chinoise va éclater » titre cet article de Slate du mois du mois de janvier. Il est difficile de se faire une idée claire du problème étant donné que le pays est très fermé, mais tout le monde se doute que les chiffres officiels sont manipulés. Cependant on ne peut pas tout contrôler, notamment à l’étranger : des dizaines de sociétés chinoises cotées à Wall Street et Toronto sont soupçonnées d'avoir publié des résultats frauduleux, et lorsque le pot aux roses est découvert, l’action perd les trois quarts de sa valeur. De tels comportements existent évidemment en Chine, certainement à une plus grande échelle étant donné la corruption et l’opacité qui y règnent. Les agences de notation s’inquiètent et Fitch menace de dégrader la Chine. La chute de la croissance aux Etats-Unis et en Europe (les principaux clients de la Chine) peut constituer l’élément déclencheur qui fera exploser cette bulle… Réponse dans les mois qui viennent.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 6 septembre 2011

Economie réelle versus marchés financiers

On entend beaucoup de déclarations contradictoires en ce moment sur l’état de l’économie, des observateurs annoncent une récession, ou une stagnation, et certains indicateurs le montrent, tandis que des chefs d’entreprises disent que leurs carnets de commandes sont pleins, et des économistes expliquent, chiffres à l’appui, que la consommation tient bon. La chute des bourses depuis cet été faire dire à beaucoup que « l’économie réelle » va bien mais que l’on risque une crise comme en 2008 à cause des « marchés financiers ». Qui a raison ?

En fait ces opinions sont contradictoires en surface seulement. Car qu’est-ce qui soutient la consommation en France, sinon le déficit public ? Et donc la dette, qui inquiète tant les marchés. Prenons les chiffres de base, en les arrondissant : le PIB annuel (la création totale de richesse) s’élève à 2000 milliards d’euros. Le déficit public sera cette année de 7% du PIB soit 140 milliards, ce qui correspond à 100 milliards de déficit pour l’Etat, 25 pour la sécu, 15 pour les collectivités locales et divers. Ces 140 milliards d’euros s’ajoutent à la dette publique et rajoutent à l’inquiétude sur la capacité de la France à se financer sur les marchés, même si actuellement elle est épargnée par la tempête. Mais ces 140 milliards (c’est le bon côté de la chose, si l’on peut dire) sont injectés dans l’économie, essentiellement sous forme de salaires des fonctionnaires et de prestations sociales (très peu en investissement, ne rêvez pas). Résultat, la consommation est soutenue !

Mais on comprend que ce soutien de la consommation est artificiel. Une part non négligeable des carnets de commandes des entreprises est financée in fine par de la dette publique. L’économie réelle n’est pas séparée des marchés financiers, elle est même dopée par eux ! Il y a aussi une bulle dans l’économie réelle et elle se dégonflera, ou s’effondrera, après celle des marchés financiers.

Autrement, on lira ces articles (Les Echos, Le Parisien, Le Figaro) sur les collectivités locales dont certaines sont coincées avec des emprunts toxiques.

Et aussi cet article du Figaro qui pose la question du rapport entre l’homme et l’informatique, ici pour un Airbus, mais la problématique est identique sur les marchés financiers.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 2 septembre 2011

Le rapport confidentiel de Goldman Sachs

On connaît l’attitude qu’a eu la banque Goldman Sachs lors de la crise de subprimes : ayant compris, fin 2006, que ces produits était pourris, elle s’en est discrètement débarrassée tout en continuant à les conseiller à ses clients. Mieux, elle en a fabriqué un énorme (Abacus) qu’elle a refourgué à ses clients tout en permettant à l’un de ses meilleurs clients (le gestionnaire de Hedge fund Paulson) de parier sur son écroulement de façon à empocher le jackpot ! Ce comportement a quand même généré des suites judiciaires, mais croyez-vous que Goldman Sachs a arrêté ce double jeu ?



Pas du tout, le Wall Street Journal se faisait l’écho ces jours derniers d’un rapport de la firme prévoyant un effondrement économique global (Europe, Etats-Unis, Chine) à cause des montagnes de dettes accumulées à travers le monde et expliquant, avec un froid cynisme, comment en tirer parti en prenant position de telle ou telle façon sur les marchés. Cette information étant bien sûr réservée à ses grands clients uniquement. Mais ce n’était peut être qu’une rumeur malveillante… Eh bien pas du tout, puisque le site Zero Hedge publie l’intégralité du rapport confidentiel. Une lecture édifiante.



