jeudi 26 février 2009

Des scénarios de crise de l’euro…

Nous avons évoqué dans cette note (Vers l’éclatement de la zone euro ?) et celle-ci (Une sortie de la zone euro envisagée dès 2005…) les menaces pesant sur la zone euro. Les Echos publie aujourd’hui une tribune de la « chef économiste France Barclays Capital », Laurence Boone, qui fait part de ces inquiétudes dans un texte intitulé « Les deux scénarios de la fin de l'euro ».

Si la sortie d’un pays de la zone euro semble, à l’économiste de la Barclays, peu probable en raison des coûts qu’il entraînerait, le défaut de l’un des pays (c'est-à-dire qui ne peut plus financer son déficit) apparaît plus crédible. Mais cela aurait un effet domino, d’abord sur son propre système bancaire, puis ensuite sur les autres pays de la zone euro.

L’euro a protégé les pays européens de la crise financière en évitant la spéculation sur les monnaies nationales, mais une crise de l’euro aurait des conséquences peut être encore plus dommageables.

Les deux scénarios de la fin de l'euro, Laurence Boone, Les Echos
http://www.lesechos.fr/info/france/4835534-les-deux-scenarios-de-la-fin-de-l-euro.htm

Du même auteur, un article sur le même sujet :
http://www.telos-eu.com/fr/article/sauvez_l_euro

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 25 février 2009

Des doutes sur la dette allemande…

Les CDS (Credit Default Swap) sont un instrument de couverture contre le risque de faillite, il a eu tellement de succès que c’est d’ailleurs devenu une bulle gigantesque qui, si elle éclate, fera encore plus de dégâts que les Subprimes (Lehman Brothers était le principal intervenant sur ce produit et la faillite d’AIG est due aux CDS sur Lehman dont elle était garante), mais ce n’est pas le sujet de cette note.

Il existe aussi un marché des CDS sur les pays, plus exactement les dettes souveraines, qui forment d’excellents indicateurs avancés sur la solidité financière des Etats. Et le Telegraph nous apprend que la prime de risque sur la dette souveraine allemande atteint un record, et qu’elle dépasse même le niveau de la France, c’est tout dire ! Là c’est plus qu’inquiétant.

Les raisons invoquées sont de trois natures :
- la récession sévère qui s’annonce et la chute des exportations, le moteur de l’économie
- le système bancaire allemand (des banques régionales sont menacées de faillite)
- les risques de défauts de pays d’Europe de l’Est, sachant que l’Allemagne, qui est leur principal partenaire commercial, sera obligée de payer l’addition (voir notre note précédente)

Décidément, personne n’est à l’abri.

Les CDS sur Wikipedia (les articles anglais et français)
http://en.wikipedia.org/wiki/Credit_default_swap
http://fr.wikipedia.org/wiki/Credit_default_swap

German CDS debt spreads hit record as economy crumbles, The Telegraph
http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/4800828/German-CDS-debt-spreads-hit-record-as-economy-crumbles.html

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

lundi 23 février 2009

Ca craque en Europe de l’Est…


Le problème de la dette de la France ne peut pas être isolé du reste des marchés financiers bien sûr. La dette souveraine des grands pays développés sera (si cela arrive) le dernier compartiment à craquer. Mais il y aura des signes annonciateurs, comme par exemple les difficultés de pays plus petits et moins solides économiquement. Les pays d’Europe de l’Est par exemple.

Ces craintes pour les dettes souveraines des pays de l’Est se sont déjà exprimées dans les médias. Un éditorialiste du Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, brosse un résumé plutôt inquiétant de la situation. Le ton est donné dès le premier paragraphe : « Si la classe politique mondiale ne la gère pas convenablement, la débâcle Est-Européenne est assez forte pour abattre les systèmes bancaires fragilisés des pays d’Europe occidentale et déclencher la deuxième phase de notre catastrophe financière. »

En effet, la quasi-totalité des emprunts des pays d’Europe de l’Est sont détenus par des banques européennes, soit 1700 milliards de dollars, et ces pays devront refinancer 400 milliards de dollars durant l’année 2009, sachant qu’ils se sont en grande partie endettés en devises…

On le voit sur le graphique BIS ci-dessus que les banques d’Autriche, de Suède (sur les Pays Baltes), d’Italie, de Belgique (Fortis ?), et de France sont très engagées sur les pays d’Europe de l’Est ce qui, en cas de défaut d’un ou plusieurs de ces pays, fragiliserait les « grandes » nations européennes.

Les gouvernements français, allemands, italiens ou espagnols pourraient-ils faire face à la « deuxième phase de notre catastrophe financière » qu’annonce l’éditorialiste du Telegraph ?

