On l’a déjà dit, les Etats-Unis ne font aucun effort pour réduire leur déficit budgétaire, et les chiffres sont affolants. Il atteint 10 % du PIB, mais ce mode de calcul compare deux grandeurs sans lien direct et édulcore les choses. Prenons les chiffres bruts, en 2009, les recettes du budget fédéral se sont élevées à 2.105 milliards de dollars, les dépenses à 3.518 milliards, soit un déficit de 1.413 milliards de dollars. Les recettes couvrent seulement 60 % des dépenses ! Pendant les 5 derniers mois de l’année, les dépenses sont financées par l’endettement. C’est clairement un budget à la dérive. Et la situation empire (1.480 milliards de déficit en 2011) sans qu’aucun accord n’émerge à Washington. Et la Fed monétise à tour de bras en achetant des bons du Trésor, sur un rythme de 75 milliards de dollars par mois (soit 900 milliards par an, plus de la moitié du déficit), une création de monnaie qui ne correspond à aucune contrepartie économique réelle, qui fait enfler la masse des dollars dans le monde, donc baisser sa valeur, donc augmenter le prix des matières premières (libellées en dollars, donc leur détenteurs veulent préserver leur pouvoir d’achat), donc étrangle les pays pauvres et fait de l’inflation importée dans les pays développés, etc, etc (+ bulle sur le marché actions également), la crise n’est pas finie, on vous l’a suffisamment dit. Que l’on ne vienne pas nous parler ensuite d’un « rebond de la croissance » aux Etats-Unis, vu les masses d’argent englouties, le « rendement » est vraiment pitoyable. Entre le dollar, l’euro et le yen, quelle sera la première monnaie à exploser en vol, c’est la question que l’on peut se poser (cf The Economic Collapse) ?
Autrement j'ai publié cette tribune dans La Revue Parlementaire de janvier.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
jeudi 27 janvier 2011
lundi 24 janvier 2011
La CADES disjoncte !
Nous avons déjà parlé de la CADES dans cette note, pour nous étonner que cet organisme, chargé de financer la dette de la Sécurité sociale, emprunte pour partie en dollars. Alors que les pouvoirs publics dénoncent l’hégémonie de la monnaie américaine et affirment défendre l’euro « à tout prix », il est effarant de voir qu’un organisme placé sous la tutelle de l’Etat emprunte en dollars ! L’intérêt de l’opération réside dans l’assurance de placer sans aucune difficulté ces emprunts auprès des fonds de pension américains (qui n’ont ainsi aucun risque de change à supporter, ce qui serait le cas s’ils achetaient des obligations libellées en euros). La CADES, pour éviter le risque de change, se couvre par un swap sur toute la durée de l’emprunt ; mais cette couverture coûte chère, et c’est autant d’argent perdu. Notons au passage l’ironie de voir la sécu française se financer auprès des fonds de pension US tant honnis sous nos latitudes… Et ça empire : en 2010 la CADES plaçait 20 % de sa dette en dollars, en 2011 ce sera plus de la moitié ! Le programme d’émissions pour 2011 prévoit en effet 16 milliards d’euros, 20 milliards de dollars et 1,5 milliard de livres. Le fait que la proportion du dollar augmente tant signifie peut être que la France a de plus en plus de mal à placer ses obligations publiques en euros, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Quoi qu’il en soit, quel signe envoyé aux marchés au moment où la France prend la présidence du G20 pour défendre l’euro, son « modèle social » et tutti quanti !