J’avais lu, je ne sais plus où, qu’en cas de guerre nucléaire généralisée, quasiment toute forme de vie sur terre disparaîtrait, et que les seuls animaux à survivre seraient les cafards. Eh bien non, il y aurait aussi des mecs en costard-cravate en train d’essayer de leur vendre des crédits. Ils travailleront chez Goldman Sachs.



Philippe Herlin

© La dette de la France .fr

Système bancaire européen : demain le crash ?

Mon nouveau texte pour Atlantico : Système bancaire européen : demain le crash ?



Autrement, un peu de lecture : risque de krach selon le Telegraph, la bombe grecque n'est toujours pas désamorcée, la demande pour la dette espagnole et italienne s'essouffle, et un rappel historique sur l'Argentine.



Philippe Herlin

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mardi 30 août 2011

Faut-il s’inquiéter pour les banques ?

Christine Lagarde, la nouvelle directrice du FMI, déclare vendredi que les banques européennes ont un « besoin urgent de recapitalisation ». « Mais non pas du tout » répondent en cœur plusieurs responsables de la Commission européenne. Qui a raison ? Notre ancienne ministre de l’économie, qui semble avoir trouvé une plus grande liberté de parole à la tête du FMI. Ses craintes sont en effet confirmées par l’Autorité bancaire européenne (EBA), l'Autorité française des marchés financiers (AMF) et le Conseil des standards comptables internationaux (IASB), rien de moins. Ce sont notamment BNP Paribas et CNP Assurances qui sont critiquées pour avoir passé des provisions insuffisantes sur les emprunts grecs qu’ils détiennent, notamment en usant de subterfuges : « BNP Paribas, qui a passé une charge de 534 millions d'euros sur la Grèce (soit 21 % de décote) dans ses comptes du deuxième trimestre, a expliqué avoir valorisé ses titres de dette grecque en appliquant un modèle interne de valorisation plutôt qu'en utilisant leurs prix sur le marché, jugés "non représentatifs" par la banque. Les établissements financiers ayant quant à eux utilisé les prix du marché, comme Royal Bank of Scotland, ont opté pour des décotes beaucoup plus lourdes, de l'ordre de 50%. » (Les Echos). Bah voyons, des « modèles internes » plutôt que le marché, c’est plus pratique, même si ça revient à jouer avec le feu. Déjà, sur 2009-2010, l’amélioration des résultats des banques provenait essentiellement d’une baisse des provisions pour risques (voir ce billet), elles continuent, et le risque souverain devient de plus en plus réel. Alors faut-il s’inquiéter pour les banques ? Oui bien sûr.



Autrement, voici les différents outils pour suivre ce blog (repris dans la colonne de droite) :

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Philippe Herlin

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vendredi 26 août 2011

Racket fiscal

Le plan présenté hier par le Premier ministre pour réduire le déficit n’est bien sûr pas à la hauteur des enjeux (seulement 11 milliards), et surtout il ne comprend que des hausses d’impôts et de taxes, mais aucune vraie réduction des dépenses publiques. Il y a même des mesures ridicules (hausse des taxes sur les sodas sucrés ou les parcs à thème), bref, je ne comptais même pas en parler. Cependant une disposition particulièrement scandaleuse mérite d’être signalée. Il ne s’agit pas de la mesure elle-même (la suppression de l’abattement de 10% par an à partir de la cinquième année de détention pour les plus-values réalisées sur sa maison secondaire). Non, il s’agit de sa date d’entrée en vigueur : le 25 août 2011, soit le jour même de son annonce ! Les gens sont coincés, ils avaient fait des prévisions, les sommes en jeu sont conséquentes, et les règles changent du jour au lendemain (en fait c’est « après le 24 août » donc ceux qui ont signé le 25 l’ont fait sans savoir que la loi avait changé puisque Fillon est intervenu à 18h). Cela me semble extrêmement grave, comment une démocratie – je pèse mes mots – peut-elle se permettre une telle arnaque ? A quoi sert l’Assemblée nationale ? A quoi sert le Conseil des ministres, qui avait lieu la veille mais n’a pas évoqué cette mesure ? Qui fait la loi en France ? Cette loi ou ce décret a-t-il été seulement été publié ? Fait en cachette ? Ou alors la loi sera-t-elle rétroactive, mais c’est contraire à la Constitution. Le Conseil constitutionnel trouve-t-il normal que l’on puisse annoncer et mettre en œuvre une loi le jour même, comme s’il s’agissait d’une situation d’exception ? Ceci n’est rien d’autre que du racket fiscal.