Ambrose Evans-Pritchard note d’ailleurs que « les Européens détiennent un étonnant 74% sur l’ensemble des 4 900 milliards de créances sur les marchés émergents »… Pourquoi tant d’appétence pour des crédits aussi risqués ? L’irresponsabilité ne se trouve pas uniquement chez les créateurs de Subprimes.


Failure to save East Europe will lead to worldwide meltdown, Ambrose Evans-Pritchard
http://www.telegraph.co.uk/finance/comment/ambroseevans_pritchard/4623525/Failure-to-save-East-Europe-will-lead-to-worldwide-meltdown.html
> traduction française :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2558


Philippe Herlin
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vendredi 20 février 2009

Une dépendance croissante vis-à-vis de l’étranger…

Nous avons évoqué dans cette note le fait que les deux tiers de la dette sont détenus par des non-résidents. Il faut rajouter ici que cette évolution est récente et que la structure des détenteurs a été profondément chamboulée sur ces dix dernières années, qu’on en juge :

En l’espace de 10 ans, entre 1998 et 2008 :
- les non-résidents passent de 12 à 58 %
- les assurances de 32 à 20 %
- les établissements de crédit de 23 à 12 %
- les OPCVM de 25 à 7 %
- la catégorie « autres » de 8 à 3 %

Les acteurs financiers français (assurances, établissements de crédit, OPCVM) détenaient 80 % de la dette de l’Etat en 1998, seulement 39 % en 2008, tandis que les non-résidents passaient de 12 à 58 % (62 % pour le directeur de l’AFT, ici ce sont des chiffres Banque de France, ce qui peut expliquer ce léger écart).

Sur la même période, la part des non-résidents dans la dette de l’Etat américain restait quasiment stable (voir la note précédente). Cela indique clairement qu’au cours des années 90 la dette publique est devenue trop importante pour notre système financier et que l’Etat a du se tourner vers l’étranger, avec succès pour l’instant, mais cela nous place dans une situation de grande dépendance. Pour tenter de limiter cette évolution, l’AFT veut inciter les particuliers à l’achat en direct d’OAT avec cette brochure… un effort plutôt dérisoire. Dans le cadre de la crise financière internationale que nous vivons, cette dépendance est plutôt inquiétante.

Qui détient la dette de l’Etat ? (site de l’AFT) :
http://www.aft.gouv.fr/article_960.html?id_article=960&id_rubrique=163

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 18 février 2009

Les USA dépendent-ils vraiment de la Chine pour financer leur dette publique ?

On entend cela très régulièrement, y compris dans la bouche d’économistes réputés : les Etats-Unis dépendent de la Chine pour financer leur dette publique, si les chinois arrêtent d’acheter des bons du trésor américain c’est la catastrophe.

Regardons les chiffres. L’article Wikipedia (United States public debt) est à cet égard très bien fait. On voit à la rubrique « Estimated ownership » (vers le premier tiers de l’article) que les étrangers (Foreign and International) détiennent 27,9 % de la dette américaine. Et lorsque l’on regarde dans le détail des différents pays étrangers (Foreign ownership, vers le milieu de l’article), on s’aperçoit que la Chine, si elle vient en tête, n’en représente que 22,1 %. Donc la Chine détient 22,1 % de 27,9 % soit (0,221 multiplié par 0,279) au final 6,1 % de la dette publique américaine. 6,1 % seulement. Autrement dit pas grand-chose, certainement pas de quoi ébranler les Etats-Unis.

Par contre la comparaison avec la France est parlante. Si la dette US est détenue à hauteur de 27,9 % par les non-résidents, chez nous ce chiffre est de plus du double (62 %) ! Et en plus l’AFT refuse de communiquer le détail par pays (comme nous l’avons signalé dans cette note). C’est nous qui sommes fragilisés par notre dépendance à l’international, pas les Etats-Unis ! Et au moment où les Etats-Unis s’approchent de nous en terme de poids de la dette par rapport au PIB, force est de reconnaître que leur situation est beaucoup plus saine.

United States public debt (Wikipedia) :
http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_public_debt

Philippe Herlin
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mardi 17 février 2009

Une sortie de la zone euro envisagée dès 2005…

Il ne faut pas tout mettre sur le dos de la crise financière actuelle, la dégradation continue de la situation économique de la France (dette, déficits publics et commerciaux) remonte à longtemps, et bien avant la faillite de Lehman Brothers certains s’interrogeait sur le maintien de la France dans la zone euro.

Nous l’avons vu dans une note précédente, Standard & Poor’s alertait en 2005 sur le fait que « La France est en train de glisser en bas de la catégorie AAA ». En cette même année, l’un des meilleurs économistes de la place parisienne, Patrick Artus, publiait (chez Ixis, futur Natixis) une note intitulée : « La France et surtout l’Italie devront-elles sortir de la zone euro ? ».