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Philippe Herlin
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vendredi 21 janvier 2011
L’insoutenable légèreté du triple A
La perspective du AAA de la dette américaine est menacée, selon S&P et Moody’s (remarque : la note elle-même n’est pas encore mise en question, mais sa perspective pourrait devenir négative, prélude à une dégradation future). Dans le même temps Moody’s confirme que « la France mérite son AAA ». Cocorico ! Explication : les USA ne font strictement aucun effort pour réduire le déficit budgétaire, ils attendent la reprise (illusoire, nous l’avons dit) pour s’y mettre, ce qui commence à énerver les agences de notation ; au contraire la France a annoncé un programme (trop timoré cependant) de réduction du déficit (en augmentant les impôts, pardon en rabotant les niches fiscales). Mais ne nous réjouissons pas trop vite, si les agences suivaient les critères d’avant la crise de 2008, plus aucun grand pays excepté l’Allemagne n’aurait son AAA. Dans l’océan de dette publique qui nous entoure, chacun peut, très rapidement, boire la tasse, les Etats-Unis (remontée des taux, crise des muni-bonds) comme la France et l’Europe. Il ne faudrait surtout pas se reposer sur les déclarations, rassurantes en ce qui concerne la France, des agences de notation, car ce sont plus des girouettes que des oracles !
Pour confirmer notre précédent billet, Le Figaro et La Tribune évoquent également une restructuration de la dette grecque.
Philippe Herlin
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Pour confirmer notre précédent billet, Le Figaro et La Tribune évoquent également une restructuration de la dette grecque.
Philippe Herlin
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mercredi 19 janvier 2011
Vers la restructuration des dettes publiques européennes
Finalement l’Allemagne n’a pas cédé (voir notre billet), le ministre des finances Wolfgang Schaüble a appellé à cesser le débat sur l’augmentation du FESF et l’Ecofin s’est plié à cette décision. Très bien. Cette décision est fondamentale, il faut bien le noter. Cela veut dire que la résolution des problèmes de surendettement en Europe ne va pas passer par un nouvel endettement public au niveau européen (qui n’aurait fait que reculer les échéances), mais par la restructuration des pays insolvables. Cela a déjà commencé partiellement pour la Grèce et l’Islande, et ça va continuer, y compris en utilisant le FESF selon cette dépêche. La conséquence, c’est que les banques européennes vont devoir enregistrer de sévères moins-values dans leurs bilans, mais l’Allemagne a fait le calcul que le renflouement de ses banques lui coûtera moins cher que celui des pays européens insolvables (qui restructureront de toute façon un jour ou l’autre). Idem pour la France, mais notre budget pourra-t-il supporter cette charge (sans perdre en outre notre AAA) ?
Philippe Herlin
Philippe Herlin
mardi 18 janvier 2011
PTZ+, le subprime à la française !
Des prêts immobiliers accordés sans vérifier si les personnes possèdent les ressources nécessaires, développés à grande échelle avec l’objectif d’augmenter la proportion des propriétaires au niveau national, ça ne vous rappelle rien ? Les subprimes aux Etats-Unis bien sûr. Avec quelques années de retard, les voici en France ! Le « PTZ+ » (Prêt à taux zéro plus) est en effet accordé quel que soit le niveau de ressources, il est réservé aux primo-accédants, et il peut représenter 40 % du montant de l’achat. L’objectif affiché du gouvernement consiste à passer de 58 % de ménages propriétaires à 70 % en moins de quinze ans, une très forte progression. Le coût du dispositif est à la charge de l’Etat et devrait s’élever à 2,4 milliards d’euros par an (tiens on croyait qu’il fallait faire des économies !). (source : page 11 de Direct Matin du 18 janvier)
On est sidéré, comment peut-on répéter une erreur dont on connaît les conséquences tragiques, à savoir la crise financière de 2008 ? En fait cela provient d’une erreur de diagnostic : on vous l’a dit et répété, la crise « c’est la faute à l’ultralibéralisme », alors qu’ici l’Etat s’occupe de tout, donc pas d’inquiétude. En réalité, la crise des subprimes aux Etats-Unis procède de l’interventionnisme de Washington qui a quasiment interdit aux banques de refuser un prêt immobilier à quiconque, puis a créé deux énormes lessiveuses parapubliques (Fannie Mae et Freddie Mac) pour recycler (titriser) ces prêts ; l’objectif étant d’augmenter rapidement la proportion des ménages propriétaires de leurs logements. L’avidité de Wall Street est venue couronner ce mécanisme vicié à la base. A notre tour ! Le PTZ+ n’est qu’une bombe à retardement de plus pour faire encore augmenter la dette publique, et ruiner les ménages qui auront eu les yeux plus gros que le ventre.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
On est sidéré, comment peut-on répéter une erreur dont on connaît les conséquences tragiques, à savoir la crise financière de 2008 ? En fait cela provient d’une erreur de diagnostic : on vous l’a dit et répété, la crise « c’est la faute à l’ultralibéralisme », alors qu’ici l’Etat s’occupe de tout, donc pas d’inquiétude. En réalité, la crise des subprimes aux Etats-Unis procède de l’interventionnisme de Washington qui a quasiment interdit aux banques de refuser un prêt immobilier à quiconque, puis a créé deux énormes lessiveuses parapubliques (Fannie Mae et Freddie Mac) pour recycler (titriser) ces prêts ; l’objectif étant d’augmenter rapidement la proportion des ménages propriétaires de leurs logements. L’avidité de Wall Street est venue couronner ce mécanisme vicié à la base. A notre tour ! Le PTZ+ n’est qu’une bombe à retardement de plus pour faire encore augmenter la dette publique, et ruiner les ménages qui auront eu les yeux plus gros que le ventre.