Addendum du 6/9/2011 : le gouvernement repousse la date de mise en oeuvre au 1er février 2012... au risque de provoquer un krach immobilier ! Quelle politique de gribouille.

Autrement j’ai créé cette page Facebook pour vous permettre de suivre les publications de ce blog.

Philippe Herlin
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mardi 23 août 2011

Banques : défiance, manipulation, détournement…

La bourse remonte, la crise est finie ? Non bien sûr, la défiance des banques entre elles demeure et le marché interbancaire se grippe, même si l’on reste encore loin des niveaux atteints lors de la crise de 2008. Pour limiter la glissade de son cours, la Société Générale fait appel à la banque Rothschild pour soutenir son action. Cette pratique est acceptée par la « Charte d'éthique » des instances de régulation précise l’article, nous voilà rassurés. La SocGen va donc dilapider 170 millions d’euros pour « contrôler » son cours, hum, si elle les mettait dans ses fonds propres, ce serait peut être plus utile…



Autrement en Grèce, quand ce n’est plus l’Etat qui manque d’argent, ce sont les banques : les quatre grandes banques grecques volent au secours d’une petite menacée de faillite (la Proton Bank, lire aussi cet article), par ailleurs soupçonnée – tenez-vous bien – de détournement de fonds ! On pensait que le gouvernement grec serrait les boulons, on a du se tromper. Ces quatre grandes banques étant elles-mêmes bientôt à cours de liquidité ! Quelle mascarade. Un scénario de faillite bancaire en Grèce que nous avions évoqué dans ce billet, et qui pourrait avoir de graves répercussions sur le système bancaire européen.



Autrement, suite à de nombreuses demandes, je vous propose un service personnalisé de conseil en placement.



Philippe Herlin

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vendredi 19 août 2011

Crise bancaire à l’horizon ?

Le CAC a perdu 20% en quinze jours, il s’agit bien d’un krach mais d’un nouveau type puisqu’étalé dans le temps au lieu d’être concentré sur une ou deux séances. Mais au fond ça change quoi ? Rien. Ce krach est du aux craintes de récession aux Etats-Unis et à des problèmes de liquidité des banques européennes. Ce second point est inquiétant parce qu’on ne dispose que de bribes d’information pour l’instant alors que, manifestement, certains opérateurs sur les marchés «savent des choses», il suffit de voir les cours des banques plonger. Selon le Wall Street Journal, la Fed s’inquiète de la liquidité des filiales américaines de banques européennes. Au même moment, pour confirmer cette information, on apprenait que la BCE a prêté à 7 jours 500 millions de dollars à une banque européenne, sans préciser laquelle. Soyons clairs : ce ne peut être qu’une grande banque (vu le montant) ayant une filiale aux USA (le prêt est en dollars) qui connaît donc de graves problèmes de refinancement (personne ne veut lui prêter cet argent, la banque se tourne alors vers la BCE) ; et une banque qui connaît de graves problèmes de refinancement est une banque au bord de la faillite. Et manifestement elle n’est pas la seule puisque le marché interbancaire se grippe, les banques rechignent de plus en plus à se prêter entre elles et préfèrent déposer leurs liquidités à la BCE (90,5 milliards d’euros à 24h hier), où pourtant elles rapportent moins. Autre signe inquiétant, les fonds monétaires américains se retirent des banques européennes, tandis qu’un gérant affirme que «La France a été identifiée comme étant le gros risque à venir en cas d’effet domino». Alors de quelle banque s’agit-il ? De la Société Générale, très attaquée sur les marchés ? Peut être, mais en fait tout le secteur bancaire en Europe recule, de grandes banques italiennes, allemandes, anglaises dévissent également en bourse. Mais on ne peut désormais plus exclure le scénario d’un « Lehman Brothers » bis, mais qui toucherait cette fois non pas une banque d’affaires mais une grande banque de dépôt.