Constatant les pertes de parts de marché à l’exportation, la faiblesse des gains de productivité, la persistance des déficits publics, il avertissait : « On peut donc craindre à 5 ans, à 10 ans, que la France et l’Italie ne soient dans une situation très difficile : pertes cumulées considérables de parts de marché, croissance tendancielle très faible, taux d’endettement public insupportable » (page 5)

D’autant que la principale économie européenne faisait, elle, les efforts nécessaires pour améliorer sa productivité : « La situation de la France et de l’Italie est de plus fortement aggravée par la stratégie économique suivie par l’Allemagne. Cette dernière mène une politique non coopérative de baisse du coût salarial unitaire, pour regagner des parts de marché surtout vis-à-vis des autres pays de la zone qui ne suivent pas la même stratégie » (page 7).

Dès lors, selon Patrick Artus, la conclusion s’impose :
« La France et l’Italie sont alors placées devant le dilemme suivant:
- soit refuser d’adopter la stratégie de réduction des coûts choisie par l’Allemagne, et continuer à perdre de plus en plus de parts de marché ;
- soit adopter la même stratégie que l’Allemagne, et accepter plusieurs années de pertes d’emplois et de revenus comme l’Allemagne.
La seule manière de sortir de cette situation est alors de sortir de l’euro et de dévaluer. » (page 8)

Avec le recul on constate malheureusement que la France a choisi de ne pas choisir et continue de voir s’accroître son déficit commercial et sa dette… et que cette évolution est accélérée par la crise financière actuelle.

Nous serons, pour notre part, plus circonspect sur la sortie de l’euro comme solution à nos maux actuels. Premièrement, la dette étant libellée en euro, repasser au Franc et dévaluer ne fera qu’accroître son poids (ce point n’est pas explicité dans la note qui semble considérer que l’on rembourserait alors la dette en Francs…). Deuxièmement, une dévaluation améliore temporairement la compétitivité, mais une amélioration durable ne peut que reposer sur une baisse des prélèvements obligatoires, une hausse de l’investissement et de la recherche, et un minimum de politique industrielle. Mais il est clair que la situation actuelle n’est pas tenable.

Cet avertissement datant de 2005 reprend un intérêt certain à la lumière des rumeurs actuelles d’éclatement de la zone euro…

Vous pouvez lire la note de Patrick Artus ici :
http://www.philippeherlin.com/blogdocs/Artus2005.pdf

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 13 février 2009

D’où vient ce chiffre magique de « 3 % du PIB » pour le déficit budgétaire ?

Il est désormais gravé dans le marbre des critères de Maastricht, le déficit budgétaire d’un Etat européen ne doit pas excéder 3 % du PIB. Mais d’où vient ce chiffre ? Pourquoi pas 2, ou 4 %. Ou zéro ?

Il faut remonter au début des années 70. Faisons un peu d’histoire des idées économiques. Pendant les « trente glorieuses », la croissance moyenne du PIB dans les économies européennes s’établissait à 5 %. Arrive le premier choc pétrolier et la croissance tombe à environ 1-2 %. Comment réagir ? A ce moment là, les néo-keynésiens (l’école dominante à l’époque) proposent une solution toute simple : soutenir la croissance par le déficit budgétaire. Ils prévoient qu’un déficit modéré peut ramener la croissance dans la zone des 3 % (en vertu du modèle IS/LM pour les spécialistes). Comme, dans le même temps, sage précaution, il faut éviter de peser sur l’avenir et gonfler inconsidérément la dette publique, ils préconisent de limiter le déficit du budget de l’Etat à 3 % du PIB.

On est ici au cœur du raisonnement : si le déficit du budget de l’Etat s’établit, sans le dépasser, à 3 % du PIB et que, dans le même temps, ce PIB croît de 3 % par an, le poids de la dette totale de l’Etat par rapport au PIB n’augmente pas. Un déficit budgétaire qui amène suffisamment de croissance permet de stabiliser le poids de la dette publique.

Sur le papier ça marche, en réalité pas du tout, surtout si ce déficit ne sert pas à investir dans l’avenir mais plutôt (spécialement en France) à soutenir la demande par une généreuse redistribution de revenus sociaux. La croissance est en fait revenue grâce aux politiques libérales (Reagan-Thatcher), on le sait maintenant, et pas en laissant filer le déficit.

Mais on comprend tout le bénéfice politique de cette théorie : désormais un déficit budgétaire inférieur à 3 % est considéré comme vertueux ! Trop pratique pour les gouvernants qui ne veulent pas faire d’efforts ni de réformes douloureuses ! Car, en toute bonne logique, si ce modèle avait été appliqué sérieusement, la croissance, qui pendant les années 70-90 évoluait plutôt dans la zone des 1 à 2 %, aurait du amener les gouvernants à s’interdire un déficit budgétaire supérieur à 1 à 2 % ! Mais pas du tout, ils ont continué à prendre 3 % comme limite, et parfois à la dépasser, résultat la dette publique a explosé sur la période !

