jeudi 31 mai 2012

Comme en Espagne ou en Grèce, le chômage des jeunes en France dépasse 50 % !

C’est le chiffre choc du jour : 57% des jeunes diplômés (BTS ou plus) étaient sans emploi au mois d’avril dernier selon une étude de l’AFIJ, l’Association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés (Le Figaro et communiqué de l’AFIJ). Une situation catastrophique, comparable à la Grèce ou à l’Espagne. Et les non-diplômés ne doivent pas être mieux lotis. Le chiffre étonne car on a l’habitude de considérer qu’en France le chômage des jeunes s’élève à environ 25%, soit un peu plus du double de la moyenne nationale, un chiffre déjà considérable. Mais il faut savoir qu’une grande partie des jeunes chômeurs passent à travers des statistiques (pour s’inscrire au chômage… il faut déjà avoir travaillé). Parmi ces 57%, presque la moitié d’entre eux (44%) a déjà travaillé, en général juste à la sortie de leur école, mais pour une durée très courte et ils sont, de fait, sans emploi aujourd’hui. Au-delà des difficultés récurrentes du marché de l’emploi, ce chiffre traduit une dépression de l’économie française qui n’annonce rien de bon. Le secteur automobile et celui de la construction sont déjà sur des pentes de l’ordre de -20%, il serait temps de se rendre compte que la récession menace.

Philippe Herlin

mardi 29 mai 2012

Accélération de la crise financière

Irrésistiblement, la crise financière se renforce en Europe, dans toutes ses dimensions. On connaît la situation catastrophique de la Grèce, qui fait face à un bank run larvé depuis des mois… attendons les élections du 17 juin pour savoir si la chute sera plus ou moins rapide. L’Espagne, elle, déjà mal en point avec Bankia (19 milliards à trouver), voit trois autres banques lui réclamer 30 milliards. Les Etats espagnol et italien voient leurs conditions d’emprunt se durcir, ce qui obère toute capacité de redressement futur. La dette privée est aussi mal en point, Moody’s prévoit qu’un quart des LBO en Europe feront faillite. Et la France ? Dexia va mal, très mal, puisque sur la garantie totale de 90 milliards d’euros mise en place par les Etats belges, français et luxembourgeois, 44 ont déjà été consommés ! Les médias se félicitent que les taux sur la dette française baissent, c’est (presque) vrai mais le spread avec l’Allemagne s’accroît (et cet indicateur est plus important), et les CDS montent depuis février et s’approchent de leurs records. La France n’est pas à l’abri, bien sûr. Le directeur général du Crédit Mutuel a affirmé : «Si un scénario catastrophe arrivait, nous serions le seul survivant». Cette déclaration est stupéfiante, et encore plus stupéfiante est l’absence de réponse des autres banques et des autorités.

Par ailleurs, voici le podcast de mon débat du 23 mai sur RFI « Union européenne : La croissance d’abord, les déficits après ? »

Philippe Herlin

mercredi 23 mai 2012

Conjurer le risque d’effondrement économique

La comparaison pourra paraître osée, mais elle me semble tout à fait pertinente. On a du mal à comprendre comment l’Europe a pu basculer entièrement et si rapidement dans la Première guerre mondiale. C’est que l’instrument qui avait assuré la paix pendant des décennies a été tellement bien perfectionné et étendu qu’il s’est retourné contre ses concepteurs : le système des alliances. La Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) faisait face à la Triple-Entente (France, Angleterre, Russie). Un parfait équilibre des forces. Mais un événement aux marges de cet ensemble (l’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914) déclenche l’apocalypse. L’empire austro-hongrois soupçonne la Serbie du meurtre de l’héritier du trône et lui déclare la guerre. Mais Belgrade est allié à la Russie… et ainsi se déclenche le système des alliances, et la guerre.

Disons-le clairement : avec l’euro nous sommes, nous Européens, embarqués dans un système comparable. Le danger n’est pas la guerre bien sûr mais l’effondrement économique (qui pourrait ensuite dégénérer…). L’équivalent du «système des alliances» c’est Target2 (lire ce texte), les liens croisés entre les différentes banques centrales européennes, auxquels il faut rajouter les créances des banques privées. L’incident «aux marges de l’empire» c’est la Grèce bien sûr. Economiquement tout le monde admet que la Grèce doit quitter la zone euro. Mais concrètement tout le monde craint, à juste titre, un enchaînement incontrôlable qui toucherait d’autres pays (Espagne, Italie) et ensuite évidemment toute l’Europe.

Que faire ? Laisser la Grèce sortir en catastrophe de la zone euro comporterait trop de risques. Il faut d’abord dénouer Target2 (pour le supprimer à terme tant ce mécanisme est malsain) et, surtout, sortir du «tout ou rien» (la Grèce dans l’euro sous perfusion ou rejetée sans ménagement) en adoptant une solution médiane : permettre la double circulation de l’euro et de la drachme en Grèce (pour plus de détails, lire ce texte). En somme, il faut d’abord se pencher sur le fonctionnement de l’euro avant de régler le problème grec, sinon la situation risque de devenir incontrôlable.

Philippe Herlin

vendredi 18 mai 2012

Bank run

Bank run, panique bancaire en français, voici l’élément qui accélère la crise de la zone euro, et peut lui donner une tournure incontrôlable. Jusqu’à maintenant la crise était «localisée» chez les Etats et les banques. Leurs dirigeants pouvaient se donner un peu de temps, échafauder des plans plus ou moins inefficaces mais qui permettaient de garder la situation à peu près sous contrôle. Les fonds d’aide (FESF, MES) et les prêts géants de la BCE (LTRO) donnaient l’illusion que la crise était contenue, même si cette débauche d’argent ne servait en réalité qu’à gagner du temps. Mais désormais c’est la population qui prend peur et se précipite dans ses banques pour retirer ses économies. En Grèce le mouvement est ancien (voir ce graphique de Zero Hedge), mais il s’accélère considérablement depuis l’échec des dernières élections, 1,2 milliards d’euros ont été retirés lundi et mardi, soit huit fois plus que la tendance moyenne antérieure. La BCE a cessé de soutenir certaines banques sous-capitalisées. Selon EconomieMatin, la banque espagnole Bankia serait aussi touchée, avec plus d’un milliard de retrait en une semaine. A court de liquidité, des banques risquent de tomber, renforçant le Bank run, et la crise deviendrait alors réellement incontrôlable et d’une exceptionnelle gravité. (Que faire ? Je rappelle ici ma proposition)

Philippe Herlin

jeudi 10 mai 2012

Quelles est la situation réelle des banques françaises ?

Nous avons déjà parlé de la situation très difficile que connaît Dexia, mais la situation empire et, selon Le Monde, «avec encore 400 milliards d'euros de bilan, le groupe franco-belge représente un risque de déstabilisation de l'ensemble du système bancaire européen». Les Etats actionnaires (Belgique, France, Luxembourg) vont devoir remettre au pot. Groupama ne va pas bien non plus. Et on apprend aujourd’hui que le Crédit immobilier de France (la banque des HLM) est au bord de la faillite. Le bilan serait sain, il s’agirait uniquement d’un problème de liquidité, on est rassuré. Et les autres ? «Il semblerait que les banques françaises, qui ont encore des problèmes de liquidité, soient allées lourdement au guichet de la BCE, juste derrière les espagnoles et les italiennes» selon un analyste du cabinet indépendant AlphaValue (L’Expansion). «Il semblerait» car les banques et les autorités refusent de communiquer sur ce sujet... Le Crédit Agricole, qui est engagé d’environ 30 milliards d’euros en Grèce à travers sa filiale Emporiki, doit avoir des sueurs froides en ce moment. Il serait utile de jouer la carte de la transparence, pour éviter de mauvaises surprises.

Par ailleurs, mon livre Repenser l’économie est «le livre dont je vous recommande la lecture de toute urgence» selon Yann Moulier Boutang pour la revue L’impossible. A lire ici.

Philippe Herlin

lundi 7 mai 2012

Retour à la réalité

Les Français ont voté : François Hollande est élu président de la République. J’avais exprimé, dans mon avant-dernier billet, un avis différent, qui n’aurait pas forcément changé grand-chose à notre avenir d’ailleurs. Mais quoi qu’il en soit, souhaitons-lui bonne chance. Notons également, au vu des résultats, que les bulletins «blancs et nuls» ont fait un bond, de 700.000 au premier tour à 2,1 millions au second tour, soit un triplement (ils représentent le double de l'écart entre les deux finalistes) ! En les comptabilisant, on voit que François Hollande fait 48,63%, Nicolas Sarkozy 45,57%, les blancs et nuls 5,80%. Le président élu est minoritaire chez les votants. Pas terrible.

Retour à la réalité donc avec Angela Merkel qui explique que la renégociation du pacte budgétaire européen n’est pas possible, avec la Grèce qui risque d’être ingouvernable suite aux élections générales d’hier, et avec l’Espagne qui va renflouer ses banques. Il faudrait une rupture de politique économique pour inverser «l’impressionnante dégradation tendancielle de la situation économique de la France» comme l’explique très bien cette note de Natixis. Oui, vraiment, bon courage Monsieur le Président !

Philippe Herlin

vendredi 4 mai 2012

Perdu : 1000 milliards d'euros. Ecrire au journal qui transmettra.

Mon texte pour le nouveau site EconomieMatin : Perdu : 1000 milliards d'euros. Ecrire au journal qui transmettra.

Pour compléter ce texte sur les LTRO (les deux prêts géants à 1% sur trois ans de la BCE aux banques), on indiquera que ce sont les banques les plus mal en point qui ont emprunté le plus d’argent à la BCE. Les banques italiennes ont emprunté le quart de ces 1.000 milliards d’euros. Les banques espagnoles auraient emprunté 36% du second LTRO du 29 février (d’un total de 529 milliards d’euros), on ne dispose pas de chiffre pour le premier, celui du 21 décembre. Quand on sait que même Dexia, une banque en faillite soutenue à bout de bras par la Belgique, la France et le Luxembourg, a accès à ces LTRO, on peut s’inquiéter ! En fait on peut déjà considérer qu’un grand nombre de banques seront dans l’incapacité de rembourser la BCE. Pas grave, elle fera encore tourner la planche à billets !

Philippe Herlin

mardi 1 mai 2012

Y-a-t-il des économistes qui soutiennent (ouvertement) Nicolas Sarkozy ?

Y-a-t-il des économistes qui soutiennent (ouvertement) Nicolas Sarkozy ?, mon nouveau texte pour Atlantico. J'ai considéré que je devais prendre mes responsabilités, mais bon, comptez d'abord sur vous... et achetez de l'or !

Philippe Herlin