Philippe Herlin

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jeudi 18 août 2011

Les Français plus mâtures que les politiques

Retour sur deux sondages parus pendant les vacances, et dont on ne mesure pas assez l’importance. Dans Le Parisien du 11 août, lorsqu’il faut réduire le déficit et la dette, les sondés privilégient à 85% la réduction des dépenses publique et à seulement 12% une augmentation des impôts. Dans Sud Ouest du 12 août, la question est posée de façon différente puisque l’on teste plusieurs mesures de diminution des dépenses de l’Etat (TVA des restaurateurs, défiscalisation des heures supplémentaires, etc.), puis une augmentation des impôts à laquelle 24% des sondés se rattachent. Ces résultats confirment l’enquête de la Fondation Jean Jaurès dont nous avions parlé en février où seulement 8% des sondés étaient favorables à une hausse des impôts pour diminuer les déficits. Dans leur immense majorité, les Français ont compris : pour sortir des déficits et de la dette, il faut diminuer les dépenses publiques plutôt qu’augmenter les taxes et les impôts, leur niveau déjà très élevé ne pouvant que décourager la création de richesses. Le problème c’est que, jusqu’à preuve du contraire, aucun candidat à la Présidence de la République ne portera ce projet. Ce sont tous – sous des formes et à des degrés divers – des étatistes, des idolâtres de « l’Etat », des défenseurs de la dépense publique, intellectuellement incapables de restreindre le rôle de l’Etat, pour quoi ? Pour faire confiance à la société et aux individus. On attend en France le candidat qui reprendra le slogan de Ronald Reagan en 1980 : « l’Etat n’est pas la solution, c’est le problème. »



Autrement en vrac, des tensions inquiétantes sur le marché interbancaire, cet intéressant article sur le Portugal, et le niveau des CDS sur la France (rajouté dans la rubrique des liens).



Philippe Herlin

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mercredi 17 août 2011

Deux avancées pour le sommet Merkel-Sarkozy

Deux bonnes nouvelles sont sorties de la réunion Merkel-Sarkozy d’hier : les Eurobonds ne sont toujours pas à l’ordre du jour (Berlin l’a emporté, tant mieux, tant ils seraient la porte ouverte à encore plus d’endettement), et les pays de la zone euro devront inscrire la « règle d’or » (interdiction du déficit budgétaire) dans leurs constitutions. Pour une fois, on prend le problème à la base : le déséquilibre des comptes publics. Bien sûr cette règle reste encore floue (aura-t-elle plus de poids que les critères de Maastricht qui ont été enfreint par presque tous les pays ?), mais incontestablement elle va dans la bonne direction. En faisant un peu de mauvais esprit, on pourrait la lire comme le souhait de voir la Grèce (et d’autres pays) quitter la monnaie unique tant son retour à l’équilibre budgétaire dans la cadre de l’euro paraît utopique… Cependant, la mise en place de cette règle et son effectivité sur les budgets prendront des années, elle ne suffira pas à répondre aux problèmes d’aujourd’hui. Deux autres mesures ont également été annoncées, une plus grande coordination budgétaire (cela reste vague, on attendra les précisions) et une taxe sur les transactions financières (la taxe Tobin), une idée inappropriée, nous y reviendrons. Même si la crise actuelle n’a rien perdu de sa menace, une fois n’est pas coutume, un sommet européen n’aura pas été inutile !



Autrement, mon interview pour toutsurmesfinances.com.



Philippe Herlin

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jeudi 11 août 2011

La France entre dans la spirale de la défiance

La bourse a encore lourdement chuté hier, spécialement les valeurs bancaires, au premier rang desquelles la Société Générale (jusqu’à - 21 % en séance, avant de terminer à – 14,74). Plusieurs rumeurs l’ont en effet affecté, notamment une expliquant qu’elle était « au bord du désastre »… Ces rumeurs ont été démenties et rien, pour l’instant, ne permet de les confirmer. Mais le plus grave, ce n’est pas que ces rumeurs existent (elles sont monnaie courante sur les marchés), c’est qu’elles soient prises autant au sérieux et conduisent à massacrer la banque en bourse. Si l’on rajoute à cela la très forte hausse des CDS (produit d’assurance contre le défaut) sur la dette française, les choses sont désormais claires : la France entre dans la spirale de la défiance. Les agences confirment le AAA de la France… sur la foi d’un programme de réduction du déficit budgétaire (3 % en 2013) largement illusoire comme nous l’avons déjà dit. Hier toujours, le Président Sarkozy à convoqué une réunion d’urgence à l’Elysée pour annoncer… que les ministres de l’économie et du budget feront des annonces le 24 août (tout ça pour ça, il faudrait veiller à ne pas gaspiller nos cartouches). Résumons : craintes sur les banques, valse des rumeurs, hausse des CDS, réunions politiques d’urgence, voici le scénario que nous avons déjà connu pour la Grèce, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie.



