jeudi 31 juillet 2014

La montagne de produits dérivés de la Deutsche Bank commence à inquiéter les autorités américaines

Mon nouvel article pour GoldBroker : La montagne de produits dérivés de la Deutsche Bank commence à inquiéter les autorités américaines (et en anglais)

Autrement, j'ai été interviewé par Challenges à propos du bitcoin.

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Philippe Herlin

lundi 21 juillet 2014

Pourquoi il faut être libéral-conservateur

Dans le cadre de ma candidature à la présidence de l’UMP, j’étais l'invité de l’UMP de Guingamp (Côtes-d’Armor) samedi 19 juillet pour m’exprimer sur le positionnement à adopter sur les questions économiques et politiques. Voici l’intégralité de l’intervention que j’ai pu développé devant les militants réunis dans une atmosphère cordiale et stimulante.


1ere partie : le libéralisme économique

Les grands partis de droite en Europe se définissent comme « libéraux-conservateurs », mais en France cette dénomination pose problème, pour de multiples raisons. Voyons-en le premier terme, le libéralisme économique, le second fera l’objet de notre prochaine intervention.

« Libéral » est un mot piégé, dangereux à utiliser, honteux pour beaucoup, y compris à droite. Faut-il d’ailleurs s’en réclamer à 100% ? Ne faut-il pas un peu de protectionnisme ? L’Etat ne doit-il pas réguler la vie économique ? Nombreux sont, à droite, ceux qui le pensent. Moi je souhaite redonner toute sa noblesse à ce terme et affirmer que l’on doit être fier de s’en prévaloir.

La discussion sur ce sujet est difficile : libéral est un mot vicié et déformé par des années de propagande, et pour l’enlaidir ses adversaires ont inventé le terme d’ultralibéral, pour sous-entendre que ceux qui défendent ces idées sont des extrémistes, des fanatiques.

L’argument le plus souvent lancé par ses opposants est que « le libéralisme (ou le capitalisme) c’est la loi de la jungle ». On voudrait rappeler ici que la libre concurrence c’est précisément le contraire de la loi de la jungle. La loi de la jungle c’est la loi du plus fort (par exemple le marché de la drogue où le caïd le plus fort élimine les autres). La libre concurrence est basée sur la loi : le droit de propriété, le droit des contrats, le droit de propriété intellectuelle, etc. ce qui permet à une startup de concurrencer de grandes entreprises. D’ailleurs nombre de grandes entreprises d’aujourd’hui sont de création récente (spécialement aux Etats-Unis où la concurrence est forte), ce qui démontre que la libre concurrence permet aux petites structures qui réussissent de grandir rapidement.

Le libéralisme est inséparable de la loi, du droit de propriété, de l’équité, c'est-à-dire d’une société civilisée où chacun a sa chance.

L’autre critique frontale contre le libéralisme, qui est liée, c’est la « mondialisation » qui est décrite en général comme un mélange de l’Apocalypse et des Dix plaies de l’Egypte… La mondialisation est devenue le bouc-émissaire de tout ce qui va mal, c’est très pratique.

Mais quelqu’un connaît-il une autre voie pour la croissance et le progrès ? Tous les systèmes centralisés ont échoué, l’histoire l’a montré. C’est le capitalisme qui assure le développement. Ne sortons pas une batterie de chiffres, mais constatons simplement que le continent asiatique, très peuplée et dépourvu de matières premières, est sorti de la pauvreté et connaît une forte croissance, et ce dans tous les pays au fur et à mesure qu’ils abandonnaient leur économie centralisée. Au contraire le continent africain, hormis plusieurs exceptions il faut le signaler, ne sort pas du sous-développement parce que le capitalisme ne s’y implante pas. Et, dans le monde, les pays qui recentralisent, qui instaurent un contrôle des changes, etc. sombrent dans la récession, on le voit fréquemment en Amérique du Sud (Venezuela, Argentine). Faut-il pour autant parler béatement de « mondialisation heureuse » ? Non bien sûr, il s’agit d’une compétition très dure, et ceux qui ne s’y préparent pas le payent cher. C’est le cas de la France qui, malgré des réussites ponctuelles, ne parvient pas à s’adapter à cette compétition.

