lundi 31 décembre 2012

La SNCF pire que la Grèce ?

On sait que la Grèce a maquillé ses comptes pour rentrer dans l'euro, notamment en titrisant des recettes futures (recettes du loto ou taxes aéroportuaires), et ce grâce à Goldman Sachs. Titriser des créances, c'est à dire, toucher maintenant des sommes qui seront versées dans le futur, moyennant une forte commission, est une fuite en avant, un sauve qui peut budgétaire, un comportement irresponsable.

Eh bien c'est exactement ce que veut faire la SNCF ! Comme l'explique cet article de Challenges, les subventions des huit années à venir du STIF (le syndicat des transports d'Ile-de-France) seraient ainsi titrisées et la SNCF empocherait en une fois 770 millions d'euros, avec pour objectif de diminuer son endettement colossal. Les Franciliens attendront pour que le service - déplorable - s'améliore...

Anecdote perso, hier mon train Chinon-Tours de 20h19 a été annulé sans que je sois prévenu (alors que j'avais acheté mon billet sur le site de la SNCF et que celle-ci avait donc mon mail et mon téléphone), et sans que personne ne me renseigne à la gare, le guichet étant fermé, alors qu'il est normalement ouvert à cette heure. J'ai du rejoindre la gare de Tours en catastrophe et par mes propres moyens. Dans le TGV Tours-Paris, le contrôleur n'était même pas au courant...

Quand on en arrive à un tel niveau de fumisterie, d'incompétence, de mépris du client, et de cavalerie financière, il faut arrêter les frais. Faisons un voeux pour 2013 : démantèlement de la SNCF (séparer les grandes lignes des régions), suppression des régimes spéciaux et alignement sur le régime général (pour les salaires, les retraites, le CE, etc.), suppression des emplois syndicaux, et... privatisation ! Probabilité de réalisation : 0,1 %.

> Pour info, mon interview 10e vidéo la plus vue en 2012 sur Challenges !

Philippe Herlin

vendredi 14 décembre 2012

Les Pigeons définitivement pigeonnés !

Contrairement à ce que le gouvernement et le buzz médiatique ont laissé croire, les Pigeons ont perdu sur toute la ligne ! Ces startupeurs et business angels du Web s’étaient mobilisés pour protester contre la sur-taxation des plus-values de cession de leurs entreprises. Leur mouvement avait rencontré une vraie adhésion sur les réseaux sociaux et dans les médias. Peine perdue, cela n’aura servi à rien : l'article 6 du budget 2013, définitivement voté ce 13 décembre à l'Assemblée nationale, prévoit bien des abattements pour réduire la facture mais les critères sont irréalistes. Comme l’explique l’instigateur du mouvement dans une interview à Challenges, pour obtenir un abattement (limité qui plus est) il faut, attention : «que l'entreprise ait au moins dix ans d'existence et que le fondateur ait été au minimum cinq ans dirigeant actif, et qu'il ait eu au moins 10% du capital pendant deux ans, et encore 2% au moment de la cession.» Au-delà de sa complexité, on comprend qu’il concerne éventuellement les PME mais certainement pas les startups (dix ans avant toute vente !). L’acharnement idéologique du gouvernement et la technostructure de Bercy l’ont emporté sur le bon sens économique… et la création d’emplois.

On se rappelle que les initiateurs des Pigeons avaient sabordé leur mouvement en pleine gloire médiatique (jusqu’à fermer leur page Facebook et annuler au dernier moment une grande manifestation) considérant qu’ils avaient été entendus par le gouvernement, et aussi pour éviter toute «récupération» (par qui ?). Quelle naïveté ! Ils peuvent maintenant s’en mordre les doigts. En politique, il ne faut jamais oublier le rapport de force.

> Si vous cherchez un cadeau utile pour Noël, c’est ici ;-)

Philippe Herlin

jeudi 13 décembre 2012

Le fragile édifice de la zone euro

Mon nouveau texte pour GoldBroker : Le fragile édifice de la zone euro

Mon interview dans Atlantico sur le sommet européen.

> Je dédicacerai mes livres lors du salon «Le livre en liberté» qui réunira plusieurs auteurs libéraux à la mairie du 5e arrondissement de Paris le samedi 15 décembre de 14h30 à 20h (j’y serai de 16h à 19h). Voici l’event Facebook. Au plaisir de vous y retrouver.

Philippe Herlin

lundi 10 décembre 2012

Au fait, ça ne va pas très bien pour l’Irlande et le Portugal

On avait fini par les oublier, la Grèce et l’Espagne monopolisant la une de l’actualité sur le front de la dette, mais l’Irlande et le Portugal ont toujours beaucoup de mal à s’en sortir, eux aussi. «L’Irlande à besoin de plus de temps pour rembourser» vient de déclarer le gouverneur de la banque centrale irlandaise (Boursorama). Le plan de sauvetage de 85 milliards d’euros était prévu pour une durée de trois ans, «cet argent sera assurément remboursé» nous dit le gouverneur, «mais le délai de remboursement devrait être considérablement allongé» affirme-t-il. On n’a pas vraiment le choix, mais on doit garder confiance, hum. Quant au Portugal, la presse lusitanienne nous dit que le pays «va exiger les mêmes conditions que pour la Grèce pour pouvoir retourner sur les marchés» (Negocios). Encore de sacrée pertes à prévoir pour les détenteurs privés et publics ! Et ensuite, on peut facilement le prévoir, l’Irlande et l’Espagne demanderont naturellement le même traitement…
(Merci à BA et à un anonyme de m’avoir signalé ces articles dans les commentaires du billet précédent).

Philippe Herlin

mardi 4 décembre 2012

L'argent sale aussi soutient l’économie...

L'Union européenne lutte-t-elle vraiment contre les trafics et le blanchiment d'argent sale ? On peut en douter lorsqu'on aborde la récurrente question de la disparition de la coupure de 500 euros. Quasiment jamais utilisée dans la vie courante (qui parmi vous en a déjà vue ? tous les commerçants la refusent), une agence criminelle anglaise, la Serious Organised Crime Agency a annoncé en 2011 que «90 % des coupures de 500 euros distribuées au Royaume-Uni sont dans les mains d'organisations malfaisantes» (Wikipedia). Selon un officier de la PJ, «La plus grosse coupure en euros n'est plus guère utilisée que dans les transactions ou s'illustre le crime organisé». La totalité des billets de 500 euros dans l’UE représente 288 milliards d'euros, soit le tiers de la valeur totale des billets en circulation (Le Figaro en 2012 et en 2010) ! Ces presque 300 milliards d’euros représentent donc de l’argent criminel (trafic de drogue essentiellement), une partie seulement bien sûr car les réseaux bancaires offshores sont aussi utilisés par les organisations mafieuses. Les Etats-Unis et le Canada ont depuis longtemps abandonné leurs coupures de 1000 dollars, mais en Europe on en parle depuis des années sans rien faire. Il serait pourtant facile de régler ce problème, il suffirait de suspendre la circulation de cette coupure et d'obliger leurs détenteurs à les ramener à leurs banques... La disparition de cette coupure ne va pas supprimer les trafics criminels bien sûr, mais on n'est pas obligé de leur faciliter la tâche ! De quoi la commission de Bruxelles a-t-elle peur ? Des dirigeants politiques en touchent une partie ? On n’ose y penser. Autre explication, étant donné la somme en jeu, ces 288 milliards d’euros représentent tout de même 3% du PIB de la zone euro (8729 milliards d’euros en 2010, Insee), lutter frontalement contre cet argent sale comporterait des risques de récession ! Bon, on attendra le retour de la croissance…

Philippe Herlin

mardi 27 novembre 2012

Grèce : encore 84 milliards d’euros pour rien !

En écoutant rapidement les informations on pourrait retenir le chiffre, déjà considérable, de 40 milliards « de plus » pour la Grèce. Non, ce qui a été signé cette nuit (Le Figaro), c’est un accord sur un allègement de la dette de 40 milliards d’euros, qui autorise le versement de 44 milliards supplémentaires d’aide, soit un total de 84 milliards d'euros !

Ces 40 milliards d’allègement sont une restructuration qui ne dit pas son nom, elle ne porte en effet pas sur le principal mais sur les intérêts. Les créanciers publics (BCE, fonds d’aide), qui détiennent désormais la quasi-totalité de la dette grecque, acceptent une diminution du taux d’intérêt versé sur les obligations, un reversement des intérêts déjà perçus, et un allongement des échéances (qui passent de 15 à 30 ans, on peut vraiment ici parler des calendes grecques !).

Et comme la Grèce est au bord de la faillite, 44 milliards d’argent frais sont versés au Trésor grec par les pays européens (34 milliards) et le FMI (10 milliards). Une somme que bien sûr on ne reverra jamais, et qu’il faudra encore « restructurer ». Le FMI souhaitait une vraie restructuration de la dette, mais cela aurait obligé les Etats à encaisser la perte, et Angela Merkel ne veut pas en entendre parler avant les élections générales en Allemagne qui auront lieu en septembre 2013. On continue donc de gagner de temps, et d’accroître la dette globale de la Grèce, en faisant croire au bon peuple que la Grèce pourra un jour rembourser (selon les signataires, la dette devrait être ramenée à 124% du PIB en 2020, au lieu de 145% escompté, quelle blague).

Et au fait, ça a fait deux lignes dans les journaux, mais la zone euro a décidé hier de verser 37 milliards d’euros aux banques espagnoles, et il ne s’agit que d’une première tranche…

Philippe Herlin

jeudi 22 novembre 2012

La dette de la France n’est plus AAA !

Mon nouveau texte pour GoldBroker : La dette de la France n’est plus AAA !