Une dégradation de la France dans les mois qui viennent n’est donc plus à exclure. Notons qu’elle aurait un effet sur toute l’architecture des plans d’aide en Europe, puisque le FESF – le fonds de soutien sollicité pour les pays en difficulté – perdrait alors son AAA (il n’y aurait plus que l’Allemagne comme grand pays à l’avoir dans la zone euro) et tout le mécanisme de financement, et les plans mis en place, serait remis en cause.



Philippe Herlin

© La dette de la France .fr

samedi 6 août 2011

Les Etats-Unis perdent leur AAA

Voilà c’est fait, les Etats-Unis perdent leur AAA. Ils descendent d’un cran à AA+. Standard & Poor’s vient de l’annoncer (voir la note complète), gageons que Moody’s et Fitch, les deux autres agences, devraient suivre d’ici quelques semaines. Si la rumeur circulait hier, c’est très largement une surprise et il faut s’attendre à une sévère correction lundi sur les marchés. Au-delà, il s’agit d’une nouvelle historique et géopolitique de la première importance. Le prestige du dollar est incontestablement atteint, la « monnaie de référence » ne l’est plus tout à fait. « Le dollar c’est notre monnaie et votre problème » disait le secrétaire au Trésor en poste en 1971, au moment où la convertibilité du dollar en or fut suspendue par Nixon. Désormais cette formule se retourne contre les Américains. Eux qui pensaient indéfiniment financer leurs déficits budgétaires par la planche à billet sont rappelés à la réalité par l’agence de notation.

Les conséquences sont difficilement calculables. En interne, les taux des prêts immobiliers et de consommation vont augmenter, les notes des collectivités locales (Etats, comtés, villes, dont beaucoup sont en difficultés) vont être dégradées et, pour l’Etat fédéral, le paiement des intérêts de la dette va augmenter de 100 milliards de dollars (selon JP Morgan), le coût de la dette étant de 414 milliards en 2010. Et ce n’est qu’un aspect du problème. Il faut bien comprendre que les 14.500 milliards de dollars de dette des USA représentent 14.500 milliards de créances pour ceux qui les détiennent (banques, assurances, fonds de pension, fonds souverains, banques centrales, entreprises, vendeurs de matières premières) et ceux-ci vont devoir tenir compte du fait que cet actif a perdu en valeur, ce qui les amènera à « repositionner » leur portefeuille ; vu les masses en jeu ça va tanguer.

Et la France ? La raison avancée par l’agence de notation est que le programme voté au Congrès suite au bras de fer avec Obama est « insuffisant pour stabiliser la dette des Etats-Unis à moyen terme ». Il en va exactement de même en France, le retour à un déficit du 3 % du PIB en 2013 étant totalement illusoire (voir mon texte sur Atlantico qui reprend mon billet précédent). Ne nous croyons surtout pas à l’abri.

Cet événement sera peut être un « Lehman Brother » bis, ou pas, difficile à prévoir, mais il se rajoute à des signes négatifs sur la croissance américaine et à une fragilité persistante du système bancaire (aux Etats-Unis et en Europe). La récession n’est plus très loin.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 3 août 2011

La France bientôt dans le viseur

On parle de contagion de la crise de la dette européenne à l’Espagne et à l’Italie, et effectivement on peut déjà le constater par la hausse des taux de leurs emprunts. Mais très vite viendra le tour de la France, et ce pour une raison simple : ses promesses de retour à l’équilibre des comptes publics sont illusoires. Son déficit budgétaire peine à diminuer et la prévision d’un déficit à 3% du PIB en 2013 s’avère bien trop optimiste car construite sur une hypothèse de croissance de 2 % cette année et 2,25 en 2012 ! C’est plutôt un ralentissement qu’il faut prévoir, comme partout ailleurs en Europe et aux Etats-Unis. La « règle d’or » de limitation des déficits, malgré sa complexité et son carambolage avec le calendrier électoral, va dans le bon sens, mais sa mise en œuvre est au mieux une affaire de quelques années ; c’est trop long. Un projet de loi de finances rectificative va passer devant le parlement le 6 septembre, on voudrait suggérer au gouvernement de rajouter 20 ou 30 milliards de réduction des dépenses publiques, ainsi que la suppression de projets hors de prix et économiquement stupides (éoliennes en mer, métro du Grand Paris, 20 milliards d’euros à chaque fois). Les marchés n’ont pas encore pris en compte l’incapacité de la France à vraiment réduire son déficit budgétaire, il vaudrait mieux les prendre de vitesse plutôt que d’attendre la tempête.