Cette concurrence très dure justifie-t-elle que l’on puisse faire du protectionnisme ?

Ses défenseurs parlent de « protectionnisme intelligents ». La formule est habile, mais fausse : ce qui favorise l’intelligence c’est la liberté, pas le fait d’imposer des contraintes arbitraires.

Plus concrètement, le problème de la concurrence dite déloyale (qui est invoquée pour justifier le protectionnisme) est la plupart du temps vu à travers le prisme du coût du travail, nettement inférieur dans les pays émergents, c’est vrai. Mais celui-ci ne constitue qu’une partie du coût total, et d’autant plus faible que l’intensité capitalistique est élevée. Ce qui permet de prendre des parts de marché à l’international, ce qui permet la croissance, ce qui permet des salaires élevés et en progression c’est cela, l’investissement productif, qui « enrichit » le travail, et certainement pas les protections douanières, qui ont plutôt tendance à « endormir » les acteurs locaux…

Ne soyons cependant pas naïfs, il existe bien sûr de la concurrence déloyale. Mais la lutte contre la concurrence déloyale doit se faire au nom de l’équité et de la réciprocité. La Chine enfreint souvent la propriété intellectuelle, il faut répliquer clairement et immédiatement, au niveau français et européen, à l’OMC et au niveau diplomatique, il ne faut pas hésiter à engager un rapport de force. Autre exemple, on peut ouvrir en partie nos marchés publics, mais uniquement aux pays qui ouvrent les leurs à nos entreprises.

Le protectionnisme est souvent avancé comme solution, mais le problème de l’instauration de droits de douanes ou de quotas est que l’on s’expose automatiquement à des contre-attaques : on oblige les pays qui subiront ces protections à répliquer et à taxer à leur tour certaines de nos productions, ce qui suscitera la grogne de plusieurs industries nationales !

Une autre cause de nos difficultés dans la mondialisation serait « l’euro fort ». L’euro serait surévalué et gênerait ainsi la compétitivité de nos entreprises.

Mais lier la compétitivité de notre industrie à notre taux de change constitue une erreur fondamentale. La compétitivité est de nature intrinsèque (intensité capitalistique, innovation, réactivité, coût du travail, qualité de la main d’œuvre, etc.), le taux de change est un facteur extérieur et volatile.

Dans les années 50, 60 et 70 une dévaluation du franc entraînait une amélioration du solde commercial pour une raison bien simple : à l’époque il n’existait pas de pays émergents (hormis le Japon) ! Les prix des produits français passaient donc en dessous de ceux de nos concurrents. Désormais, même en dévaluant, nous serons toujours plus chers que les pays émergents. La solution c’est l’investissement, la montée en gamme, l’innovation, et une diminution du coût du travail (la partie charges, pas le salaire net). La « dévaluation compétitive » est un mythe qui appartient au passé (et qui nous aura coûté cher puisqu’elle n’a pas incité l’industrie française à monter en gamme, même s’il existe des exceptions comme Airbus ou le luxe).

L’Allemagne à l’époque du mark a toujours eu une monnaie forte, la Suisse également, cela ne les empêche pas d’avoir une industrie puissante et un chômage faible (la part de l’industrie dans le PIB est plus élevée en Suisse qu’en France, un pays où les salaires nets sont élevés et les charges sociales faibles ; voici un exemple à suivre !).

L’autre accusation fondamentale contre le libéralisme serait qu’il est responsable de la crise. Les marchés financiers dérégulés seraient à l’origine de la crise des subprimes en 2008, qui est devenu une crise mondiale, dont nous ne sommes pas sortis, loin de là. Cela est répété à longueur de journée dans les médias.

Il faut faire un sort à cette fable.

Cette démonstration demanderait plus que quelques lignes (notamment rappeler les fondements de l’école autrichienne), mais synthétisons.

