mercredi 22 février 2012

MES = Ponzi

Le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) vient d’être adopté par la France lors d’un vote à l’Assemblée nationale hier. Nous dirons à son propos exactement ce que nous avons dit sur le FESF dont il prend la suite : MES = Ponzi. En effet, comment fonctionne-t-il ? Des Etats en déficit et très endettés, mais encore capables d’emprunter sur les marchés à des taux satisfaisants (Allemagne, France essentiellement) interviennent en garantie de ce fonds pour qu’il puisse lever de l’argent sur les marchés. Ensuite le MES reprête ces sommes aux pays en difficulté (Portugal, Espagne, Italie, etc) en attendant qu’ils redressent leurs comptes publics… Le MES va ainsi acquérir des actifs de mauvaise qualité ou carrément pourris (bons du Trésor portugais, grecs, etc) et devenir une sorte de gigantesque subprime planant au-dessus de l’Europe. Et qui va acheter les emprunts émis par le MES pour se financer ? Les banques européennes. Le système tourne en rond, des Etats « viables » vers ceux qui ne le sont plus, le tout étant financé par les banques, c'est-à-dire notre épargne. Et pire encore, le FESF était placé sous le contrôle des Etats, tandis que le MES sera une organisation indépendante : même si la France (ainsi que l’Allemagne et l’Italie) dispose de la minorité de blocage, « une fois le protocole d'accord signé entre le pays demandeur et le MES, aucune action judiciaire ou administrative ne peut en effet être engagé contre le fonds et les conditions qu'il impose à ses débiteurs. » (JDD). On voudrait nous présenter le MES comme une sorte de « FMI européen », c’est faux. Le FMI n’agit pas comme une « bad bank » qui reprend à son compte les créances pourries mais, au contraire, organise une restructuration touchant tous les créanciers, le volume de ses prêts restant relativement faible. Tout cela va très mal finir.

Philippe Herlin