On passe ainsi d’une théorie économique (déjà très suspecte en soi) à du marketing politique (je suis un bon ministre des finances puisque le déficit ne dépasse pas 3 % du PIB) avant, suprême subterfuge, d'en faire un principe dans un texte de loi européen. Les critères de Maastricht auraient du fixer le déficit budgétaire à zéro, sauf en cas de grave crise ou d’investissements en infrastructures, alors que ces 3 % sont une prime à l’irresponsabilité.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 11 février 2009

Quand l’Agence France Trésor critique la BCE…

Non bien sûr, on fait un petit raccourci, l’Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de l’Etat, ne critique pas officiellement la façon dont la Banque Centrale Européenne gère la crise. Elle le fait indirectement, par l’intermédiaire d’une tribune « qui n’engage en aucun cas l’AFT », mais qui se trouve, tout de même, dans sa principale publication officielle (page 6), son bulletin mensuel, de janvier en l’occurrence. On va dire que c’est au moins un clin d’œil.

Cette tribune de Laurent Bilke (économiste chez Nomura) oppose les gestions japonaise et américaine de la crise financière pour défendre la seconde : « La Réserve Fédérale américaine opère de façon différente. Plutôt que d’insister sur le passif de la banque centrale – l’utilisation de la liquidité – comme la Banque du Japon l’a fait, son attention se porte sur ses actifs. Elle propose des actifs liquides en échange d’actifs des banques devenus illiquides et les prend à son propre bilan. La banque centrale ne souhaite pas contraindre les banques à prêter, mais bien à créer les conditions qui leur permettront de prêter à nouveau. »

Il déplore ensuite que « le débat sur ces questions est comparativement bien moins avancé en Europe ». Car « pour l’instant, la banque centrale s’est tenue à un objectif de court terme – éviter tout manque de liquidité au sein du système bancaire européen suite aux dysfonctionnements du marche monétaire – plutôt que de faciliter l’ajustement du bilan des banques. Ces ajustements sont pourtant tout aussi essentiels en Europe qu’aux Etats-Unis de notre point de vue parce qu’un certain nombre de banques européennes opèrent avec des effets de levier trop élevés ce qui les exposent à un retournement des économies émergentes. »

L’économiste de Nomura poursuit : « L’expérience Japonaise nous enseigne simplement qu’augmenter le volume de liquidité disponible n’est pas suffisant pour redémarrer la machine, aussi longtemps que les causes du problème n’ont pas été réglées. Et la meilleure façon pour les autorités publiques d’accélérer ce processus est d’alléger les banques de leurs actifs problématiques. »

Par l’intermédiaire de cette tribune, l’AFT s’inquiète(rait) de la solidité du système bancaire européen. Il est vrai, même si ces chiffres ne sont pas communiqués, qu’il doit figurer parmi les bons clients des emprunts de l’Etat français…

Le bulletin mensuel de janvier de l’AFT (cf page 6) :
http://www.aft.gouv.fr/IMG/pdf/224_BMT_FR__Janvier_09_-2.pdf

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

samedi 7 février 2009

Pas de « Fair Value » pour les banques centrales…

J’ai eu l’occasion d’expliquer, dans un article de La Tribune, l’influence néfaste de la « Fair Value » dans l’accélération de la crise financière : le fait d’obliger les institutions financières à comptabiliser leurs actifs financiers « à la juste valeur », c'est-à-dire la valeur actuelle du marché, a entraîné des moins values abyssales dans leurs bilans, et donc accrû la panique. On est en train d’y revenir, tant mieux.

Mais a-t-on bien pris conscience que les banques centrales, elles, s’exonèrent complètement de cette obligation ? Après tout pourquoi ? Elles participent pleinement au système financier ! Spécialement depuis la crise, et c’est tout le problème : en échange de liquidités pour le système financier, elles ont pris en contrepartie tellement de titres à la solvabilité pas toujours certaine (et de moins en moins certaine au fur et à mesure que la crise s’amplifiait) que de lourds doutes pèsent sur leurs bilans…

Ces craintes concernent la Fed comme la BCE comme en témoignent les articles que nous citons ci-après. La Banque centrale européenne accepte ainsi, de la part des banques et en échange de liquidités, des titres de moins en moins « bons » : « la plus symbolique concerne l'assouplissement de la qualité minimale des titres acceptés : le seuil est abaissé de « A » à « BBB- », autrement dit à des actifs « spéculatifs », à l'exception des actifs adossés à des créances (« asset back securities »). Cette modification du seuil de qualité de crédit permettrait d'apporter quelque 100 milliards d'euros d'actifs supplémentaires. « On se rapproche d'un système de prêts en blanc de la part de la BCE », souligne Jean-François Robin, stratège chez Natixis. »

Alors entre la « Fair Value », dont le côté implacable et en temps réel doit évidemment être adouci, et le secret dont s’entourent les banques centrales, il faudrait trouver un juste milieu. Mais ce qui est certain, c’est que les banques centrales vont devoir très vite mieux communiquer sur leurs bilans, au risque d’introduire un grave risque systémique sur les marchés financiers…


Le rôle de la "Fair Value" dans la crise, La Tribune du 21 janvier 2009
http://www.latribune.fr/opinions/20090121trib000334289/le-role-de-la-fair-value-dans-la-crise.html

La BCE ouvre davantage le robinet des liquidités, Les Echos du 16 novembre 2008
http://www.lesechos.fr/info/inter/4785817-la-bce-ouvre-davantage-le-robinet-des-liquidites.htm

La Fed peut-elle faire faillite ? Les Echos 16 décembre 2008
http://www.lesechos.fr/info/analyses/4809235-la-fed-peut-elle-faire-faillite--.htm

La Fed bientôt insolvable ! de Bernard Martoïa, le 7 février 2009
http://www.claudereichman.com/articles/fedinsolvable.htm

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

jeudi 5 février 2009

Une dette à plus de 80 % du PIB en 2012 ?

Une dette à plus de 80 % du PIB en 2012 ? C’est malheureusement probable, et c’est la Cour des Comptes qui l’affirme dans son dernier rapport public annuel 2009 : « La crise de 1993 a ainsi marqué un décrochement durable des finances publiques et une même évolution amènerait la dette publique jusqu’à 83 % du PIB fin 2012. »

Dans une interview au Monde, Philippe Seguin, le président de la Cour des comptes, avertit : « gare à l’explosion de la dette ! ». La réponse du gouvernement est-elle proportionnée à ce danger ? Il répond lui-même : « Des audits de modernisation, on attendait 8 milliards d'euros d'économies. Il y aura de la perte en ligne. Quant à la révision générale des politiques publiques, on nous dit en attendre 6 milliards d'économies en 2012. Mais si l'on voulait être à la hauteur de l'enjeu que constitue l'équilibre, il faudrait en réalité économiser 50 milliards. » Hum…

Et il poursuit : « On ne peut pas continuer à gaspiller une partie de l'argent de la formation professionnelle (30 milliards d’euros NDLR) qui ne bénéficie même pas à ceux qui en ont le plus besoin ! Les aides directes à l'emploi des collectivités territoriales représentent 6 milliards d'euros par an et leur efficacité n'est pas démontrée. Et il n'y a pas qu'elles... » Des économies on peut en faire, mais est-on prêt, en France, à accepter les réformes de fond qu’elles impliquent ?


Consulter le chapitre du rapport 2009 de la Cour des comptes consacré aux finances publiques :
http://www.philippeherlin.com/blogdocs/CCfinances-publiques2009.pdf

L’interview de Philippe Seguin :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/02/04/philippe-seguin-gare-a-l-explosion-de-la-dette_1150520_823448.html

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 4 février 2009

Les deux tiers de la dette sont détenus par des non-résidents…

Nous l’avions déjà signalé dans le premier texte de ce blog, et la tendance s’est accentuée : 62 % de la dette de l’Etat est détenue par des non-résidents, c’est à dire des entités financières (Etats, fonds, banques, etc) ne résidant pas ‘fiscalement’ en France.

L’économie nationale ne peut plus absorber l’endettement de l’Etat qu’à hauteur d’un tiers, ce qui nous place dans une forte dépendance des investisseurs étrangers. Tant qu’ils souscrivent nos emprunts tout va bien, mais en cas de retournement l’Etat se retrouve à court de liquidité et c’est la faillite. Et dans le contexte de la crise actuelle généralisée, cette hypothèse ne peut pas être exclue.

Mais il ne faut pas s’inquiéter nous dit Philippe Mills, le nouveau directeur de l’Agence France Trésor (AFT), l’organisme rattaché à Bercy qui gère la dette de l’Etat. Et c’est vrai, les obligations de l’Etat français trouvent preneur sans problème : « notre dernière émission de bons du Trésor a été souscrite 3,5 fois ».

Bien. Mais alors pourquoi l’AFT refuse-t-elle obstinément de donner le détail par pays et par type de détenteur ? Depuis plusieurs années en effet, des journalistes et des économistes lui en font la demande, sans résultat pour l’instant. On n’a ainsi aucune information sur le détail de ces 62% ! Quelle est la part des pays pétroliers ? de la Chine ? des fonds de pension US ? Cette information serait pourtant utile pour mieux évaluer notre exposition au risque… Dommage.


L’interview de Philippe Mills :
http://www.challenges.fr/magazine/tetesaffiche/0153-018492/la_france_na_aucune_difficulte_a_emprunter.html

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 3 février 2009

Vers l’éclatement de la zone euro ?

Ca tangue dans la zone euro ! Vendredi 30 janvier Le Monde publie un article intitulé « Paris s'inquiète de la fragilité de la zone euro ». L’heure est grave, le journaliste Arnaud Leparmentier indique que « M. Sarkozy est ressorti très préoccupé de sa conversation téléphonique avec Barak Obama, lundi 26 janvier. Le lendemain, devant les leaders de la droite, il a expliqué que la crise bancaire américaine en était plus à ses débuts qu'à sa fin. » Effectivement. L’article donne ensuite des chiffres très intéressants, et inquiétants : « Après les banques, ce sont les Etats qui sont victimes de la défiance des marchés financiers. Les agences de notation ont dégradé la note de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce. Pour s'endetter à dix ans, l'Etat grec doit verser un intérêt de 5,8 %, l'Irlande, 5,5 %, contre 3,8 % pour la France et 3,3 % pour l'Allemagne. Des écarts jamais vus depuis la création de l'euro. »

Si un Etat se voyait dans l’impossibilité de financer son déficit… « deux solutions se présentent. Soit on laisse l'Etat en question se redresser lui-même, en lui imposant un plan de rigueur draconien. C'est la thèse allemande. […] Soit l'on est contraint d'organiser un sauvetage entre Européens, ce qui pose de graves problèmes juridiques et politiques. L'article 101 du traité de Maastricht interdit explicitement que les banques centrales se renflouent les unes les autres et volent au secours des Etats. » Ce qui veut dire qu’en fait il n’y a aucun plan prévu. Inquiétant.

S’est-on fait trop peur ? Comme par hasard, réponse du berger à la bergère, dans Le Figaro du lundi suivant, on trouve une interview de deux responsables de Standard & Poor’s qui temporisent nettement, veulent rassurer tout le monde, maintiennent que la France mérite tout à fait son AAA et déclarent, très sûr d’eux : « Il n'y a de notre point de vue aucune probabilité d'éclatement de la zone euro. » Ce sont les mêmes qui avaient noté les Subprimes AAA, on va leur faire confiance…

D’autant que Standard & Poor’s disait, sur la France, le contraire en 2005 en publiant une note intitulée : « La France est en train de glisser en bas de la catégorie AAA » (et l'un des auteurs de la note est aussi l'un des deux interviewés...). Bien sûr c’était en 2005, avant la crise financière, mais quand même, soyons-en conscients, nous sommes dans le collimateur.
Vous pouvez lire cette note ici :
http://www.philippeherlin.com/blogdocs/S&PFrance.pdf

L’article du Monde :
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/01/31/paris-s-inquiete-de-la-fragilite-de-la-zone-euro_1148999_1101386.html

L’article du Figaro :
http://www.lefigaro.fr/economie/2009/01/31/04001-20090131ARTFIG00785-aucun-risque-d-eclatement-de-la-zone-euro-.php

Philippe Herlin
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lundi 2 février 2009

Le rapport Pébereau de 2005 sur la dette

Cette note a été réalisée en décembre 2005, au moment de la publication du rapport.

Télécharger le rapport :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/catalogue/9782110061027/index.shtml


Une synthèse du rapport :

La dette de l’Etat en quelques chiffres :
- La dette s’élève à 1067 milliards d’euros fin 2004 (c’est la dette des administrations publiques + la dette la sécurité sociale + la dette de l’assurance chômage, mais on ne prend pas en compte celles collectivités territoriales).
- La dette représente 64,7 % du PIB en 2004, c'est-à-dire qu’elle représente les deux tiers de la richesse créée en une année (même si, dans ce calcul, on compare un stock à un flux).
- La dette représente 41.000 euros par ménage (soit le double de sa dette privée, en moyenne).
- Le service de la dette (c'est-à-dire le paiement des intérêts + remboursement des prêts arrivant à échéance) a coûté 40 milliards d’euros dans le budget 2004 (c’est le 2e poste, derrière l’Education nationale, devant la Défense). Si l’on se place du point de vue des recettes, la charge de la dette représente la presque totalité de l’impôt sur le revenu.

Cette dette comprend aussi celle de la sécurité sociale, qui était nulle en 1990 et approchera 100 milliards en 2006, et celle de l’assurance chômage, qui était nulle en 2000 et qui s’élève à 14 milliards en 2004. Une partie de nos dépenses de santé et d’assurance chômage seront à la charge de nos enfants !

Il faut également tenir compte de l’engagement de l’Etat envers les retraites des fonctionnaires : de 790 à 1000 milliards (page 21). Il ne s’agit pas d’une dette stricto sensu (il n’y a pas de bons du trésor émis sur cette dépense) mais d’un engagement que l’Etat a envers ses agents et qu’il doit (comme toute entreprise) évaluer et provisionner. La dette au sens large s’élève donc à 2000 milliards d’euros.

Le rapport est très clair sur les causes de cette dérive : « C’est une gestion peu rigoureuse des dépenses publiques qui explique, pour l’essentiel, l’augmentation continue de la dette publique depuis 25 ans. » (page 62). La dette n’a pas servi à l’investissement public mais aux dépenses de fonctionnement (page 40).
- La dette vient du déficit constant du budget de l’Etat. Depuis 1980, les dépenses excèdent les recettes de 18 % ! Imagine-t-on un ménage ou une entreprise qui dépense durablement 18 % de plus qu’il ne gagne ? (page 28)
- Le recours à la dépense publique est la réponse systématique des dirigeants politiques aux problèmes de société (page 78).

D’autre part, la mise en place de l’euro facilite l’endettement en offrant une liquidité mécaniquement supérieure aux anciennes monnaies nationales. Ainsi, fin 2003, l’encours de la dette en euros (des pays ayant l’euro comme monnaie) s’élevait à 7.205 milliards (page 35). Avec le Franc, le poids de la dette aurait inquiété les opérateurs internationaux et notre monnaie aurait perdu de la valeur par rapport à celles des pays ayant un comportement plus vertueux, ce qui nous aurait obligé à réagir. Avec l’euro, notre situation budgétaire est noyée dans la masse ; c’est pour cela que les initiateurs de l’euro ont mis en place les « critères de Maastricht », mais les principaux pays (France, Allemagne, Italie) ne les respectent pas !

Et il faut savoir que les taux d’intérêts sont historiquement bas ! La poursuite de l’endettement fragilise la France et la rend de plus en plus sensible à un relèvement des taux d’intérêt. Le rapport fait une simulation (page 104) : une hausse de 1,5 % des taux d’intérêt à partir de 2008 conduirait à une charge de la dette de 85 milliards d’euros en 2012 contre 40 milliards en 2004, on entrerait dans un cercle vicieux, la situation serait extrêmement critique ! (La dette française est à taux variable)

Nos marges de manœuvre sont très réduites : la France cumule un niveau de prélèvements obligatoires et une dette parmi les plus élevés au monde ! Le comportement de la France (niveau d’imposition élevé qui interdit une hausse des impôts et incapacité à maîtriser la dépense publique) risque de rompre la confiance des prêteurs (page 102). Le scénario de la poursuite de l’endettement sur les tendances actuelles est inconcevable.

Dans le passé (fin XIXe, 1918, 1945), le ratio de la dette rapportée au PIB a été plus élevé qu’aujourd’hui, mais à l’époque on réglait le problème avec une forte inflation (et la ruine des épargnants !). Désormais on ne maîtrise plus notre politique monétaire (qui se décide à la Banque Centrale Européenne), donc cette comparaison n’a pas lieu d’être (page 23).

Le rapport avance plusieurs préconisations (pages 107 et suiv.) que l’on peut regrouper comme suit :
- Stabilisation des dépenses de l’Etat en euros courants, non diminution du taux de prélèvements obligatoires, affectation des recettes exceptionnelles (privatisations) au désendettement.
- Examen de l’efficacité de l’ensemble des dépenses publiques.
- Utiliser à plein les départs à la retraite pour diminuer les sureffectifs de la fonction publique (et aussi faciliter la mobilité et lier la rémunération à l’obtention de résultats).

La conclusion du rapport fait des remarques de bon sens (page 128) :
- « Chaque fois qu’un problème nouveau s’est présenté à lui depuis 25 ans, notre pays y a répondu par une dépense supplémentaire, sans remettre en cause la routine des dépenses engagées précédemment sur d’autres sujets, en reportant sans cesse les adaptations de ses systèmes de solidarité rendues nécessaires par la démographie. Des exceptions existent, mais elles sont rares. »
- « La « culture de la dépense » s’est ainsi substituée à la recherche d’une efficacité en profondeur et à la fixation d’objectifs en termes d’utilité pour les citoyens et pour l’économie. Ce faisant, la France a peu à peu accumulé les déficits publics, sans parvenir à résoudre les problèmes du chômage et de la pauvreté. Elle s’est endettée dans des conditions qui restreignent ses marges de manoeuvre pour la régulation conjoncturelle et qui hypothèquent son avenir à moyen terme. Poursuivre sur cette tendance conduirait à une paralysie durable de l’action publique et mettrait à rude épreuve nos ambitions de croissance et de solidarité dans les années qui viennent. »