Contrairement à ce que l’on croit, c’est l’intervention de l’Etat qui a provoqué la crise de 2008, par deux actions qui se sont renforcées l’une l’autre :
1) Le gouvernement fédéral (sous Clinton) a encouragé l’accession à la propriété, en luttant contre les « discriminations (Community Reinvestment Act), et en donnant la garantie du Trésor aux agences publiques (Fannie Mae, Freddie Mac) chargées de recycler les prêts hypothécaires.
2) La banque centrale (la Fed) a baissé son taux d’intérêt à presque zéro suite à l’éclatement de la bulle Internet début 2000, et suite aux attentats du 11 septembre 2001. Elle craignait un ralentissement économique et elle a baissé son taux directeur pour rendre le crédit moins cher et faciliter ainsi l’investissement. Ce faisant la Fed manipule le taux d’intérêt, qui n’est plus fixé par le marché, mais sert à influencer le marché justement.

La baisse des taux a ainsi profité essentiellement au marché immobilier et le volume des crédits hypothécaires a explosé. Au même moment une innovation financière a permis de « compacter » ces crédits pour les revendre en bloc à des investisseurs (les fameuses subprimes). Quand le marché immobilier a commencé à se retourner en 2006, que le taux de défaut à grimpé, la machine s’est grippée et a explosé à l’occasion de la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008.

Et comment les banques centrales ont réagi depuis ? En rabaissant à zéro leur taux directeur, et en faisant tourner la planche à billets (le « Quantitative easing » de la Fed) ! Le prétexte avancé est de soutenir l’investissement et les dépenses des consommateurs, mais ça ne marche pas, comme le montre la croissance quasi nulle en Europe, au Japon, et aux Etats-Unis (-2,9% au T1 !). Par contre, cette fausse monnaie crée des bulles (sur les actions, les obligations d’Etat, les matières premières). Nous ne sommes pas sortis de la crise, et nous sommes mêmes en train de préparer la prochaine. Mais gageons que les médias la mettront aussi sur le dos du capitalisme !

Il y a un phénomène qu’il faut bien comprendre, et qui a été mis en lumière pas la crise des subprimes, c’est le « capitalisme de copinage » (crony capitalism) ou « capitalisme bureaucratique » (Nassim Taleb parle de « modèle harvardien à la soviétique »…), c'est-à-dire les liaisons incestueuses entre l’Etat et les grandes entreprises, avec l’objectif de constituer des rentes. Ce phénomène a toujours plus ou moins existé, mais il prend actuellement une ampleur inquiétante. Et surtout il concerne le secteur financier, qui occupe une position centrale dans l’économie. Il y a un triangle ‘Etat-banque centrale-grandes banques’ extrêmement nocif… et qui nous prépare la prochaine crise.

L’euro, par exemple, ce n’est pas un projet « libéral », ou ultralibéral comme le disent certains. C’est une construction bureaucratique, bancale d’ailleurs, comme tout le monde le voit (le problème Target2, ce n’est même pas une vraie monnaie unique du fait de l’existence d’un réseau de banques centrales à côté de la BCE et qui peuvent avoir des politiques différentes…). L’approche libérale, elle était défendue à l’origine par les Anglais qui voulait que l’euro se superpose aux autres monnaies pour se « diffuser » progressivement dans les économies, certains pays pouvant alors choisir de basculer complètement dans cette nouvelle monnaie. Ce n’est malheureusement pas cette voie pragmatique qui a été choisie (mais elle peut constituer selon moi une voie de sortie de crise, c'est-à-dire permettre la réintroduction de devises nationales tout en laissant circuler l’euro).

Alors que faut-il faire ? Ceux qui dénoncent l’ultralibéralisme et la mondialisation n’ont pas de mot assez durs contre l’austérité, elle aussi affublée de tous les maux. Mais voici encore un mot dont le sens a été perverti.

Quand l’Etat parle d’austérité, on croit au premier abord qu’il va se l’appliquer à lui-même, mais ça se termine toujours en hausse d’impôts ! En fait les dépenses publiques en France n’ont jamais diminué depuis la crise, elles n’ont cessé d’augmenter depuis 1974 (date du premier déficit budgétaire).