A noter que, depuis, Moody’s a dégradé plusieurs organismes publics ; dépendant directement de l’Etat, ils ne pouvaient plus garder leur triple A. C’est le cas de la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale, qui gère la dette de la sécu), de l’Unedic (eh oui, l’assurance chômage est en déficit et accumule une dette croissante !), de la Caisse nationale des autoroutes (CNA) et de la RATP. Tous ces organismes emprunteront donc à l’avenir à des taux un peu plus élevé, ce qui pèsera sur leurs comptes…

Philippe Herlin

mercredi 21 novembre 2012

UMP : confusion et clarté

Les résultats de l’élection interne de l’UMP sont désormais connus. La confusion est extrême concernant l’élection du président, avec seulement 98 voix d’écart sur 175.000 votants, ce qui autorise toutes les suspicions, et risque d’affaiblir durablement le premier parti d’opposition (addendum à 16h30, l'équipe Fillon conteste ce résultat). Je ne pensais pas tomber si près de la réalité en employant le terme de mascarade pour expliquer mon refus de départager les deux candidats (voir ce billet). C’est tout le processus de cette compétition qui est vicié depuis le début et dont les contradictions éclatent à l'occasion des « résultats ». J’avais par contre appelé à voter pour La Droite forte, qui arrive largement en tête (28%). Si l’on rajoute La Droite populaire (10,8%) et, dans un autre registre, La Droite sociale de Laurent Wauquiez (arrivé 2e avec 21,7%), très critique envers l’assistanat et le poids excessif des impôts touchant les classes moyennes, nous avons les deux tiers des militants UMP qui remettent frontalement en cause le « modèle social français » qui nous mène à la ruine. Rajouté à une campagne axée sur le retour aux valeurs de la droite qui a permis à Jean-François Copé de faire son retard sur François Fillon, on peut constater un clair déplacement de l’UMP dans une direction libérale-conservatrice. Ce mouvement est loin d’être cohérent, il comporte de nombreuses contradictions, beaucoup de chemin reste à faire, mais il s’éloigne définitivement de la culture économique étatiste mêlée d’une vision sociétale de centre gauche initiée par Jacques Chirac et prolongée par Alain Juppé, François Baroin et quelques autres, qui sont désormais hors-jeu. Tant mieux. La confusion est patente sur les questions de personne (ou pourrait dire que les militants ont refusé de départager les deux candidats pour ne pas fermer la porte à celui qu’ils portent dans leur cœur, Nicolas Sarkozy), mais les idées se clarifient.

J’étais à la « Manif pour tous » samedi dernier, pour défiler contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels, et impressionné par son succès, avec plus de 100.000 personnes. Sans doute, les deux grandes manifestations de la Concorde et du Trocadéro qu’a organisé Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle ont-elles décomplexé le « peuple de droite » de descendre dans la rue. Il faut désormais faire de la grande manifestation nationale du 13 janvier à Paris un succès éclatant pour que le gouvernement remise son projet aux oubliettes (le site de La Manif pour tous).

Terminons par cette très amusante vidéo de 4 minutes (VOSTF) intitulée « Les raisons pour lesquelles les gens n'achètent pas d'or », qui parle aussi de l’indépendance d’esprit, et du socialisme :



Philippe Herlin

mardi 20 novembre 2012

Moody's dégrade la France, quelles conséquences ?

Moody's a dégradé la France hier soir, avec perspective négative (Le Figaro, communiqué de Moody's). Après Standard & Poor's en janvier 2012, c'est la deuxième agence à priver la dette française de son AAA, et seul Fitch maintient pour l'instant cette note. Après l'article du The Economist (lire cet article), voici le deuxième coup de gong.

Quelle conséquence ? Jusqu'ici, avec deux agences sur trois qui la notaient triple A, la France était de facto considérée comme triple A. Désormais ce n'est plus le cas et, automatiquement, un certain nombre de clients va arrêter d'acheter de la dette française ; c'est le cas de ceux dont les statuts les obligent à se limiter à des actifs bénéficiant de la meilleure notation, notamment les fonds de pension, américains ou autres. D'autres clients risquent de s'en éloigner également et il ne serait pas étonnant que les taux commencent à remonter... Toutes les banques qui détiennent des emprunts de l'Etat français dans leurs comptes vont devoir mettre en face un peu de cash de façon à tenir compte de ce nouveau risque, petit mais inexistant auparavant, en conformité avec les normes prudentielles internationales du Comité de Bâle. Et geler des liquidités, cela représente un coût, qui rend donc moins intéressante la dette française.

Au delà, l'image de la France va s'en trouver durablement dégradée. A mi-chemin entre la vertueuse Europe du Nord et la laxiste Europe du Sud, la France glisse encore un peu plus du mauvais côté. C'est toute la zone euro qui est affectée par cette dégradation.

Sans trop s'avancer, on peut dire que "l'été indien" de la dette française semble s'achever. Moody's justifie sa décision par une "perte de compétitivité continue et graduelle". Qu'ont fait les gouvernements actuels et passés pour s'attaquer à ce problème connu de tous qui mine notre économie ? Rien, ou si peu. Désormais nous risquons de devoir courir après le temps perdu...

Philippe Herlin

vendredi 16 novembre 2012

Le Libor est manipulé, d'accord, et c'est tout ?

Mon nouveau texte pour GoldBroker : Le Libor est manipulé, d'accord, et c'est tout ?

Par ailleurs, la vidéo de mon débat avec Olivier Delamarche, Nicolas Lecoq Vallon et Hélène Feron-Poloni approche les 40.000 vues sur YouTube ! Cet article d'Atlantico revient sur les moments importants.

Philippe Herlin

mercredi 14 novembre 2012

A quand un WIR français ?

La ville de Nantes va lancer une monnaie complémentaire (Le Figaro), c'est à dire une monnaie locale que chacun - particulier ou commerçant - pourra utiliser à sa guise. Les commerces acceptant cette monnaie offriront des réductions, ce qui permet de fidéliser la clientèle, et globalement l'argent dépensé profite plus à l'économie locale. Une très bonne idée, lancée au début du XXe siècle par Silvio Gesell, et qui rejoint la notion de mise en concurrence des monnaies développée par Hayek dans Denationalization of money (1976), j'en parle dans les deux derniers chapitres de Repenser l'économie.

L'homme à l'initiative de ce projet est Jean-Marc Ayrault, l'ancien maire de la ville. Il a défendu à plusieurs reprises dans la presse le WIR, une monnaie interentreprises suisse, la plus ancienne monnaie complémentaire du monde (1934), dont l'usage permet des facilités de paiement et de crédit (Wikipédia, comptes détaillés). Rendons lui hommage, très peu de responsables politiques en France connaissent cet outil. Le succès est incontestable : une PME suisse sur cinq l'utilise (en complément du franc suisse bien sûr, pas exclusivement). Imagine-t-on cela à l'échelle de la France ? Ce serait plus intelligent que la BPI, qui va coûter cher et ne pourra satisfaire qu'un nombre restreint de PME, et sera sous influence clientéliste. Et la mise en place d’une monnaie complémentaire ne coûte pas un euro d’argent public.

Maintenant Jean-Marc Ayrault est Premier ministre, que n'attend-il pour lancer un WIR français ? Mais, c'est vrai, les banques n'aiment pas les monnaies complémentaires, c'est en effet autant d'activité (et de commissions) perdues pour elles, pour des transactions qui s'effectuent en dehors de leur circuit. En 1934, les banques suisses se sont violemment opposées au WIR, sans succès, mais ailleurs en Europe, à la même époque, la plupart des projets de ce type ont rapidement disparu sous la pression du lobby bancaire. On imagine que les banques françaises ont du voir cette idée de WIR d'un mauvais œil et faire capoter l'affaire. Vérité à Nantes, erreur à Paris ? Allons, Monsieur le Premier ministre, un peu de courage !

Philippe Herlin

lundi 12 novembre 2012

Mon vote pour l'élection de l'UMP le 18 novembre

Au fait, il y a l'élection interne de l'UMP dimanche prochain, le 18 novembre, pour le président, les mouvements et la charte. Vous le savez, j'ai été candidat à la présidence (voir cet article et cette interview par exemple), j'ai été soutenu par le SIEL de Paul-Marie Coûteaux, les Nouveaux Républicains de Jean-François Touzé ou encore Alain Dumait fondateur de Contribuables associés, mais sans pouvoir recueillir, loin de là, les 8000 parrainages de militants nécessaires. Je défends un programme libéral (ramener l'Etat à ses fonctions régaliennes), conservateur (défense des valeurs traditionnelles, opposition au mariage et à l’adoption par les couples homosexuels, lutte contre l'invasion migratoire et l'islamisme), et je suis favorable à des accords locaux avec le FN (mais opposé à un accord de gouvernement). Personne ne reprend intégralement ces idées, mais je vais vous dire ce que je ferai ce dimanche, par transparence et honnêteté envers tout ceux qui m'ont suivi et encouragé.

Je m'abstiendrai pour l'élection du président, d'abord parce que cette élection était complètement verrouillée (le parrainage ne pouvait se faire via le web, il fallait envoyer une photocopie de sa carte d'identité !) et que deux candidats seulement, ce n'est pas une vraie élection démocratique. Je refuse de participer à cette mascarade. Je comprends ceux qui voteront Jean-François Copé, qui découvre après vingt ans de carrière que les militants de droite... sont de droite, mais pour moi sa posture est purement opportuniste et ne repose sur aucune conviction, il s'agit juste de tenter de rattraper le favori François Fillon.

Parmi les six mouvements qui se présentent, je choisirai La Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier qui a le courage de défendre plusieurs idées authentiquement libérales qui n'ont jamais figuré au programme de l'UMP comme le chèque scolaire, la vente des logements sociaux, l'alignement du régime des retraites du public sur le privé ou la suppression des subventions aux syndicats. Il y a encore quelques idées stupides (déchoir le la nationalité française les "déserteurs fiscaux", l'embauche de journalistes "de droite" dans le service public alors qu'il faudrait plutôt désétatiser et privatiser ces médias), j'en avais parlé dans ce billet. Mais cela va dans le bon sens, et le fait que la "barons" du mouvement (Juppé, Baroin) soient ulcérés par ces nouveaux venus constitue en soi une bonne nouvelle.

Il y a enfin la Charte des valeurs, sur laquelle il n'y a aucune discussion ni choix possible, les militants n'ayant pas été consultés, il faut soit l'approuver soit la rejeter, ce qui est tout sauf une procédure démocratique. On y parle de liberté et de responsabilité, de Nation et d'Europe, très bien, mais pas des racines chrétiennes de la France (que La Droite forte veut faire inscrire dans la Constitution, un bon point). Bon, on votera pour, on peut quand même globalement s'y reconnaître.

Quoi qu'il en soit, si vous êtes militant UMP, il faut voter, le premier défi à relever c'est le taux de participation, il sera scruté par les médias et les autres mouvements politiques. Et pour l'avenir, tout reste à écrire.

Philippe Herlin

vendredi 9 novembre 2012

jeudi 8 novembre 2012

La bombe Dexia

La déconfiture de Dexia est loin d’être terminée, cela on le savait, mais la nouvelle du jour c’est que la France va en prendre une plus grande part ! En effet, dans la première mouture du plan de sauvetage signée en octobre 2011, la « bad bank » prenant en pension les actifs toxiques (environ 90 milliards d’euros), était garantie à hauteur de 60,5 % par la Belgique, 36,5 % par la France, et 3 % par le Luxembourg. Une « bonne » affaire pour la France alors qu’elle est la principale responsable de l’implosion de cette banque, notamment à travers son PDG Pierre Richard, comme nous l’avions signalé dans ce billet.