Je passerai dans l’émission « Le journal des lycéens » de Hugues Sérapion samedi 6 août de 12h à 13h30 (rediffusion le même jour de 16h à 17h30) sur Radio courtoisie (95.6)

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

samedi 30 juillet 2011

Compte à rebours

Toujours pas d’accord sur le relèvement de la dette publique des Etats-Unis… Le 2 août les intérêts et les remboursements ne seront plus versés sur la dette américaine. On sous-estime l’impact de cette crise à mon avis, si le problème n’est pas réglé mardi prochain. On parle de risque de perte du AAA, de baisse des bourses (voir ce scénario noir). Il faut bien comprendre que les 14.000 milliards de dollars de dette des USA représentent, par définition, 14.000 milliards de créances pour ceux qui les détiennent (banques, assurances, fonds de pension, banques centrales, fonds de placement) et servent de collatéral à quantité de produits. Si les USA font défaut sur leur dette, c'est-à-dire ne versent plus d’intérêts et ne remboursent plus les emprunts lorsqu’ils arrivent à échéance, l’obligation que vous détenez ne vaut plus rien, puisqu’elle ne génère plus de revenus. Zéro. Ca veut dire que 14.000 milliards de créances disparaissent d’un coup ! Autant dire que le système financier mondial s’écroule. Lehman Brothers avait un bilan de 600 milliards de dollars avant sa chute. Soyons clairs, dans les jours qui suivent (ou une à deux semaines), nous n’aurions plus accès à nos comptes bancaires, tout serait bloqué. Mais je continue de penser que ça n’arrivera pas, justement vu l’ampleur de la crise ; une solution pourrait même intervenir quelques jours après le 2 août, ça irait encore...

Autrement, en vrac : croissance en baisse aux USA, et le taux de croissance du premier semestre revu en baisse, à 0,4 % au lieu de 1,9 ! Preuve qu’il n’y a jamais eu de « reprise » (comme nous l’avions dit) et que les indices (inflation, croissance, etc) sont clairement manipulés. Il y a (aussi) quelque chose de pourri au royaume du Danemark (hors zone euro, mais quand même) : ses banques. Anecdotique mais révélateur d’un amateurisme effarant, les cotations du CAC40 suspendues plusieurs heures vendredi dernier… Bah tiens voilà la solution, bloquer tous les indices ! Plus rien ne bouge, on part en vacances et on voit à la rentrée.

On lira les commentaires du précédent billet, très intéressants (les autres aussi !), merci à vous tous.

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Philippe Herlin

mercredi 27 juillet 2011

Lente dégradation générale

Le plan d’aide à la Grèce (voir notre billet précédent) n’aura pas fait illusion longtemps, les marchés boursiers ne cessent de baisser, spécialement les « financières » (banques et assurances), et Standard & Poor's craint une nouvelle crise grecque. Dans le même temps la dégradation de la zone euro continue, Chypre vient de perdre sa principale centrale électrique (suite à l’explosion d’une cargaison d’armes iraniennes stockée à côté, quelle bande de pieds nickelés), résultat Moody’s dégrade sa dette. D’autre part l’Italie et l’Espagne empruntent à des taux de plus en plus élevés.

Aux Etats-Unis, toujours pas d’accord sur le relèvement du plafond de la dette… Au passage une info importante dont personne ne parle (sauf La Chronique Agora), le premier audit de la Fed vient d’être publié, grâce à l’insistance de Ron Paul, et l’on apprend que la Banque centrale américaine a dépensé 16.115 milliards de dollars (plus que la dette du pays !) depuis la crise de 2008 en prêts d’urgence pour soutenir le secteur financier (dont plusieurs banques françaises), et on ne sait pas quelle proportion a été remboursée…

Une autre info concernant la France dont personne ne parle, anecdotique mais révélatrice : le prix moyen du panier de fournitures scolaires va augmenter de 18 % ! Et après l’Insee va nous expliquer que l’inflation est de 2 % par an…

Philippe Herlin

vendredi 22 juillet 2011

L’UE se sauve temporairement

« Le mois de juillet sera chaud » annoncions-nous le 10 juin dernier, tout en considérant que l’explosion de l’euro n’aurait pas lieu et qu’une couche d’endettement public supplémentaire serait rajoutée. Nous y voilà ! Le pessimisme des derniers jours (Angela Merkel annonçant mardi ne rien attendre du sommet d’hier) n’était pas de mise, l’UE met 158 milliards d’euros sur la table, les marchés respirent.