Philippe Herlin
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jeudi 13 janvier 2011
Si l’Allemagne cède…
Jusqu’ici farouchement opposé à son augmentation, l’Allemagne accepterait d’augmenter le plafond du FESF (Fonds européen de stabilité financière), le fonds d’aide aux pays de la zone euro. 750 milliards d’euros, c’est insuffisant si l’Espagne connaît des difficultés. Dans le même temps des réflexions sont menées quant à l’utilisation de ce fonds. Actuellement le FESF, garanti par les pays européens les plus solides, doit lever de l’argent sur les marchés pour le reprêter aux pays en difficulté. Certains suggèrent qu’il serve à acquérir directement les obligations des pays peinant à se refinancer sur les marchés (« Troisième recette en débat : utiliser le Fonds pour racheter les obligations des pays en difficulté. La BCE ne serait pas mécontente d'une telle solution car elle lui enlèverait une grande épine du pied, et aussi un sujet majeur de friction au sein du conseil des gouverneurs. »). Quelle pente dangereuse ! Un fonds constitué de dettes pourries, pour seulement retarder les échéances. Le FESF deviendrait ainsi un gigantesque subprime planant au-dessus de l’Europe ! Si l’Allemagne cède, les plans les plus dangereux sont à craindre…
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Philippe Herlin
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lundi 10 janvier 2011
Suisse versus euro & dollar
Le sauvetage du Portugal serait imminent, il est vrai que le pays emprunte à un prix de plus en plus élevé, les coûts d'emprunt à dix ans ont battu de nouveaux record à 7,193 %. Le CDS sur la Belgique s’envole, que fait le gouvernement ? Il n’y en a pas, depuis 209 jours (record battu), les partis Flamands et Wallons sont incapables de se mettre d’accord ! Les PIGS sont de plus en plus risqués. Et pendant ce temps-là, le graphique est très éclairant, le franc suisse continue de monter. Depuis que les Etats-Unis et l’Europe monétisent, suite à la crise de 2008, le franc suisse monte, étonnant non ? C’est comme l’or. Il y a beaucoup de bulles en ce moment, mais ce n’est le cas ni de l’or ni du franc suisse. Ce pays sans chômage ni dette rassure, cela se comprend dans le contexte actuel. Et ça se sait, la Suisse occupe le tiers du marché mondial de la gestion de fortune, c’est le « pétrole » du pays, et il n’est pas prêt de s’épuiser (et l’industrie reste forte, contrairement aux idées reçues). Plus le dollar et l’euro perdent de la valeur, et appauvrissent leurs détenteurs, plus les millionnaires suisses s’enrichissent par le biais de l’appréciation de leur monnaie, « c’est vraiment trop injuste » comme dirait Calimero.
Pour information, La Tribune, que nous aimons citer, nous informe de sa situation difficile. Tous nos encouragements pour cet excellent journal.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Pour information, La Tribune, que nous aimons citer, nous informe de sa situation difficile. Tous nos encouragements pour cet excellent journal.
Philippe Herlin
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vendredi 7 janvier 2011
Il n’y a toujours pas de reprise
Désolé mais nous maintenons ce que nous disions en juin dernier : il n’y a pas de reprise, aux Etats-Unis comme en Europe (sauf en Allemagne qui a un profil de pays émergent du fait de son économie exportatrice). Tout juste peut-on noter quelques soubresauts d’indices, mais qui se révèlent finalement peu de choses comparés aux masses d’argent public englouties dans l’économie, notamment par le « Quantitative easing » de la Fed (et dans une moindre mesure de la BCE) qui n’aura pour résultat que de rendre « la récession plus dure et plus longue » (excellent texte de Philipp Bagus de l’Institut Molinari). Il faudrait investir dans les actions nous dit-on, la preuve, les entreprises distribuent de copieux dividendes. Réplique très juste d’une responsable des risque pour MoneyWeek : « Désolé mais une action n’est pas une obligation et si vous achetez l’action juste pour son rendement, c’est un peu la mort de la "culture actions". Et puis d’ailleurs, une entreprise qui distribue des dividendes trop généreux est une entreprise sans projets viables de croissance organique ou externe ; une entreprise plus préoccupée par l’affichage de ratios de rentabilité du capital que par un véritable développement durable dans tous les sens du terme. » (Apple ne distribue pas de dividendes, elle fait des produits qui marchent). Autre argument, les valorisations des actions seraient attractives, effet d’optique répond cette responsable car « les taux longs qui servent à actualiser les bénéfices futurs sont historiquement bas » (cf le taux d’actualisation dans cet article). Voici un autre effet pervers de la création monétaire excessive, elle fait artificiellement baisser les taux d’intérêt, ce qui relève d’autant les estimations de bénéfices futurs attendus sur les marchés boursiers ! Le Quantitative easing a donc un effet doublement « bullaire » sur les actions : par l’argent qu’il crée et qui se retrouve en grande partie sur la bourse, et par la baisse des taux d’intérêts qui provoque une survalorisation artificielle. Passera-t-on l’année 2011 sans krach boursier ?
Philippe Herlin
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Philippe Herlin
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mercredi 5 janvier 2011
La Chine détient 7 % de la dette européenne
La Chine détient plus de 7 % de la dette publique de la zone euro, soit 630 milliards d’euros, c’est La Tribune qui livre cette estimation, confirmant celle du Financial Times. On savait que la Chine aidait certains pays en acquérant une partie de leur dette publique (Grèce, Portugal, Espagne), pas forcément que cela atteignait un tel niveau. La Chine soutient son principal client avec les Etats-Unis, cela peut se comprendre tant ses exportations, donc sa croissance, souffriraient d’une dépression de la zone euro. Mais pas seulement, il y a plus : « A chaque fois que la Chine arrive en sauveur, c'est en échange de lourdes contreparties dont aucun responsable politique ne perçoit véritablement la portée » précise l’économiste Antoine Brunet (Lazard) dans l’article de La Tribune, « elle exige des pays auxquels elle prête qu'ils ne s'associent pas aux exigences de réévaluation du yuan des Etats-Unis, qu'ils se déclarent hostiles à tout protectionnisme douanier, qu'ils la laissent acheter des actifs stratégiques en Europe, ainsi que des infrastructures, comme le port du Pirée ou l'aéroport de Châteauroux. » (eh oui, la Chine investit à Châteauroux !). La dette n’est en effet qu’une première étape, tout en constituant un excellent moyen de pression (une revente massive de la dette d’un pays le déstabiliserait), ensuite il y a les « investissements stratégiques », les pépites (ports, infrastructures, grandes entreprises, PME high tech) que le pays se voit contraint d’accepter d'être rachetées. La Chine avance ses pions avions-nous dit dans nos prévisions 2011, on ne pensait pas que cela viendrait si vite et avec une telle ampleur.
(addendum : ce chiffre est comparable pour les USA - 6,1 % - comme nous l'avions noté ici en 2009)
Philippe Herlin
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(addendum : ce chiffre est comparable pour les USA - 6,1 % - comme nous l'avions noté ici en 2009)
Philippe Herlin
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