Et même elles continuent de façon masquée, notamment avec les PPP (Partenariat-public-privé) qui sont de la dette hors-bilan (la dette est prise en charge par le PPP qui reçoit en échange de l’Etat ou de la collectivité un loyer sur 20 ou 30 ans). C’est comme cela que sont financés des projets pharaoniques et stupides économiquement comme le Grand Paris (30 Mds), les éoliennes en mer (20 Mds), le tunnel Lyon-Turin (26 Mds). Toute cette dette n’apparaît pas dans la dette publique !

L’austérité pour moi c’est la diminution des dépenses publiques. Et la dépense publique aujourd’hui c’est 1.151 milliards d’euros (selon l’Institut Montaigne). Pour un PIB de 2.054 milliards d’euros, soit 56%... Et il faut commencer par s’attaquer à la dépense publique, parce que promettre des baisses d’impôts, tout le monde peut le faire, mais les financer…

L’objectif que l’on doit poursuivre consiste à redonner des marges de manœuvre aux entreprises et aux personnes pour leur permettre de décider elles-mêmes la manière dont elles vont dépenser l’argent qu’elles gagnent. A l’heure actuelle, la dépense publique représente 56% du PIB, et les prélèvements obligatoires environ 46 % (l’écart entre les deux correspond aux déficits public de l’Etat de la sécu et des collectivités locales, ainsi qu’à certaines recettes non fiscales). Il faut de rééquilibrer la dépense publique et les prélèvements obligatoires, en pratiquant un rééquilibrage par le bas. Ceci fait, je préconise de continuer la diminution jusqu’à environ 35 % du PIB, soit en dessous de l’Allemagne, et qui était le chiffre à l’époque de Georges Pompidou.

Comment faire ? En repositionnement l’Etat sur ses missions régaliennes : justice, police, armée, et en faisant en sorte qu’il intervienne le moins possible ailleurs (je précise que pour l’éducation l’école publique demeurera, bien sûr, mais que je défends le chèque scolaire).

Ensuite, comment concrètement diminuer les dépenses publiques ? Il ne faut pas avoir une vision uniquement comptable et diminuer petit à petit les dépenses sans rien changer par ailleurs. Il est impératif, dans le même temps, de donner plus de liberté et d’opportunités aux gens. Voici la démarche, je vais prendre l’exemple du logement. Les dépenses publiques concernant le logement se montent à environ 44 milliards d’euros par an (selon l’Institut Montaigne), je propose de les ramener à zéro ou presque. Il faut arrêter les programmes de « rénovation urbaine » type ANRU, les aides diverses, la loi SRU obligeant les communes à construire 25% de logement sociaux, etc. Dans le même temps il faut nettement assouplir et simplifier le droit foncier pour que les propriétaires puissent construire, il faut vendre progressivement le parc HLM, et il faut renforcer les droits des propriétaires face aux locataires mauvais payeurs (on estime qu’il existe un million de logements vides, du fait qu’il est quasiment impossible d’expulser les mauvais payeurs). Actuellement le logement social est environ 30% moins cher que le secteur privé, mais avec cette politique, il y aurait un afflux de nouvelles offres (constructions, HLM vendus, logements vides remis en location) qui ferait facilement baisser les prix… de 30%. Cette fois ce serait moins cher mais pour tout le monde et pas seulement pour ceux qui peuvent bénéficier de logements sociaux ! Et à côté je considère que l’Etat doit garder un peu de logement social pour éviter que des personnes sans ressources puissent se retrouver à la rue, mais elles seraient aidées, devraient suivre une formation, rechercher un emploi, etc.

La logique est la même avec les subventions aux entreprises et à l’emploi, qui représentent environ 83 milliards d’euros par an (suppression des 35h, simplification et assouplissement du droit du travail). On en est déjà à 127 milliards d’économies (44+83) pour deux postes de dépense seulement. Et il y en a bien d'autres.

