Une guerre feutrée se livre dans les coulisses des lieux de pouvoir, celle des Etats contre les agences de notation. La dégradation de la note d’un pays a de graves conséquences, on le sait, d’un renchérissement significatif des emprunts à la crise de confiance. Pour se libérer de cette menace, Bruxelles commence à entraver le business des agences de notation, et même à les taper au portefeuille, suivant en cela l’exemple de Washington. Après les avoir placées (pour janvier 2011) sous la supervision de la future autorité européenne des marchés financiers, l’Europe réfléchit tout haut pour imposer de nouvelles règles de transparence, selon Le Monde, « Etant donné l'importance et les spécificités des notations souveraines, il pourrait être justifié d'augmenter le niveau de transparence et d'ajouter des obligations spécifiques que les agences devraient respecter ». En outre, les agences pourraient être obligées de publier gratuitement l'intégralité de leur rapport (lorsqu’elles dégradent un pays) et ne plus être rémunérées par les pays qu’elles notent. On ne va pas défendre ici les agences de notation (un oligopole, n’ont rien vu des subprimes, en conflit d’intérêt intrinsèque puisqu’elles sont rémunérées par ceux qu’elles notent), mais tout de même, casser le thermomètre, même imprécis, ne constitue pas une solution. Et lorsque l’on donne des leçons de transparence, il faut montrer l’exemple, or on vient d’apprendre que la BCE a refusé de divulguer des documents internes montrant comment la Grèce a utilisé des instruments dérivés pour cacher sa dette… La confiance ne reviendra pas sur les marchés sans la transparence, et personne ne doit s’y soustraire.
L'Europe veut durcir les règles pour les agences de notation, Le Monde
ECB Rejects Request for Greek Swap Files, Citing `Acute' Risks, Bloomberg
Philippe Herlin
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