La nouvelle du jour donc, c’est que les Belges se sont réveillés et ont obtenu un rééquilibrage des garanties (plus que justifié sur le fond), puisqu’ils passent de 60,5 à 51,4 % de garantie de la bad bank, tandis que la France monte de 36,5 à 45,5 % (La Tribune). De quoi réduire la facture de 10 milliards d’euros en cas de faillite de Dexia, se réjouit la presse belge, soit autant de plus pour le budget de la France… En attendant les deux pays réinjectent 5,5 milliards d'euros (dont la moitié pour la France) dans le cadre d'une augmentation de capital.

Addendum : on apprend dans cet article que Dexia ne peut pas être liquidé avant 2099 (ce n'est pas une faute de frappe).

Philippe Herlin

lundi 5 novembre 2012

Rapport Gallois : aucun intérêt

C’est bien la peine d’avoir fait autant de raffut autour de ce rapport ! Il allait être trop audacieux, craignait-on, trop décoiffant. Non, il n’y a vraiment aucun risque de ce côté, le rapport Gallois n’est que le devoir appliqué d’un haut fonctionnaire. On y retrouve les vieilles recettes et les lubies étatistes et socialisantes qui coulent l’économie française depuis les années 70 (article du Figaro et rapport complet). A commencer, c’est presque un gag, par le retour du Commissariat au Plan, non pardon, à la « prospective », pour faire plus moderne. Il faudrait aussi que nos syndicats, dont le sens de l’analyse économique n’aura échappé à personne, entrent dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Les régions, si bien gérées comme chacun sait, doivent plus s’impliquer dans l’économie locale, le budget de la recherche publique (au sein duquel trône notre vaillant CNRS) doit être « sanctuarisé », les PPP (partenariat public privé, dont les budgets dérapent) encouragés, les subventions publiques à l’export amplifiées, c’est formidable. Absolument rien concernant la « politique de l’offre », c'est-à-dire l’encouragement à la création de richesses. Quelques bonnes idées tout de même (développer la formation en alternance, un Small business act à la française, relance des recherches sur le gaz de schiste… immédiatement refusée par le gouvernement), mais il n’y a absolument rien de neuf. Le fameux « choc de compétitivité » ne consiste qu’à déplacer des charges pesant sur le travail vers la CSG et la TVA, ce qui peut améliorer les choses à la marge, mais ne rendra pas la « maison France » plus compétitive d’un iota. Surtout pas d’économies sur les dépenses publiques, vous n’y pensez pas ! Vraiment un rapport pour rien.

Retrouvez le podcast de mon passage sur Europe1 vendredi

Philippe Herlin

jeudi 1 novembre 2012

Les banques sont incorrigibles !

Mon nouveau texte pour Goldbroker : Les banques sont incorrigibles !

Autrement à signaler, la sortie des mémoires de Benoît Mandelbrot en anglais, on espère rapidement la traduction française.

Et les nouveaux MP3 de mon site Classical Music Mobile

Philippe Herlin

dimanche 28 octobre 2012

Débat Herlin, Delamarche, Lecoq-Vallon, Feron-Poloni

La vidéo de mon débat sur "Mon épargne en danger" avec Olivier Delamarche, Nicolas Lecoq-Vallon, Hélène Feron-Poloni pour Media-investigation
http://www.media-investigation.com/?Crise-de-la-dette-MON-EPARGNE-EN

vendredi 26 octobre 2012

Un progrès des idées libérales à l’UMP ?

Nous avons trop souvent dénoncé ici la loi SRU et ses 20% (bientôt 25) de logements sociaux pour ne pas nous féliciter que l’un des mouvements qui concourent à l’élection du 18 novembre à l’UMP appelle à leur disparition progressive. La Droite forte (fondée par Guillaume Peltier et Geoffroy Didier) propose de supprimer, en 20 ans, le logement social, l’Etat obligeant les bailleurs sociaux et les collectivités à mettre en vente 5% de leur parc tous les ans (Challenges). Ce mouvement propose d'autres bonnes idées (assouplissement du code du travail, relèvement significatifs des seuils sociaux, alignement du régime des retraites du public sur le privé, contraindre les collectivités territoriales à baisser leurs dépenses de fonctionnement). Il y a aussi des propositions de nature dirigiste, qui montrent une culture libérale incertaine ou à géométrie variable (« obliger les banques à prêter en priorité aux PME lorsqu’elles affrontent une difficulté et que leur modèle économique est viable, à hauteur de 50% des montants rapportés à celles-ci par l’entreprise depuis sa création »). Mais globalement cela va dans le bon sens et il faut, répétons-le, applaudir cette volonté de s’attaquer au tabou des logements sociaux en France que le précédent gouvernement, avec l’inénarrable Benoît Apparu, défendait pourtant.

La « pression de la réalité » (dont nous avons parlé dans ce billet) semble faire bouger les lignes. Elle s’exerce aussi dans un autre domaine, celui de l’islam, puisque son image se dégrade fortement parmi les Français (selon un sondage IFOP pour Le Figaro), ce qui traduit une salutaire prise de conscience. 43% des sondés considèrent l’islam comme une menace, 63% sont opposés au voile dans la rue et 89% à l’école. Seulement 18% des sondés sont favorables à la construction des mosquées, ce qui veut dire, quand on enlève les grosso modo 10% de musulmans en France, que seul un Français de souche sur dix y est favorable. Un résultat très clair. Quel mouvement ou candidat à l’UMP osera demander un moratoire sur la construction des mosquées ? Allons courage !

Philippe Herlin

mercredi 24 octobre 2012

Vive la Trabant électrique française !

« Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre » dit l’adage romain. D’une part le gouvernement met en place un super malus dévastateur pour les voitures familiales et les véhicules à essence en général, ce qui touche en plein cœur les constructeurs automobiles français (La Tribune). Le malus s’élève jusqu’à 6000 euros, mais les voitures de moyenne gamme seront touchées, de l’ordre de 2 à 3000 euros, soit plus de 10% du prix, ce qui est conséquent. D’autre part le gouvernement déplore que les voitures françaises se vendent mal… comme c’est étonnant ! Et face aux difficultés de Peugeot-Citroën, il est obligé de prendre en garantie 7 milliards d’euros de la filiale bancaire du groupe (Le Figaro).

Le bonus-malus automobile est une absurdité en soi, créé par la droite et amplifié par la gauche : primo c’est un contrôle des prix déguisé, ce qui est normalement interdit, et secundo le gouvernement demande aux constructeurs automobiles de faire des efforts de compétitivité, et il leur colle un malus de plusieurs milliers d’euros ! Une idée typique de la technocratie qui coule la France depuis les années 70.

Mais ne vous inquiétez pas, le gouvernement omniscient possède la solution qui va régler d’un coup tous les problèmes : la voiture électrique, qui va bénéficier d’un bonus de 7000 euros (!). Le problème c’est que personne n’en veut, car son autonomie est trop faible, et les points de recharge sont quasi inexistants (leur développement sur le territoire coûterait une fortune). Même Autolib à Paris est encore très loin de la rentabilité (lire cet article du Delanopolis). Le gouvernement veut nous caser la Trabant électrique française, de gré ou de force, comme naguère en Allemagne de l’Est où l’on savait ce qui était bon pour le peuple.

Philippe Herlin

mardi 23 octobre 2012

Le naufrage programmé de la Philharmonie de Paris

Depuis longtemps j’entends parler de ce projet de grande salle de concert à l’est de Paris, juste à côté de la Cité de la musique, pour prendre la suite de la Salle Pleyel. Fréquentant régulièrement les salles de concert parisiennes (j’ai fondé les sites ConcertoNet.com et Classical Music Mobile), j’ai toujours eu des doutes sur la viabilité d’un tel équipement. Mes pires craintes sont désormais confirmées, et ce par un rapport du Sénat (voir aussi cet article de La Tribune). Les coûts explosent (de 170 millions d’euros pour l’estimation initiale à 386 aujourd’hui), la date d’ouverture est encore repoussée (fin 2014). Mais surtout, et le rapport demeure trop prudent et évasif sur ce point : cette salle sera vide. Hormis quelques grands concerts de prestige, la fréquentation chutera dramatiquement par rapport à la Salle Pleyel, qui a déjà du mal à remplir ! Car, on le sait, le public des concerts symphoniques se trouve à l’ouest de Paris, et il suffit d’avoir pris une fois la ligne 5 à l’heure de sortie des bureaux pour se rendre compte de la galère que cela représente, et ne parlons pas du périph’. Pour forcer le public à venir, la direction de la Cité de la musique veut interdire à la Salle Pleyel de programmer des concerts de musique classique, voici une vraie politique de terre brûlée ! Il faut arrêter les frais. Stopper ce projet maintenant ne serait pas incongru. Au moins faudrait-il laisser l’autonomie de gestion à la Salle Pleyel, et les orchestres comme le public choisiront. Un soupçon de libéralisme dans la politique culturelle de l’Etat ? Autant rêver.

Philippe Herlin

mercredi 17 octobre 2012

BPI : l’inquiétante étatisation du financement des PME

Au-delà des effets d’annonce, nous ne devons pas manquer de relever la perverse cohérence du nouveau gouvernement sur le sujet du financement des PME. Tout d’abord il dégoûte tout ceux qui sont susceptibles d’investir leurs capitaux dans l’économie (75% d’impôt au dessus d’un million de revenu, ISF relevé, hausse de la taxe sur les plus-values de cession même si le mouvement des pigeons semble faire reculer ce projet). Une remarque : le régime fiscal précédent n’avait rien d’avantageux, l’UMP pseudo-libérale assommait déjà les investisseurs d’impôts, mais là c’est le coup de grâce ! Ensuite, le gouvernement « déplore » que les PME soient sous-financées et décide qu’il faut « agir ». Troisième étape, il sort de son chapeau une Banque publique d’investissement (BPI) dotée d’une force de frappe de 40 milliards d’euros, ce qui n’est pas rien. Cette BPI accordera donc des crédits et des capitaux (sous forme de prises de participation) aux PME. Autrement dit, le financement des PME sera de plus en plus dépendant de l’Etat, au sens politique du terme. Déjà certains secteurs seront privilégiés, nous dit-on, comme « ceux qui favorisent la conversion écologique et énergétique de l'industrie ou encore l'économie sociale et solidaire » (JDD), autrement dit des activités fumeuses et subventionnées. Ensuite les régions (qui sont toutes à gauche hormis l’Alsace) joueront un rôle important dans l’attribution des crédits, le patron de PME devra donc être tout sourire devant le président de région… L’imagine-t-on ensuite critiquer la politique du gouvernement dans la presse locale ? Et lorsqu’il faudra arbitrer entre plusieurs dossiers, qui ne dit que la BPI ne jettera pas un œil sur la carte électorale ? Nous assistons en fait ici à une étatisation progressive des PME françaises, un milieu historiquement hostile à la gauche (de la même façon que les 25% de logements sociaux obligatoires sont un outil d’étatisation du marché du logement). Après un début difficile avec le monde des entreprises (le mouvement des « pigeons »), on peut parier que quantité de patrons de PME soutiendront « spontanément » le candidat Hollande lors de la prochaine élection présidentielle. Bien joué, non ?