Le principe ensuite c’est que les économies de dépense publique sont partagées en deux : une moitié pour réduire les déficits, une moitié rendue aux Français sous forme de baisses d’impôts, de taxes et de charges. Et une fois que l’on est parvenu à l’équilibre budgétaire, on continue bien sûr, et à ce moment là, la totalité des économies réalisées et consacrée aux baisses d’impôts.

Lorsque l’on sera revenu à 35% de dépense publique par rapport au PIB, on ne se posera plus la question de l’euro fort, de l’ultralibéralisme, des « horreurs » de la mondialisation, etc. La France sera redevenue compétitive et le chômage aura disparu.

Pour terminer, je reviens au problème soulevé au départ : pourquoi en France la droite a du mal à s’affirmer libérale ?

Je crois que la raison provient d’un moment clé de notre histoire, une période troublée, et que je désignerai par un élément bien connu, même s’il ne s’y réduit pas : le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) de 1944.

Là on touche aux tables sacrées de la République ! Mais allons-y. Le programme du CNR a été largement influencé par le Parti Communiste mais, et c’est tout le problème, il a été signé par le Général De Gaulle. Il ne pouvait pas vraiment faire autrement face à une organisation qui n’aurait pas hésité à plonger la France dans la guerre civile, mais laissons là l’aspect proprement historique.

On peut y lire, par exemple la nécessité du « retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques ». C’est tout le programme des nationalisations d’après-guerre. Et ce programme est mis en place par le premier gouvernement De Gaulle, qui comprenait des ministres communistes qui mettront en place la sécurité sociale, le statut des fonctionnaires (au passage je suis pour sa suppression et le passage au droit du travail commun, sauf pour les fonctions régaliennes).

L’étatisme français est né à ce moment-là, à la Libération, un moment fondateur évidemment, mais qui a été détourné et perverti par les communistes. Avant la France était un pays relativement libéral, on l’oublie.

Mais on comprend les réticences de l’homme de droite qui, lorsqu’il affirme un peu trop ses convictions libérales, se voit opposer « l’esprit » du programme du CNR, comme un rappel à l'ordre.

De là vient aussi toute la confusion entourant le terme de « gaullisme social », une formule creuse mais qui cherche à justifier l’étatisme économique. Pourtant, on l’oublie, mais après son retour en 1958, le Général De Gaulle fut relativement libéral, et il veilla toujours à équilibrer le budget de la Nation.

Cette gangue étatique ne s’est pas fait sentir durant les années 50 et 60, de par la forte croissance économique (merci le plan Marshall, merci la « mondialisation » et la concurrence internationale de l’époque, merci le bas niveau des impôts et les comptes publics à l'équilibre). Mais depuis la crise des années 70, la France crève littéralement progressivement de ces archaïsmes.

Je le dis clairement, il faut briser ces Tables de la Loi, déchirer symboliquement cette idéologie cryptocommuniste qu’est le programme du CNR. Il faut sortir de cet étatisme malheureusement désormais défendu peu ou prou par l’ensemble de la classe politique. C’est seulement une vraie politique libérale qui sauvera l’économie française.


2e partie : le conservatisme politique

Dans ma première intervention j’ai abordé la question du libéralisme économique, voyons maintenant le conservatisme politique.

Comme pour le libéralisme, la droite a un problème de positionnement par rapport aux « valeurs », par rapport aux « questions de société ». Mais avant de vouloir répondre « il faut être plus/moins à droite », défendre telle mesure, etc., il faut bien comprendre que ce débat est mal posé dès le départ, et ce pour deux raisons :
1) Premièrement, comme pour le terme « libéral », mais là c’est encore plus évident, les mots sont viciés, manipulés, ils sont à manier comme de la dynamite. Aussitôt avez-vous dit que vous souhaitez diminuer l’immigration que l’on vous traite de raciste, à peine vous êtes vous inquiété de l’emprise de l’islam en France que l’on vous accuse de vouloir la guerre civile, etc. la liste est longue. Cet état de fait mériterait une conférence elle seule, mais disons pour synthétiser qu’elle provient de l’emprise intellectuelle et médiatique de la gauche. Heureusement elle commence à se fissurer, mais elle demeure très forte, notamment chez des responsables politiques amenés à s’exprimer régulièrement dans les médias et qui savent qu’un mot de travers peut stopper net leur carrière. Mais ce « terrorisme intellectuel », pour reprendre la formule de Jean Sévilla, vient aussi d’une droite qui a largement abandonné le terrain du débat d’idées et qui est apeurée face à la gauche.
2) Deuxièmement, le débat sur le positionnement est mal posé parce qu’il est trop autoréférentiel, on se regarde trop le nombril, ainsi que celui du Centre, on prend des positions dans un jeu politicien mais sans s’intéresser à ce que veulent les Français. Le petit monde politique est trop déconnecté de la réalité.

Alors il faut revenir au réel, c'est-à-dire chercher à comprendre ce que veulent les Français, sans se soucier du qu’en dira-t-on.

Si l’on prend les deux dernières élections présidentielles, on comprend bien que la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 tient à un discours clairement de droite ainsi qu’à la « rupture », c'est-à-dire une volonté de réaliser des réformes structurelles.

On comprend également la déception de son électorat avec son ouverture à gauche, le passage du Traité constitutionnel (pourtant refusé par le référendum de 2007), ainsi que l’absence de vraies réformes (35 heures notamment), même s’il y a eu quelques timides et ponctuelles avancées (le statut d'autoentrepreneur, loi sur la grève dans les services publics, loi sur l’autonomie des universités…), mais ce sera au final largement insuffisant (et je ne cite pas la pseudo réforme des retraites qui prolonge le système par répartition, y compris les régimes spéciaux, et n’ouvre aucune possibilité à la capitalisation, le tout étant discuté par les syndicats non représentatifs, l’Assemblée étant chargée de valider sans avoir son mot à dire ; un scandale).

On comprend aussi que le repositionnement à droite de la campagne de 2012 n’a pas suffisamment porté ses fruits. Bien sûr, encore aurait-il fallu donner des gages entre 2007 et 2012 !

Un certain nombre de leaders de la droite attribuent à cette « droitisation » (la « ligne Buisson ») l’échec de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle de 2012. C’est bien sûr absurde. Il faut revenir aux chiffres : durant l’année 2011, il est talonné par Marine Le Pen dans les sondages, on l’oublie, et il décolle vraiment durant la campagne : il terminera 10 points devant la candidate du FN.

Et pour le 2e tour il faut bien avoir ces chiffres à l’esprit : Nicolas Sarkozy accuse un retard sur François Hollande de 1,1 million de voix… et il y a 2,1 millions de bulletins blancs et nuls. Ce ne sont pas les électeurs de François Bayrou qui se sont abstenus, d’ailleurs il n’en avait pas autant, mais bien ceux de Marine Le Pen qui ne voulaient pas se faire avoir comme en 2007. Si Nicolas Sarkozy avait mené la politique sur laquelle il a été élu en 2007, il aurait été réélu sans problème.

Quittons le domaine des élections et prenons un indicateur, plus exactement une enquête d’opinion, il s’agit du « baromètre de la confiance politique » du Cevipof. Il s’agit d’un sondage, et chacun sait qu’il faut les prendre avec des pincettes. Mais celui-ci possède une vraie qualité intrinsèque parce qu’il est fait tous les ans, les mêmes questions sont posées à chaque fois, et donc les tendances révèlent vraiment quelque chose, plus qu’un sondage ponctuel.

Et le résultat est éloquent : on assiste à une forte droitisation de l’électorat. L’enquête fait 80 pages mais prenons quelques éléments saillants (page 55) :
- Etes-vous d’accord avec la phrase « Il y a trop d’immigrés en France » passe de 49% d’acceptation en décembre 2009 à 67% en décembre 2013 (les deux tiers des Français).
- Etes-vous d’accord avec la phrase « Il faudrait rétablir la peine de mort » passe de 32% en 2009 à 50% en 2013 (une question pourtant pas débattue, même occultée) !

D’ailleurs, pour revenir à l’intervention précédente, les Français croient de moins en moins à l’intervention de l’Etat dans l’économie (page 58) : Pour faire face aux difficultés économiques, pensez vous qu’il faut « que l’Etat fasse confiance aux entreprises et leur donne plus de libertés » passe de 41% en 2011 à 59% en 2013 ! Et à l’inverse « que l’Etat les contrôle et les réglemente plus » chute de 58% en 2011 à 38% en 2013.

C'est une évidence, les Français deviennent de plus en plus libéraux-conservateurs !

Un autre élément à prendre en compte, un fait « historique » désormais, qui témoigne de cette droitisation, c’est bien sûr l’immense succès de La Manif Pour Tous.

Mais le positionnement libéral-conservateur est malheureusement très peu répandu en France. On constate que plus le responsable politique est à droite sur les questions de société, plus il est favorable à l’intervention de l’Etat dans l’économie, et plus il est libéral en économie, plus il l’est aussi sur les valeurs… C’est tout le dilemme de la droite. Le FN s’est également « rangé » dans ce schéma depuis que Marine Le Pen en a pris la direction et est devenu conservateur-étatiste.

Le grand « coup » à faire, la meilleure façon de rebattre les cartes, de court-circuiter les médias, et surtout de faire ce que veulent les Français, c’est cela : devenir franchement et fièrement libéral-conservateur !

La CDU en Allemagne ou les Conservateurs au Royaume-Uni possèdent une solide tradition libérale-conservatrice (bon, Cameron a fait le mariage gay mais il l’a payé très cher électoralement). La droite française, elle, est depuis toujours divisée, protéiforme. Elle n’incarne pas une tradition mais attend en permanence l’homme fort du moment qui la mènera au pouvoir. Mais une fois au pouvoir, celui-ci déçoit le plus souvent, à cause de ce manque de tradition, d’enracinement dans un socle de valeurs, de maîtrise intellectuelle des enjeux de société. La reconstruction de la droite passe selon moi, en conséquence, par un solide ancrage dans la tradition libérale-conservatrice.

Philippe Herlin

jeudi 3 juillet 2014

Election du Président de l’UMP, c’est parti !

Hier, la "haute autorité" de l’UMP a communiqué le calendrier de l’élection du Président de l’Union : les opérations de parrainage (ou de "présentation") des candidats commenceront officiellement le 29 août, mais d’ici là vous pouvez signer la promesse de parrainage de ma candidature.

Enfin l’événement hier c’était surtout l’intervention de Nicolas Sarkozy, bien sûr. Le procès qu’on lui fait est purement politique et digne d’une république bananière. Rappelons rapidement le fond de l’affaire : le supposé financement de sa campagne présidentielle de 2007 par Khadafi. Mais lorsque la France a déclaré la guerre à la Libye en 2011, Khadafi aurait eu toutes les raisons d’apporter les preuves de ce financement de façon à gêner celui qui le bombardait. Mais il n’en a rien fait et c’est seulement le site Mediapart, entre les deux tours de la présidentielle de 2012, qui a balancé un soi-disant document l’attestant… Cela a néanmoins suffit à des juges pour sortir l’artillerie lourde des écoutes prolongées, de l’ancien président comme de son avocat, des juges dont certains sont membres du Syndicat de la magistrature, les auteurs du fameux "mur des cons". Dans sa lettre au Français du 20 mars juste avant le premier tour des élections municipales, Nicolas Sarkozy avait évoqué la Stasi, le service d’espionnage du régime est-allemand, il a parfaitement raison. Dans ce combat contre le pouvoir socialiste relayé par les gauchistes infiltrés dans la magistrature, je le soutiens à 100%. S’il décidait de briguer la présidence de l’UMP, évidemment cela bouleverserait tout, mais attendons que les décisions soient prises. En ce qui me concerne, les idées que je défends (libéral-conservateur et favorable à des accords locaux avec le FN) ne le sont par personne d’autre, jusqu’à preuve du contraire, j’irai donc jusqu’au bout.

Autrement, voici mon nouveau texte pour GoldBroker : Effondrement de la croissance américaine au premier trimestre: -2,9% ! (et en anglais)

Philippe Herlin

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