Le plan (lire ici et ici) mis en place comprend plusieurs volets :
1) le FESF prêtera à la Grèce (ainsi qu’à l’Irlande et au Portugal) à des taux moindres (3,5 %) et sur des durées plus longues (15 ans)
2) les créanciers privés (banques, assurances) détenteurs d’emprunts grecs pourront choisir différentes modalités : a) les revendre au FESF avec une décote de 40 % ; b) les échanger contre de nouveaux prêts ; c) réinvestir dans de nouveaux prêts lorsqu’ils arriveront à échéance (rollover) ; tout cela représentant un coût à la charge de ces créanciers.
3) le FESF voit son rôle s’accroître, il pourra a) racheter de la dette grecque (point 2a) ; b) racheter de la dette d’Etat sur le marché secondaire, avec l’accord unanime des pays membres ; c) consentir des prêts à des Etats membres en difficulté, ou pour renflouer leur système bancaire.
Le plan est bien négocié, il n'y a pas de défaut de paiement, et donc de déclenchement des CDS.

Il y a des pas dans la bonne direction : une mini-restructuration de la dette grecque, néanmoins insuffisante pour qu’elle redevienne solvable (26 milliards d’effacés sur 350), l’engagement des Etats à revenir sous les 3 % de déficit budgétaire dès 2013 (on est à 7 en France cette année, ça va être chaud !), le fait que les créanciers privés mettent la main à la poche.

Mais on assiste surtout à un renforcement de l’endettement public au niveau européen, favorisé par l’extension des missions du FESF qui va devenir une sorte de « FMI européen ». En fait le FESF va prendre le relais de la BCE qui a déjà rempli son bilan d’actifs douteux (emprunts grecs, irlandais et portugais) et met ainsi en péril sa situation financière. Il ne manquera plus au FESF de pouvoir émettre des obligations pour encore accélérer la monétisation des dettes publiques européennes. Une fuite en avant.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 20 juillet 2011

Euro : en route vers la monétisation

Le sommet européen de jeudi ne donnera rien, pas besoin de lire dans une boule de cristal, c’est Angela Merkel en personne qui l’annonce ! Les motivations sont désormais trop divergentes entre l’Allemagne qui ne veut plus payer, la France qui veut protéger ses banques et donc renflouer la Grèce, la BCE qui est tout simplement menacée de faillite en cas de restructuration (voir cette note)… Et chacun joue sa propre carte : « les banques françaises ont maintenu leur exposition au risque grec, comme elles s'y étaient engagées, alors que leurs concurrentes allemandes l'ont réduite » peut-on lire dans cet article. Juste une question : comment peut-on être aussi stupide ? Dans le même genre, l’Agence France Trésor a cru intelligent d’émettre des obligations indexées sur l’inflation, les OATi, mais comme les prix repartent à la hausse, cela se traduit par un surcoût ; en cas d’hyperinflation ces seuls produits peuvent nous ruiner, alors que nous empruntions jusqu’alors exclusivement à taux fixe, ce qui constitue une vraie sécurité ! Bref, cette incapacité de l’Europe à agir s’avère inquiétante, le FMI estime une issue « imprévisible si la crise de la dette en Europe empire »… Que se passerait-il si la crise de la zone euro s’aggravait ? Eh bien sachez que la monétisation est en route, avec la bénédiction de la BCE elle-même, qui explique que la Banque nationale de Grèce pourrait refinancer les banques grecques ! L’Etat grec pourrait ainsi émettre des emprunts, qui seraient achetés par les banques grecques, puis par la Banque nationale de Grèce, et en avant la création monétaire ! On apprend au passage que l’Irlande le fait déjà. Une folie furieuse car c’est l’Eurosystème (BCE + les banques nationales) qui garantit l’euro (voir cette note). La BCE a déjà racheté de grandes quantités d’emprunts d’Etat, si les banques nationales s’y mettent... Et qui dit monétisation dit inflation et perte de valeur de l’euro. Un conseil, achetez de l’or.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr