jeudi 6 septembre 2012

BCE : la fuite en avant

La conférence de presse très attendue de Mario Draghi vient de se terminer (Les Echos). Deux choses à retenir, et qui sont très inquiétantes pour l’avenir :
1) La BCE continuera d’intervenir sur le marché de la dette, mais elle va accélérer la cadence : elle achètera des obligations d'Etat de maturité allant de 1 à 3 ans et ne fixera « pas de limite quantitative » à ces achats.
2) La BCE renoncera à son statut de créancier privilégié sur les obligations d'Etat qu'elle achètera sur les marchés.

La planche à billets continue de plus belle ! Le bilan de la BCE, qui est déjà démesuré (il représente 32% du PIB de la zone euro ! voir cet article) va encore enfler. Il va se remplir d’actifs pourris, autrement dit de bons d’Etats qui sont insolvables (Grèce, Espagne) ou en grande difficulté (Italie). Et bien sûr, un jour ou l’autre, il faudra enregistrer des pertes. Des pertes abyssales, à la mesure de ce bilan démesuré.

Mais, deuxième « nouveauté » de la journée, la BCE renonce à son statut de créancier privilégié, ce qui veut dire qu’en cas de restructurations (inévitables, car les pays en difficulté ne pourront pas rembourser), la BCE encaissera la perte comme tous les autres détenteurs, alors que pour la Grèce elle était passé à travers. Vu la taille de son bilan, la BCE tombera automatiquement en faillite… à moins que les Etats actionnaires ne compensent la perte, et ils y seront obligés car une banque centrale en faillite fait tomber tout le système monétaire et financier. Et qui paiera ? Le contribuable, bien sûr. Mais cela, Super-Mario ne l’a pas expliqué.

Philippe Herlin