Philippe Herlin

vendredi 12 octobre 2012

Espagne, Italie : un bank run au ralenti

Il n’y a pas que les Grecs qui transfèrent leurs économies à l’étranger, ce phénomène touche également l’Espagne et l’Italie, et c’est évidemment beaucoup plus grave. Le raisonnement des épargnants est simple : si la zone euro explose, ou si mon pays en sort, je me retrouve sur mon compte en banque avec des drachmes/lires/pesetas qui ne vaudront pas grand-chose, alors que si je transfère mon épargne en Allemagne (ou au Luxembourg, Pays-Bas), j’aurais des euros (ou des Deutsche Marks si l’Allemagne revient à sa monnaie). Le choix est vite fait ! Le mouvement atteint un niveau inquiétant, et le FMI s’en inquiète : de juin 2011 à juin 2012, 296 milliards d’euros ont quitté l’Espagne, 235 milliards l’Italie (Le Monde). Tout cet argent, que les particuliers et les entreprises sortent de leurs comptes, manque aux banques du pays qui voient leurs bilans se dégrader, leur besoin de liquidité croître, ce qui accélère la crise... On assiste ainsi à une dislocation interne de la zone euro, sur laquelle les Etats ne peuvent pas agir, à moins de rétablir le contrôle des changes ! Pour la France rien à signaler pour l’instant, mais le mouvement de fuite devant la fiscalité, qui est réel et date de plusieurs années, prendrait une ampleur incomparable si la confiance dans le système bancaire venait à flancher…

Autrement, dans la série « faisons du Ponzi et Madoff est un amateur », le ministre des finances Pierre Moscovici fait un chèque de 31,4 milliards d’euros au FMI (Le Figaro). La France prête au FMI pour que le FMI prête aux pays européens en difficulté. Pourquoi passer par le FMI et non pas par le MES qui a été créé pour cela ? Parce ça ne coûte rien à l’Etat, même pas sous forme de garantie. C’est en effet la Banque de France qui paye, sans décaisser d’ailleurs puisque concrètement elle se prive d’une partie de ses devises en échange d’une créance sur le FMI (comme expliqué ici). Mais au final on prête à des acteurs économiques qui ne sont pas solvables (Grèce, Espagne), comme pour les subprimes.

Philippe Herlin

mardi 9 octobre 2012

L’économie n’est pas un tableau Excel

Cherchez l’erreur : l’Etat augmente les impôts de 65 milliards d’euros sur 2011-2013 (Les Echos) et le déficit budgétaire baisse seulement de 5 milliards entre le 31 août 2011 et le 31août 2012 (JDD) ! Bien sûr, ces 65 milliards de hausse d’impôts ne sont pas tous entrés dans en vigueur, certains interviendront en 2013 comme indiqué. Mais tout de même, les hausses d’impôts du gouvernement Fillon semblent ne pas avoir d’effet.

Il y a deux explications à ce phénomène :
1) Les gouvernements affirment contrôler strictement les dépenses mais ils échouent systématiquement. Celles-ci passent en effet (sur 2011-2012 à la date du 31 août) de 243 à 248,5 milliards d’euros. Les gouvernements, de droite comme de gauche, sont en réalité incapables de contenir la dépense publique (pour cela il faudrait des réformes structurelles, un gros mot !), malgré leurs annonces.
2) Les hausses d’impôts ne rapportent jamais autant que ne l’espèrent le ministère des finances car les Français mettent en place des stratégies d’évitement. Pour limiter la casse, ils modifient leurs comportements (on achète ses cigarettes à l’étranger, on conduit moins, on se reporte vers les produits low cost, etc.). Et d’une façon plus générale, surtout quand la pression fiscale ne cesse de progresser d’année en année, on prend moins de risque, moins d’initiative. Franchement, pourquoi lancer une entreprise aujourd’hui en France ? Et si l’idée est vraiment bonne, autant partir à Londres ou aux Etats-Unis.

Les calculs gouvernementaux de « réduction du déficit » sont réalisés de façon purement comptables, mais l’économie n’est pas un tableau Excel, c’est une matière vivante, infiniment complexe, et qui se défend contre les agressions de l’Etat. Pour réduire son déficit, le gouvernement devrait d’abord commencer par comprendre la réalité économique… un vœu pieux ?

Philippe Herlin

lundi 8 octobre 2012

Le Qatar achète-t-il également en masse de la dette française ?

J’ai déploré à plusieurs reprises, ici et dans mon livre France, la faillite ?, que l’Agence France Trésor (qui gère la dette de l’Etat) ne donne pas le détail des pays qui détiennent la dette publique française. Les deux tiers de la dette publique sont en effet détenu par des investisseurs étrangers (graphique), mais le ministère des finances (dont dépend l’AFT) ne communique pas la répartition par pays et l’évolution sur les dernières années ! Des données qui seraient pourtant instructives, et accessoirement utiles au débat démocratique, mais n’en demandons pas trop.

Ceci dit, le DG de l’AFT, Philippe Mills, lâche une information intéressante dans cette interview à NextFinance : « Cette année, la moitié des acheteurs nets de la dette française vient d’Asie et du Moyen-Orient contre 33% en 2011 et 20% en 2010 », essentiellement des « banques centrales et de fonds souverains » avait-il précisé trois lignes plus tôt. Des banques centrales de pays exportateurs (qui placent ainsi leurs euros excédentaires), c'est-à-dire d’Asie (pour les produits manufacturiers) et du Moyen-Orient (pour le pétrole), et des fonds souverains (provenant du Moyen-Orient, les pays d’Asie étant peu présents sur ce créneau). Autrement dit le Qatar, ainsi que les autres pays de la région (comme Abu Dhabi, où se trouve une base militaire française), achètent en grande quantité des emprunts de l’Etat français. Hum… Le Qatar nous aime tellement qu’il achète notre dette, ce n’est plus de l’amour, c’est de la rage !

Philippe Herlin

jeudi 4 octobre 2012

Les idées libérales ont encore du chemin à faire à l’UMP !

Intéressant sondage Le Figaro/Opinion Way sur l’électorat UMP, parce qu’il montre une situation contrastée. Sur les questions de société, l’électorat est « à droite, sans état d’âme » comme le titre l’article. Le droit de vote des étrangers et le mariage homo font l’objet d’un rejet massif, la suppression de l’AME est plébiscitée, tout comme le fait de réserver les allocations sociales aux étrangers qui habitent depuis au moins dix ans en France (un parfum de préférence nationale !). Très bien. On parle de « droitisation », ce n’est qu’un retour au bercail, à la normalité.

Par contre sur les questions économiques, les réponses sont contradictoires : soutien très clair à la suppression des 35 heures, à la baisse du nombre de fonctionnaires, au droit à licencier. Mais, dans le même temps, une majorité d’électeurs UMP soutient les emplois aidés, la construction de logements sociaux, ou s’opposent à la suppression de l’ISF !

Comment expliquer cette différence ? Par la confrontation à la réalité, tout simplement. L’explosion de l’insécurité et de l’immigration, que chacun peut constater, a clairement fait basculer l’électorat UMP (et pas seulement d’ailleurs). Tandis que la crise économique déclenchée en 2008 n’a pas encore véritablement touché la France, l’Etat providence gardant l’entièreté de ses moyens. Mais cela ne va pas durer (on pourra lire cette étude Natixis « Le mystère français »). Et déjà les hausses d’impôts suscitent des mouvements de ras-le-bol, quand dans le même temps le chômage progresse fortement. L’Etat providence sera bientôt nu, et à ce moment là, les idées libérales auront une vraie opportunité historique de percer…

Philippe Herlin

mardi 2 octobre 2012

philippeherlin.fr succède à ladettedelafrance.fr !

Comme vous pouvez le constater, philippeherlin.fr succède à ladettedelafrance.fr. C’est un « changement dans la continuité » puisque, comme vous pouvez le voir, tous les billets et les commentaires publiés depuis février 2009 sur ladettedelafrance.fr ont été importés, il n’y a rien de perdu. Pareillement, les abonnés à la newsletter continueront de la recevoir. Sur ce blog je continuerai bien sûr à publier des articles sur les problèmes de dette publique, sur l’ensemble des questions économiques, et j’aborderai également les questions de société. Le succès de ladettedelafrance.fr m’a convaincu d’aller plus loin. L’accueil très positif reçu pour ma « candidature à la candidature » de la présidence de l’UMP également.

Voici par ailleurs mon nouveau texte pour Atlantico : Pourquoi les 10 milliards d'euros de réduction du budget de l'Etat sont une arnaque aux Français.