Quelques commentaires :

Le choix d’évaluer la situation de la dette française à partir de 1980, comme le fait le rapport, est une erreur : c’est depuis 1974 que la dette augmente. Avant elle était quasiment nulle (elle était nulle en 1968, il y a eu un peu d’endettement sous Pompidou). Depuis que le premier choc pétrolier a provoqué un net ralentissement de la croissance, on a préféré reporter les réformes à demain et vivre à crédit (la dette c’est le Prozac de l’Etat). Les budgets de l’Etat sont en déficit depuis 1975, Jacques Chirac étant alors Premier ministre…

Le rapport le dit mais il faut bien insister sur ce point : la machine infernale s'est emballée depuis 1990. En quinze ans, l'endettement s'est alourdi de plus de 30 points de PIB, trois fois plus que dans l'ensemble des pays développés ! Tous les pays occidentaux ont su remettre en cause l’Etat providence et faire baisser les dépenses tout en gardant une protection sociale efficace. La France est à contre courant, sa dette et son taux de prélèvements obligatoires augmentent quand ils diminuent partout ailleurs ! Cet état de fait crée des distorsions économiques, nous subissons la concurrence fiscale de nos partenaires et cela aggrave les maux dont souffre notre économie (délocalisations, stagnation du pouvoir d’achat, chômage massif, faiblesse de l’investissement et de la R&D).

Le rapport pointe le risque de ne plus pouvoir faire face à la dette, d’autres avis vont dans ce sens : « Si, au cours de la législature prochaine, les gouvernements ne redressent pas drastiquement les finances publiques, ils courront le risque d'avoir à gérer dès 2010 une crise financière majeure comparable, dans ses effets, à la déroute de l'Argentine en 2001 », avertit Alain Lambert, ancien secrétaire d'Etat au Budget de Jean-Pierre Raffarin (dans L’Expansion du 22/11/2005).

La dette « phagocyte » toute la - faible - croissance économique : « C'est simple, déplore l'économiste Jacques Marseille, auteur du Grand Gaspillage (Tempus) : de 2002 à 2004, la dette publique a augmenté de 165 milliards d'euros et la richesse nationale de 101 milliards. Tout se passe comme si la totalité de la richesse supplémentaire créée dans l'Hexagone était confisquée par les administrations publiques. » (dans L’Expansion du 22/11/2005).

Il y a une question toute simple, cruciale, que le rapport ne se pose pas : qui détient la dette ?
- On constate que l’épargne nationale ne suffit plus à financer la dette de l’Etat, les « non-résidents » (investisseurs étrangers) sont passés de 12 % en 1998 à 50 % en 2005 ! La France perd sa souveraineté financière et devient de plus en plus dépendante de l’étranger.
- Le deuxième détenteur de la dette est les assurances, c'est-à-dire l’assurance-vie, le placement préféré des Français ! Préféré parce que fiscalement intéressant, l’Etat est donc juge et partie, il crée un régime fiscal favorable pour capter l’épargne des Français afin de financer son déficit.
- Source : http://www.aft.gouv.fr/article_960.html?id_article=960&id_rubrique=163
(Agence française du Trésor)

Se poser la question de savoir qui détient la dette c’est rendre très concret un problème qui jusqu’ici navigue dans les brumes des « milliards d’euros » et des « % du PIB » et qui ne sont pas très parlants au sens commun, c’est pointer la gravité du problème pour chacun des Français. Car on peut alors élaborer un scénario de crise : que se passe-t-il si l’Etat ne peut plus financer sa dette ? Si l’Etat ne peut plus faire face à sa dette : la signature de la France au niveau international ne vaut plus rien et il devient impossible d’emprunter sur le marché financier mondial. D’autre part l’assurance-vie part en fumée et une grande part de l’épargne des Français disparaît. Les banques, qui possèdent des bons d’Etat, voient leur bilan se dégrader subitement et dangereusement, elles doivent réduire drastiquement leur offre de crédit. L’Etat n’ayant plus d’argent, les salaires des fonctionnaires ne sont plus assurés. On est dans un scénario de crise « à l’Argentine » avec une crise financière qui touche de plein fouet la classe moyenne et se transmet instantanément à l’économie « réelle » provoquant une chute de la consommation et de l’investissement, des faillites en série, l’explosion du chômage…

Un élément déclencheur, ou très aggravant, pourrait être une baisse de la notation de la dette française (actuellement « triple A », la meilleure possible) par les agences de notation (Moody’s et Standard & Poor’s). Le renchérissement du coût de la dette serait brutal et rapide, la confiance des « non-résidents » (qui détiennent la moitié de notre dette) serait ébranlée… L’Allemagne et l’Italie étant également très endettées, il y a un risque systémique sur la zone euro…

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr