mardi 4 décembre 2012

L'argent sale aussi soutient l’économie...

L'Union européenne lutte-t-elle vraiment contre les trafics et le blanchiment d'argent sale ? On peut en douter lorsqu'on aborde la récurrente question de la disparition de la coupure de 500 euros. Quasiment jamais utilisée dans la vie courante (qui parmi vous en a déjà vue ? tous les commerçants la refusent), une agence criminelle anglaise, la Serious Organised Crime Agency a annoncé en 2011 que «90 % des coupures de 500 euros distribuées au Royaume-Uni sont dans les mains d'organisations malfaisantes» (Wikipedia). Selon un officier de la PJ, «La plus grosse coupure en euros n'est plus guère utilisée que dans les transactions ou s'illustre le crime organisé». La totalité des billets de 500 euros dans l’UE représente 288 milliards d'euros, soit le tiers de la valeur totale des billets en circulation (Le Figaro en 2012 et en 2010) ! Ces presque 300 milliards d’euros représentent donc de l’argent criminel (trafic de drogue essentiellement), une partie seulement bien sûr car les réseaux bancaires offshores sont aussi utilisés par les organisations mafieuses. Les Etats-Unis et le Canada ont depuis longtemps abandonné leurs coupures de 1000 dollars, mais en Europe on en parle depuis des années sans rien faire. Il serait pourtant facile de régler ce problème, il suffirait de suspendre la circulation de cette coupure et d'obliger leurs détenteurs à les ramener à leurs banques... La disparition de cette coupure ne va pas supprimer les trafics criminels bien sûr, mais on n'est pas obligé de leur faciliter la tâche ! De quoi la commission de Bruxelles a-t-elle peur ? Des dirigeants politiques en touchent une partie ? On n’ose y penser. Autre explication, étant donné la somme en jeu, ces 288 milliards d’euros représentent tout de même 3% du PIB de la zone euro (8729 milliards d’euros en 2010, Insee), lutter frontalement contre cet argent sale comporterait des risques de récession ! Bon, on attendra le retour de la croissance…

Philippe Herlin