Philippe Herlin

vendredi 28 septembre 2012

La ponction publique sur l’économie

Lorsqu’on lit cet article des Echos, un calcul rapide pourrait nous induire en erreur. On y lit en effet qu’en 2013 le taux de prélèvements obligatoires s’élèvera à 46,3% du PIB, et le taux de dépenses publiques à 56,3% du PIB. Ce qui fait exactement 10% de différence soit, pense-t-on, le déficit public total de la France, autrement dit 200 milliards d’euros (le PIB de la France en 2011 était de 1.996 milliards). Mais ce calcul est erroné, il faut en réalité considérer les recettes publiques totales, dont les prélèvements obligatoires (impôts, taxes, cotisations sociales) constituent l’essentiel mais pas la totalité. L’Etat a en effet quelques recettes (les dividendes versés par les entreprises dont il est actionnaire), et d’autre part, nos hauts fonctionnaires du ministère des finances ont eu l’idée saugrenue d’affirmer que plusieurs taxes étaient des « rémunérations de services rendus » et ne pouvaient donc pas être considérées comme des prélèvements obligatoires, comme par exemple la redevance audiovisuelle, quelle blague ! (cf cet article). Le bon calcul consiste donc à considérer les recettes et les dépenses publiques en totalité, comme par exemple, pour l’année 2010 : l’ensemble des dépenses publiques se sont montées à 56,2 % du PIB, contre 48,5% pour les recettes publiques, dont 42,2 % pour les prélèvements obligatoires, le déficit public a donc été de 7,7 % du PIB (Wikipedia), principalement du à l’Etat, puis à la sécu et aux collectivités locales. L’enseignement à retenir est que le taux de prélèvements obligatoires ne prend pas en compte la totalité de la ponction de la puissance publique sur l’économie, et qu’il faut rajouter quelques points de PIB ; ainsi pour 2013 ce ne sera pas 46,3% mais certainement pas loin de 50%...
En passant, autre élément de l’article des Echos : « la dette va continuer de grimper en raison notamment de la dotation aux fonds de secours européens », et cela n’apparaîtra nulle part dans le déficit public car ce n’est pas une dépense mais une garantie…

Autrement, l’info du jour : « l’article L612-33 du Code monétaire et Financier autorise les assureurs à geler les avoirs des assurés en cas de rachats massifs » (Challenges), que nous avons signalée dans notre revue de presse ce matin. Mais jusqu’ici tout va bien.

Philippe Herlin

vendredi 21 septembre 2012

Banques centrales : Ubu roi

Suite des trois billets précédents, où l’on entre dans le royaume du père Ubu : les banques centrales monétisent, mais au fond elles savent que ça ne sert à rien, et elles continuent faute de mieux. C’est ce qu’a déclaré l’un des dirigeants de la Fed, Richard Fisher (Les Echos). « La vérité est que personne au sein du Comité [de politique monétaire de la Fed (FOMC)] ne sait réellement ce qui entrave l'économie, personne ne sait ce qui marchera pour remettre l'économie sur la bonne voie. » Il se rend bien compte que la monétisation ne sert à rien : faisant valoir que des milliers de milliards de dollars prodigués abondamment par la Réserve fédérale dorment dans les coffres des banques, des entreprises, ou de fonds monétaires, Richard Fisher estime que continuer à inonder le marché de liquidités ne mènera à rien. Il faut donc arrêter ? Non, « je prie pour que cela marche » explique-t-il. On peut employer le terme de dissonance cognitive, mais cela relève plus de la psychiatrie que de l’économie. Voici l’état d’esprit de ceux qui dirigent la Fed, ou la BCE.

Philippe Herlin

mercredi 12 septembre 2012

Sur la politique de « stérilisation » de la BCE

Revenons sur un point soulevé dans le billet précédent, le fait que la BCE affirme « stériliser » la création monétaire qu’elle produit lorsqu’elle achète des bons d’Etat.

La BCE achète des bons d’Etats de pays en difficulté (de façon à faire baisser les taux, c’est à dire leur « prix »). Mais elle ne les achète pas aux Etats lorsqu’ils émettent ces bons, car c’est interdit par le Traité de Lisbonne (article 123). La BCE les achète sur le marché secondaire, c'est-à-dire aux banques. Bien sûr, il y a aussi des fonds de pension, des fonds souverains, des hedge funds qui achètent des bons d’Etat, mais la BCE intervient aussi pour aider les banques européennes, donc elle ne s’adresse qu’à elles. Pour acheter ces bons, la BCE crée de l’argent ex-nihilo (la planche à billets), ce qui à terme est inflationniste (si la quantité de monnaie dans l’économie augmente plus vite que les biens réels disponibles, à un moment se produit une valse des étiquettes).

Mais la BCE se veut rassurante, il n’y aurait pas de risque inflationniste car elle « stérilise » cet argent créé. Comment ? En incitant les banques à placer l’argent (qu’elles viennent de toucher de la BCE en lui vendant leurs bons) à la BCE ! Comment ? En rémunérant ces placements. Ainsi, l’argent créé par la BCE retourne immédiatement dans ses caisses, il ne circule pas dans l’économie, ce qui éloigne tout risque de hausse des prix.

Ca c’est sur le papier. Des banques préfèrent investir cet argent sur les marchés des matières premières ou les bourses, qui rapportent plus que ce que propose la BCE. Ceci explique la bonne tenue (artificielle donc) de ces marchés, alors que la récession touche toutes les régions du monde. Et puis la BCE a réduit son taux d’intérêt pour ces placements car elle se plaint que les banques ne soutiennent pas suffisamment le crédit, donc la croissance. Cet argent reste donc de moins en moins à la BCE.... L’argent n’est donc pas « stérilisé », il est déposé temporairement et pour partie à la BCE, et le reste provoque des bulles sur les matières premières ou les marchés actions. Une crise (concernant notamment la solvabilité du système bancaire) pourrait même obliger les banques à rapatrier brutalement cet argent pour faire face à leurs engagements, provoquant ainsi une rapide remise dans le circuit économique d’une masse considérable de monnaie…

Dernière élément : mais au fait, avec quel argent les banques (grecques, portugaises, espagnoles, italiennes) achètent-elles des bons d’Etat de leurs pays ? Avec de l’argent prêté par la BCE ! Dans le cadre des LTRO (deux fois 500 milliards prêtés à trois ans à 1% aux banques européennes), ou d’autres programmes. Normalement cet argent sera remboursé dans trois ans, et donc détruit, mais il a été créé et il circule. Ce qui provoque une relative bonne tenue (artificielle encore une fois) du marché de la dette souveraine européenne. Une remarque : les banques obtiennent ces liquidités auprès de la BCE pour acheter de nouveaux bons d’Etats en déposant en garantie (le « collatéral »)… d’anciens bons d’Etats acquis précédemment, ça tourne en rond. Ca tourne en rond, l’objectif étant de jouer sur les taux (ce que rapporte les bons d’Etats moins ce que coûte l’argent prêté par la BCE) pour gagner sa vie…

On voit donc ici que la « stérilisation » dont parle la BCE n’est qu’un jeu de bonneteau, ou une variante de la pyramide de Ponzi, et que le risque inflationniste s’avère bien réel.

Autrement, retrouvez mon dernier article pour Atlantico, qui reprend et développe un billet précédent : Et s'il fallait permettre à chaque citoyen de décider le montant de ses impôts ? Retour sur la solution explosive de Peter Sloterdjick

Philippe Herlin

vendredi 7 septembre 2012

BCE : la fuite en avant, suite

On a un peu plus de détails sur les décisions annoncées hier par Mario Draghi, et il faut rajouter une nouvelle inquiétante aux deux autres dont nous parlions dans le billet précédent : les banques en mal de liquidité pourront apporter, en garantie, des « collatéraux » (actifs financiers) d’une qualité moindre qu’auparavant. Voilà qui va encore accroître la quantité de monnaie en circulation, et dégrader d’un niveau supplémentaire le bilan de la BCE !

Draghi nous a refait aussi une des blagues préférées de Trichet : « ne vous inquiétez pas, il n’y a pas planche à billets car l’argent créé est stérilisé ». Quand la BCE crée de l’argent pour racheter les emprunts d’Etat, elle affirme qu’elle en retire une somme équivalente du marché monétaire. Comment ? Aucune explication. Et les chiffres montrent le contraire puisque le bilan de la BCE ne cesse d’augmenter.

Mario Draghi a également affirmé que l’euro était « irréversible » et que les craintes des investisseurs sur la pérennité de l’euro étaient « infondées » (Les Echos), ce qui démontre un aveuglement effrayant, et un mépris pour les opérateurs de marché sensés ne rien comprendre de ce qui se passe. Pas grave, ceux-ci applaudissent et les marchés montent, il y a plus de cash dans le système, donc plus de spéculation et de bulles à prévoir, certains recommandent même d’investir sur les actions. C’est ça, venez les petits…

Philippe Herlin

jeudi 6 septembre 2012

BCE : la fuite en avant

La conférence de presse très attendue de Mario Draghi vient de se terminer (Les Echos). Deux choses à retenir, et qui sont très inquiétantes pour l’avenir :
1) La BCE continuera d’intervenir sur le marché de la dette, mais elle va accélérer la cadence : elle achètera des obligations d'Etat de maturité allant de 1 à 3 ans et ne fixera « pas de limite quantitative » à ces achats.
2) La BCE renoncera à son statut de créancier privilégié sur les obligations d'Etat qu'elle achètera sur les marchés.

La planche à billets continue de plus belle ! Le bilan de la BCE, qui est déjà démesuré (il représente 32% du PIB de la zone euro ! voir cet article) va encore enfler. Il va se remplir d’actifs pourris, autrement dit de bons d’Etats qui sont insolvables (Grèce, Espagne) ou en grande difficulté (Italie). Et bien sûr, un jour ou l’autre, il faudra enregistrer des pertes. Des pertes abyssales, à la mesure de ce bilan démesuré.

Mais, deuxième « nouveauté » de la journée, la BCE renonce à son statut de créancier privilégié, ce qui veut dire qu’en cas de restructurations (inévitables, car les pays en difficulté ne pourront pas rembourser), la BCE encaissera la perte comme tous les autres détenteurs, alors que pour la Grèce elle était passé à travers. Vu la taille de son bilan, la BCE tombera automatiquement en faillite… à moins que les Etats actionnaires ne compensent la perte, et ils y seront obligés car une banque centrale en faillite fait tomber tout le système monétaire et financier. Et qui paiera ? Le contribuable, bien sûr. Mais cela, Super-Mario ne l’a pas expliqué.

Philippe Herlin

lundi 3 septembre 2012

Après Dexia, le Crédit Immobilier de France !

Depuis le temps que nous parlions du Crédit Immobilier de France (CIF) dans notre revue de presse, ou sur ce blog (le 10 mai 2012), enfin les grands médias se réveillent ! Il faut dire que la banque est en faillite et que l’Etat a officiellement décidé samedi de s’en porter garant à hauteur de 20 milliards d’euros (Les Echos, voir aussi Zero Hedge), sur un portefeuille total de 33 milliards de crédit, ce qui en dit long sur la qualité de ces prêts... De quoi faire un sujet de JT entre la météo et le foot. Des reportages où d’ailleurs on nous explique que c’est « à cause » de la dégradation par une (méchante) agence de notation que la banque se retrouve en faillite… Non, son fonctionnement est pourri, c’est tout : elle finance des prêts immobiliers (de long terme) avec de l’argent emprunté (à court terme) sur les marchés. Un numéro d’équilibriste qui ne pardonne pas en cas de perte de confiance. Northern Rock en Angleterre est tombé pour la même raison en 2007.

Mais le mal est plus profond. Le CIF, très proche du mouvement HLM, est spécialisé dans les prêts immobiliers aux emprunteurs modestes bénéficiant d’aides sociales. Ca ne vous rappelle rien ? Des prêts immobiliers à des ménages qui n’ont pas de revenus suffisants ? Les subprimes bien sûr, sauf qu’à la différence des Etats-Unis, ici tout est public (nous sommes en France !). Mais c’est une bulle, financée par l’argent public, de plus en plus difficilement d’ailleurs (d’où le relèvement du plafond du livret A, qui finance l’habitat social). Et la bulle continue de gonfler : le gouvernement s’apprête à faire passer le pourcentage de logements sociaux dans les communes de 20 à 25%. Ce qui veut dire encore plus de dépenses pour les villes (préemptions, constructions), pour les organismes HLM, et un renchérissement du parc privé (par la « pression » exercée par le secteur public).

La faillite du CIF traduit deux maux français : des banques trop faiblement capitalisées et un secteur du logement social de plus en plus obèse et coûteux. Deux maux qui vont produire d’autres catastrophes.

Philippe Herlin

lundi 27 août 2012

Repenser l’impôt, et la crise, avec Peter Sloterdijk

Il est rare qu’un philosophe parle d’économie, et encore plus qu’il le fasse avec justesse. C’est le cas de Peter Sloterdijk, certainement le plus grand penseur allemand vivant, au moins aussi connu que l’ennuyeux et académique Habermas. Repenser l’impôt regroupe un texte de 80 pages et une quinzaine d’interviews qui alimentèrent une vigoureuse polémique en Allemagne : l’auteur n’y propose rien de moins que de remplacer pour partie les impôts par des dons ! « Nous ne vivons plus dans un contexte absolutiste, et les citoyens ne doivent plus être traités comme des sujets. Il faut repenser le phénomène des impôts, c'est-à-dire des prestations au profit du bien commun » (p. 246). Des impôts dont il dénonce par ailleurs le niveau trop élevé, et le fait qu’ils reposent en très grande partie sur la classe moyenne. « Mais personne ne paiera plus, c’est un cadeau aux riches ! » lui rétorquèrent la plupart des éditorialistes et intellectuels, « votre réponse ne traduit que la piètre image que vous vous faites de l’Homme » répondit Sloterdjik. Il ouvre des perspectives auxquelles nous devrions réfléchir : « La peur n’est pas une base acceptable pour la cohésion d’une société qui prétend être une démocratie. Vouloir établir la communauté solidaire réelle par des mesures fiscales contraignantes est une approche blâmable. […] J’affirme au contraire que toute cette tendance asociale, cette idéologie misérable qui ne connaît que la cupidité, chez soi-même et chez les autres, cette psychologie à bon marché de greedy pig dans les têtes des sociologues et des psychologues, bref, j’affirme que tout cela nous prouve une chose : nous nous sommes fondés, au XXe siècle, sur une fausse image de l’homme. On croit que l’homme est un animal qui prend autant que possible. L’idée ne vient plus à personne de prendre au sérieux les hommes en leurs qualités de donateurs. » (p. 263).

Satisfaction supplémentaire à la lecture de cet ouvrage, lorsqu’il faut expliquer la crise actuelle, Sloterdijk s’y révèle un Autrichien pur sucre : « D’un point de vue technique, la crise a surtout été déclenchée par la politique abstruse de taux d’intérêts bas menée par les banques centrales, ce qui a incité le capital d’investissement à se ruer sur tout ce qui rapportait plus que zéro. » (p. 212). Et il revient plusieurs fois sur cette idée. On ne manquera pas non plus de lire son brillantissime Palais de cristal sur la naissance du capitalisme (même si la seconde partie de l’ouvrage, sur la période contemporaine, s’avère moins convaincante). Que nos économistes en prennent de la graine !

Philippe Herlin

vendredi 10 août 2012

La Grèce représente un risque d’au moins 50 milliards d’euros pour les comptes publics de la France

Alors que la crise de la zone euro n’en finit pas de s’étendre, il ne faudrait pas oublier la Grèce, car rien n’est réglé. Les multiples plans patinent, le PIB recule, la réduction du déficit budgétaire est repoussée dans le temps, les privatisations se font attendre (qui va acheter des entreprises publiques grecques ?). En clair, la Grèce va encore faire défaut. Pourtant les banques ne poussent pas de hauts cris, pourquoi ? C’est bien simple, suite aux derniers plans d’aide européens, elles se sont débarrassées de la dette publique grecque qui est désormais entièrement dans des mains publiques : la BCE, le fonds d’aide FESF, les Etats. Ce sont eux qui vont payer, c'est-à-dire nous, les contribuables. On ne connait même pas le chiffre précis ! L’Assemblée nationale et le Sénat demandent au gouvernement de publier à la rentrée un rapport synthétisant les engagements pris par la France envers la Grèce, ainsi que la zone euro globalement (Les Echos). Et déjà le député Christian Paul chiffre à 50 milliards d’euros les engagements de la France envers la Grèce, soit directement (prêts bilatéraux), soit indirectement (renflouement du FESF). Une sacrée bombe à retardement. Et on ne parle que de la Grèce.

Philippe Herlin

mercredi 25 juillet 2012

Le Libor et les banques centrales

Le scandale de la manipulation du Libor partage la une des rubriques économiques des médias avec la crise de la zone euro. Le taux auquel les banques s’échangent de l’argent entre elles (Libor pour London Interbank Offered Rate) a été manipulé à la baisse. Ne voulant pas reconnaître la hausse des risques dans l’environnement économique (notamment depuis la crise de 2008), ne voulant pas reconnaître une perte de confiance les unes envers les autres, les banques se sont concertées pour afficher des taux d’intérêt sous-évalués. Il faut savoir que le Libor sert de référence à une quantité impressionnante de produits financiers à travers le monde, de ce fait ceux qui ont prêté de l’argent ont été lésés, tandis que ceux qui empruntaient ont été avantagés (puisque le taux était moins élevé que ce qu’il aurait du être).

Chacun se scandalise de cette manipulation, à juste titre. Mais attendez une minute, n’est-ce pas exactement ce que font les banques centrales, et cette fois avec l’assentiment de tous ? Ceux qui hurlent contre le « Liborgate » applaudissent des deux mains quand la Fed et la BCE baissent leurs taux et s’engagent à les maintenir au plus bas. Mais c’est la même chose ! De l’argent facile pour « soutenir l’économie ». Ca ne marche, donc on continue, logique. D’ailleurs on apprend au fur et à mesure que les banques centrales étaient parfaitement au courant de la manipulation du Libor !

L’opinion générale veut que des taux d’intérêt établis au plus bas (par les autorités monétaires et les banques donc) favorisent l’activité économique. C’est faux. Comme l’explique l’homme politique et économiste Ron Paul, manipuler le prix de l’argent est aussi destructeur que le contrôle des prix par un gouvernement. Sauf que c’est plus facile, pas besoin d’une armée d’inspecteurs contrôlant les étiquettes, il suffit d’un président de banque centrale complaisant. Un taux d’intérêt nul détruit même le capital, comme l’explique Antal Fekete, et cela produit des bulles, des déséquilibres, et finalement la récession.

Cette entrave à la loi de l’offre et de la demande, cette manipulation généralisée du prix de l’argent, et d’autres phénomènes comme ces Etats qui empruntent à des taux négatifs, montrent que nous passons progressivement de la crise de la dette à la crise de la monnaie, l’ultime et plus grave forme de crise.

Philippe Herlin

mardi 24 juillet 2012

Moody’s menace de dégrader l’Allemagne !

La crise de la zone euro franchit un nouveau palier : Moody’s vient de placer sous surveillance négative les notes de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg ! Il faut dire que la situation se dégrade à grande vitesse : la Grèce ne pourra pas tenir ses engagements et elle demande un étalement dans le temps de ses objectifs (on est habitué !), tandis que l’Espagne est «au bord du gouffre» selon La Tribune, du fait de la récession et des difficultés de plusieurs régions. L’Italie souffre également et emprunte à des taux rédhibitoires. Et qui sont les garants ultimes des fonds de soutien sensés aider ces pays ? L’Allemagne, et la France qui se fait oublier pour l’instant. La décision de Moody’s est parfaitement logique. Il existe aussi un autre «garant», que nous mettons volontairement entre guillemets : la BCE. Et de plus en plus, on entend des responsables politiques, des économistes, des éditorialistes demander à la Banque centrale européenne d’accroître ses facilités monétaires (un autre LTRO, racheter encore des obligations souveraines, baisser son taux d’intérêt), autrement dit de faire tourner la planche à billets. Bravo Mesdames et Messieurs, nous allons ainsi entrer dans la prochaine et ultime étape de la crise, celle de la monnaie, qui ruinera définitivement tout le monde !

> Les premiers articles sur ma candidature à la présidence de l’UMP

Philippe Herlin

mercredi 18 juillet 2012

Je suis candidat à la présidence de l’UMP

Si, si, c’est sérieux ! La seule façon de sortir de l’endettement et des déficits publics consiste à faire des réformes structurelles pour libérer les initiatives, baisser massivement le niveau des impôts, et faire reculer la bureaucratie, nous l’avons régulièrement écrit ici. Or les idées libérales ne sont quasiment pas représentées politiquement en France, et notamment pas à l’UMP. Il n’y a que des étatistes à l’UMP ! Le sens même des mots est perverti et « ultralibéral » est jeté comme une insulte à des personnalités qui ne le sont en aucune manière. Alors, dans un geste de défi, et pour tenter de remettre ces idées dans le débat, j’ai décidé de présenter ma candidature à la présidence de l’UMP, qui s’ouvre aujourd’hui. Vous pouvez retrouver ici ma profession de foi et comment me soutenir. Merci.

Philippe Herlin

vendredi 13 juillet 2012

La dislocation de la zone euro

Sur des échéances courtes (3 et 6 mois) la France a emprunté ces jours derniers à des taux négatif (-0,005%), une performance que seuls jusqu’ici l’Allemagne et les Pays-Bas avaient réalisée dans la zone euro. Dans le même temps l’Espagne et l’Italie se financent à des taux très élevés (6 à 7%). Cela montre que la dislocation de la zone euro s’accentue, entre les «bons» pays (Allemagne, Pays-Bas), ou considérés comme tels (la France, qui est encore AAA pour 2 des 3 agences), et les «mauvais» qui entrent en récession, ce qui rend quasiment impossible leur retour à l’équilibre budgétaire (Grèce, Espagne, Italie). Cela traduit également une bulle sur les obligations des Etats encore considérés comme en bonne santé : la quantité d’actifs sans risque à travers le monde se restreint, et les investisseurs se précipitent sur ce qui reste. Mais bientôt même les «bons» pays seront touchés de plein fouet lorsque la crise de la zone euro franchira un nouveau pallier. D’ici là profitons-en, la France emprunte gratuitement, mais c’est peut être l’œil du cyclone.

Philippe Herlin

mardi 3 juillet 2012

Le contribuable encore une fois arnaqué

La hausse de la bourse depuis vendredi, depuis le dernier sommet européen (voir le billet précédent) est grotesque mais compréhensible : on a ouvert un peu plus les vannes de l’argent public. Les fonds d’aide européens (MES et FESF), garantis par les Etats, pourront renflouer directement les banques et acheter de la dette de pays en difficulté, plutôt que de faire des prêts à des pays dans le cadre de plans rigoureux et placés sous le contrôle des autorités européennes. Ce sera plus facile, moins contraignant, en un mot plus laxiste.

Et si ça échoue ? Pas de problème, c’est déjà prévu : le MES «renonce à son statut de créancier senior, une exigence de Madrid qui avait peur de voir fuir les investissements si le MES avait été créancier privilégié.» (La Tribune). Le MES (donc les Etats, donc les contribuables) ne sera plus prioritaire si les banques espagnoles et Madrid sont dans l’impossibilité de rembourser, il faudra négocier avec les investisseurs privés (les pauv’banques qui risqueraient de faire faillite si elles abandonnent trop de créances… on voit déjà comment ça va finir). Résultat : plus d’argent public remis dans le système, et encore plus si ça échoue ; les marchés adorent, pile je gagne, face tu perds.

Les sommes en jeu sont conséquentes, et en forte augmentation : pour la France, la Cour des comptes vient d’en donner l’ampleur : «La dette publique imputable aux programmes d'aide aux pays en difficulté (prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF) devrait s'élever à 50,2 milliards fin 2012, contre 14,5 milliards fin 2011» (Le Figaro). Bien sûr tout cela n’est que de la dette rajoutée à de la dette et qui ne règle rien sur le fond, mais la crise baisse d’intensité et la bourse monte, pour le moment…

Philippe Herlin

vendredi 29 juin 2012

Victoire politique de Mario (Monti)Ponzi

On pourra présenter ce qui s’est passé cette nuit lors du sommet européen comme une victoire politique. Au niveau tactique c’en est une, clairement. Alors qu’un accord était sur le point d’être trouvé, l’Italie et l’Espagne (avec le soutien de la France) menacent de tout bloquer, de ne rien signer. Ils demandent que les fonds d’aide européens (FESF et MES) puissent renflouer directement les banques et acheter de la dette des pays en difficulté. Jusqu’ici seuls les Etats pouvaient être aidés, à travers des plans durement négociés par l’Union européenne et, parfois, le FMI. Désormais les choses se feront plus «au fil de l’eau», ce sera plus facile. Et cela ne se substituera pas aux plans d’aide aux Etats, mais s’y rajoutera. Les fonds se chargeront, encore plus qu’avant, de dette de mauvaise qualité, ou carrément pourries (des créances sur des banques grecques, espagnoles, italiennes…). Mario Monti et Mariano Rajoy passent en force. L'Allemagne est coincée et cède. Les marchés devraient apprécier, les taux d’emprunts de l’Espagne et de l’Italie devraient baisser, c’est un peu un LTRO sans le dire. Mais fondamentalement c’est de la planche à billets, du Ponzi. On repousse les problèmes dans le temps, mais en accroissant la quantité de dette dans le système. On n’évite pas la crise, on la repousse.
(addendum : "Par ailleurs, le Mécanisme européen de stabilité (MES), qui reprendra et complètera les engagements pris par le Fonds de stabilité (FESF) renonce à son statut de créancier senior, une exigence de Madrid qui avait peur de voir fuir les investissements si le MES avait été créancier privilégié." selon La Tribune. Et voilà, le MES va devenir une vraie poubelle ! Pas grave, les Etats - les contribuables - sont derrière.)

Philippe Herlin

jeudi 28 juin 2012

Le chef économiste de la BCE est un incompétent !

S’il fallait une confirmation que la crise est loin d’être terminée et que ceux qui sont aux manettes n’en comprennent pas la nature profonde, en voici une : le chef économiste de la Banque centrale européenne, Peter Praet, estime, dans un entretien au Financial Times Deutschland, qu'«il n'existe pas de doctrine qui dise que le taux directeur ne peut tomber sous 1%» (Les Echos).

Eh bien si précisément, et il ne s’agit pas d’une opinion marginale mais tout simplement de l’école autrichienne, l’un des principaux courants de la pensée économique ! Ses grands représentants (Menger, Mises, Hayek, Rothbard, Fekete) ont constamment réaffirmé que la manipulation du taux d’intérêt, la volonté par la banque centrale de le maintenir au plus bas sous prétexte de soutenir l’activité, provoque une bulle du crédit qui se transforme ensuite en krach. C’est même comme cela qu’a commencé la crise dans laquelle nous sommes, lorsque qu’Alan Greenspan a ramené à 1% le taux d’intérêt de la Fed suite à l’éclatement de la bulle Internet et des attentas du 11 septembre 2001, il alors craignait une récession. Un taux inférieur à l’inflation, de l’argent «gratuit» (pour les banques). On connaît la suite, le boom du crédit immobilier, accéléré par les subprimes, et la crise qui éclate en 2007-2008. Cette manipulation (voir ce graphique parlant) envoie de faux signaux à l’économie. L’homme politique (et économiste) américain Ron Paul explique fort justement que «La Fed ne parvient pas à saisir que le taux d'intérêt est un prix, le prix du temps. La tentative de manipuler le prix de l’argent est aussi destructeur que tout contrôle des prix par un gouvernement.» Ces taux d’intérêt anormalement bas (à la BCE, la Fed, au Japon, au Royaume-Uni) non seulement n’apporteront pas de retour de la croissance, mais ils sont en plus porteur de la prochaine crise.

Philippe Herlin

lundi 25 juin 2012

La fuite en avant des banques centrales

La Banque des règlements internationaux (BRI) vient de publier son rapport annuel et il explique, dans un langage très posé, la gravité de la situation. La «banque des banques centrales» montre à quel point celles-ci tiennent à bout de bras le système financier mondial. Dès les premières pages le diagnostic est sans appel, il montre qu’elles sont engagées dans une fuite en avant : «A18.000 milliards de dollars (chiffre toujours en progression), l’actif agrégé de l’ensemble des banques centrales représente 30 % environ du PIB mondial». Vous avez bien lu, le bilan des banques centrales de la planète équivaut à un tiers du PIB mondial ! Voici la conséquence directe de la crise financière et de l’explosion de l’endettement des Etats. Les banques centrales sont en effets appelées à la rescousse pour soutenir les banques (reprendre leurs actifs pourris en échange de liquidités) et les Etats (racheter leur dette qui ne trouve pas preneur sur les marchés). Et ce n’est pas prêt de se terminer puisqu’elles «sont contraintes de prolonger la stimulation monétaire face aux atermoiements des gouvernements, ce qui retarde le processus d’ajustement. […] En réalité, des taux directeurs proches de zéro conjugués à un soutien de liquidité massif et quasi inconditionnel n’incitent guère le secteur privé à assainir ses bilans ni les autorités budgétaires à limiter leur appel à l’emprunt.» Désormais une partie significative du risque systémique se trouve dans les banques centrales : «Avec des taux nominaux maintenus à des niveaux qui ne sauraient être plus bas et des bilans en constante expansion, les risques s’accumulent pour les banques centrales.» Plus précisément : «Au nombre de ces conséquences pourraient figurer, notamment, un soutien accordé en pure perte à des emprunteurs et des banques, de fait, insolvables − un phénomène que le Japon a connu dans les années 1990 – et un gonflement artificiel du prix des actifs, porteur, à terme, de risques pour la stabilité financière.» Ou plus précisément, un défaut généralisé ou une vague d’hyperinflation. La ruine dans les deux cas. Pendant ce temps, les grandes banques commerciales ne changent rien à leur comportement délétère, elles «continuent de trouver un intérêt à augmenter leur levier d’endettement sans se soucier suffisamment des conséquences d’une défaillance : du fait de leur poids systémique, elles comptent sur un soutien public en cas d’évolution défavorable.» ! Et les pays émergents seront bientôt touchés : «Ces conditions monétaires accommodantes ont, depuis quelque temps déjà, alimenté l’essor du crédit et des prix des actifs dans certaines économies émergentes, où elles risquent de développer des déséquilibres financiers analogues à ceux qu’ont connus les économies avancées dans les années qui ont immédiatement précédé la crise mondiale.» Un bien sombre tableau, mais on ne freine pas la course à l’abime, la BCE vient en effet d’accepter que les prêts immobiliers espagnols servent de garantie aux liquidités qu’elle prête aux banques espagnoles ! Des bouts de papier qui ne valent plus grand chose se retrouvent ainsi dans le bilan de la Banque centrale européenne…

> L’or, un placement d’avenir, «un lumineux petit livre» pour La Tribune, merci !

Philippe Herlin

mardi 19 juin 2012

La fuite dans la planche à billets

Moins ça marche plus on insiste, telle semble être la devise des banques centrales à travers le monde. Au prétexte de soutenir l’économie en favorisant le crédit, les banques centrales font tout pour rendre l’argent « facile », en usant de différents moyens : 1) elles baissent leurs taux d’intérêt en dessous de l’inflation, ainsi les banques se financent gratuitement ; 2) elles font des prêts géants à long terme aux banques (comme les deux LTRO de 500 milliards d’euros de la BCE à 1% sur 3 ans), ce qui leur permet de récupérer des masses d’argent à très faible coût ; 3) elles rachètent des emprunts d’Etats, ce qui permet à ceux-ci de financer facilement leurs déficits et de continuer à « soutenir la demande ». Récemment la Banque d’Angleterre vient d’annoncer un plan à 140 milliards de livres de liquidités pour les banques, après avoir racheté 325 milliards de livres d’obligations d’Etat. La Fed fait cela depuis la crise de 2008, le Japon depuis la crise des années 90… Est-ce que ça marche ? Non. Donc on continue, logique. En fait c’est un mélange d’aveuglement et de panique qui gouverne les Etats, et la planche à billets – c’est ce dont il s’agit – est l’outil le plus facile pour repousser les échéances. A la crise de la dette, nous rajoutons une crise de la monnaie, qui perdra progressivement sa valeur à force d’être imprimée, et au lieu de résoudre la crise, nous ne faisons que l’accroître…

Philippe Herlin

vendredi 15 juin 2012

Comment les gouvernements nous prennent pour des c…

Scoop : les plans d’aide à la Grèce, c’était juste de la comm, une façon de gagner du temps et de sauver les apparences, mais dès le départ les gouvernements des pays européens n’y croyaient pas, c’est un ancien membre du gouvernement Fillon qui le dit. Dans une interview pour Atlantico, l’ancien Secrétaire d’Etat chargé du commerce extérieur, Pierre Lellouche, fait cette déclaration hallucinante : «J'étais soumis à un devoir de réserve mais je n'ai jamais cru un instant que les Grecs pourraient rembourser tout l'argent que nous leurs avons remis. Tout cela devrait nous coûter pas loin de 150 milliards d'euros.» Bien, c’était juste du théâtre alors. Et si lui était convaincu de cela, il en allait bien sûr de même pour les ministres de l’économie, du budget, le premier ministre, le président… en France et ailleurs… à la Commission européenne… Ca fait un peu cher le plan comm quand même.

Rappelons-nous avec quelle autorité ces personnes nous expliquaient que ces plans étaient sérieux, que la Grèce allaient retrouver le chemin de la croissance et nous rembourser, puis ensuite l’Irlande, le Portugal, et maintenant l’Espagne. Les rares économistes ou éditorialistes qui en doutaient passaient pour des Cassandres, des irresponsables. Ces plans ne tenaient pas la route, et ceux qui les mettaient en place le savaient dès le départ. Merci de cet aveu.

Mais n’accablons pas Pierre Lellouche, c’est pareil avec le gouvernement actuel. Attention, si les gouvernements se comportent avec une moralité aussi douteuse, tout ça va mal finir. D’ailleurs, le bank run qui s’étend progressivement en Europe traduit la défiance des citoyens envers leurs dirigeants et leurs discours lénifiants. C’est un peu l’équivalent de l’abstention dans les élections, mais ses effets sont beaucoup plus graves.

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Philippe Herlin

mardi 12 juin 2012

Alerte : le bank run s’étend à l’Europe et à la France !

Selon Le Figaro, qui reprend une dépêche Reuters, «En cas d'événement extrême, telle une sortie de la Grèce de la zone euro, les dirigeants européens envisagent de limiter les retraits d'argent «au moins en Grèce». Les accords de Schengen pourraient être suspendus.» Ce qu’il faut bien apprécier ici, c’est le «au moins en Grèce»… Ah bon ! Parce que d’autres pays pourraient aussi être concernés ? On sait qu’il y a, depuis des mois, un bank run larvé en Grèce (72 milliards d’euros depuis début 2010, début de la crise), et depuis quelques semaines en Espagne (chez Bankia notamment). Selon Reuters, l’Italie, autre pays en crise, a vu 30 milliards quitter ses banques. Mais la Belgique est également touchée avec 120 milliards (!!! une faute de frappe ?) sortis de deux banques, dont Dexia. La France est touchée, mais dans une moindre mesure, à hauteur de 90 millions d'euros, dont 30 millions pour BNP Paribas et autant pour Crédit agricole.

La panique bancaire commence à toucher l’ensemble des pays européens. Et les menaces des dirigeants européens de limiter les retraits et de suspendre Schengen pour contrôler les passages transfrontaliers ne peuvent qu’accélérer ce mouvement ! Rappelons que la solution que je préconise, à savoir la double circulation euro ET monnaie nationale réintroduite de façon négociée (pour la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne) permettrait d’éviter cela, chacun pouvant choisir de placer son épargne dans sa monnaie ou en euros. Au contraire, passer de l’euro obligatoire pour tous à la drachme obligatoire pour tous ne peut que générer de la panique. On demeure, dans les deux cas, dans une monnaie étatique, imposée par l’Etat, avec ce que cela suppose de contrôle des changes (qui est fondamentalement une atteinte à la liberté). Mais la double circulation suppose qu’une part de la souveraineté monétaire repose dans les mains des citoyens, et cela les Etats européens et la technocratie bruxelloise n’y sont pas prêts, malheureusement.

Et bien soit, le bank run va s’amplifier, la crise va s’étendre comme une traînée de poudre et deviendra vite incontrôlable par les Etats…

Philippe Herlin

lundi 11 juin 2012

Petit rappel : Dexia = Bankia

L’aide que l’Europe vient de décide d’apporter à l’Espagne s’élève à 100 milliards d’euros. Cette somme doit servir à Bankia ainsi qu’aux autres banques en difficulté. Un chiffre énorme bien sûr, mais rappelons-nous que l’aide apportée à la seule Dexia par la Belgique, la France et le Luxembourg se monte à 90 milliards d’euros (sous forme de garanties). Et la moitié de cette somme a déjà été consommée… Alors pourquoi les marchés ne s’inquiètent-ils pas pour ces pays ? Certes, l’essentiel de la charge est répartie entre deux pays, et non pas sur un seul. Cependant, ce chiffre de 90 milliards n’est pas un plafond puisque Dexia «porte encore 250 milliards d’euros d’actifs risqués» (L’Agefi) ! Non, ce qui semble mieux réussi de ce côté des Pyrénées c’est une chose : la communication. En Espagne, le gouvernement s’étonne de découvrir une perte, qui de surcroît grossit de semaine en semaine, et il commande des audits à des sociétés externes car il n’a confiance ni dans la banque, ni dans ses propres services. Résultat, personne n’a confiance en lui, ni les marchés, ni Bruxelles, d’où le plan d’aide. Au contraire, en France la technostructure de Bercy a su magistralement étouffer le scandale Dexia, balancer très tôt un chiffre élevé (90 milliards), et passer à autre chose («le déficit budgétaire de la France sera de 3% en 2013», voir le billet précédent). C’est brillant, c’est efficace, pour l’instant.

> le podcast de mon émission de radio avec Olivier Delamarche samedi 9 juin : partie 1, partie 2

Philippe Herlin

vendredi 8 juin 2012

«3% de déficit en 2013», le gag continue !

Les ministres des finances passent mais les déclarations fantasmagoriques continuent : après François Baroin, voici Pierre Moscovici qui nous promet un déficit ramené à 3% du PIB en 2013. Comme nous l’avions expliqué dans ce billet, le déficit structurel du budget de l’Etat ne se réduit nullement, et il est de l’ordre de 90 milliards d’euros, soit l’équivalent de 5% du PIB, ou plus exactement un déficit des recettes par rapport aux dépenses de 33 % (recettes 270 milliards, dépenses 360, déficit 90, soit 90/270=33%). D’ailleurs la tendance sur les quatre premiers mois de 2012 ne se modifie pas (59,9 milliards de déficit à la fin avril contre 61,4 un an plus tôt). En fait les deux ministres comptaient sur une très électoraliste prévision de croissance du PIB à 2% en 2013 et après. Non seulement ce n’était pas sérieux, mais en plus c’est la récession qui s’installe en France : la Banque de France prévoit -0,1% au deuxième trimestre, après 0% au premier. Conclusion le déficit budgétaire va augmenter en 2012, et encore plus en 2013. Les marchés n’ont pas intégré cette information, mais ça ne devrait pas tarder.

> Retrouvez moi à la radio avec Olivier Delamarche au «Journal des lycéens» de Hugues Sérapion (Radio courtoisie 95.6 à Paris) samedi de 12h à 13h30 (redif le même jour à 16h et minuit).
>> le podcast : partie 1, partie 2

Philippe Herlin

mardi 5 juin 2012

Le bank run des grandes entreprises

Au fait, on ne vous l’avait pas dit, mais le bank run a déjà commencé en France et en Europe ! Enfin, il n’y a pas de files d’attentes devant les agences bancaires, non, il concerne seulement, pour l’instant, les grandes entreprises. Parce qu’elles peuvent se le permettre. Comme l’explique cet article du Figaro, les grandes entreprises ont de moins en moins confiance dans le système bancaire et elles préfèrent déposer leurs liquidités où elles sont certaines de les retrouver, c'est-à-dire directement à la Banque centrale européenne (BCE) ! Certains groupes possèdent des banques (L’Oreal, Peugeot, Renault), ce qui rend la chose très facile, d’autres utilisent leur «pouvoir de négociation» («Nous disposons d'une banque qui nous permet de déposer nos liquidités à la BCE», précise-t-on chez Total). D’autres enfin acquièrent une licence bancaire (Siemens depuis 2010) ou cherchent à le faire (EADS). De grandes entreprises se font aussi des prêts entre elles, court-circuitant ainsi les banques. On apprend même au passage que certaines de ces entreprises profitent des LTRO (les prêts géants de la BCE destinés à aider le secteur bancaire), c'est-à-dire récupèrent de l’argent à 1% l’an, ce qui constitue une distorsion de concurrence qui ne semble gêner personne… Bref, les grandes entreprises européennes anticipent clairement des faillites bancaires et elles prennent leurs dispositions pour s’en protéger.

Mon interview vidéo pour Challenges «Et si la Grèce retournait à la drachme tout en gardant l'euro».

Philippe Herlin

jeudi 31 mai 2012

Comme en Espagne ou en Grèce, le chômage des jeunes en France dépasse 50 % !

C’est le chiffre choc du jour : 57% des jeunes diplômés (BTS ou plus) étaient sans emploi au mois d’avril dernier selon une étude de l’AFIJ, l’Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés (Le Figaro et communiqué de l’AFIJ). Une situation catastrophique, comparable à la Grèce ou à l’Espagne. Et les non-diplômés ne doivent pas être mieux lotis. Le chiffre étonne car on a l’habitude de considérer qu’en France le chômage des jeunes s’élève à environ 25%, soit un peu plus du double de la moyenne nationale, un chiffre déjà considérable. Mais il faut savoir qu’une grande partie des jeunes chômeurs passent à travers des statistiques (pour s’inscrire au chômage… il faut déjà avoir travaillé). Parmi ces 57%, presque la moitié d’entre eux (44%) a déjà travaillé, en général juste à la sortie de leur école, mais pour une durée très courte et ils sont, de fait, sans emploi aujourd’hui. Au-delà des difficultés récurrentes du marché de l’emploi, ce chiffre traduit une dépression de l’économie française qui n’annonce rien de bon. Le secteur automobile et celui de la construction sont déjà sur des pentes de l’ordre de -20%, il serait temps de se rendre compte que la récession menace.

Philippe Herlin