mercredi 25 juillet 2012

Le Libor et les banques centrales

Le scandale de la manipulation du Libor partage la une des rubriques économiques des médias avec la crise de la zone euro. Le taux auquel les banques s’échangent de l’argent entre elles (Libor pour London Interbank Offered Rate) a été manipulé à la baisse. Ne voulant pas reconnaître la hausse des risques dans l’environnement économique (notamment depuis la crise de 2008), ne voulant pas reconnaître une perte de confiance les unes envers les autres, les banques se sont concertées pour afficher des taux d’intérêt sous-évalués. Il faut savoir que le Libor sert de référence à une quantité impressionnante de produits financiers à travers le monde, de ce fait ceux qui ont prêté de l’argent ont été lésés, tandis que ceux qui empruntaient ont été avantagés (puisque le taux était moins élevé que ce qu’il aurait du être).

Chacun se scandalise de cette manipulation, à juste titre. Mais attendez une minute, n’est-ce pas exactement ce que font les banques centrales, et cette fois avec l’assentiment de tous ? Ceux qui hurlent contre le « Liborgate » applaudissent des deux mains quand la Fed et la BCE baissent leurs taux et s’engagent à les maintenir au plus bas. Mais c’est la même chose ! De l’argent facile pour « soutenir l’économie ». Ca ne marche, donc on continue, logique. D’ailleurs on apprend au fur et à mesure que les banques centrales étaient parfaitement au courant de la manipulation du Libor !

L’opinion générale veut que des taux d’intérêt établis au plus bas (par les autorités monétaires et les banques donc) favorisent l’activité économique. C’est faux. Comme l’explique l’homme politique et économiste Ron Paul, manipuler le prix de l’argent est aussi destructeur que le contrôle des prix par un gouvernement. Sauf que c’est plus facile, pas besoin d’une armée d’inspecteurs contrôlant les étiquettes, il suffit d’un président de banque centrale complaisant. Un taux d’intérêt nul détruit même le capital, comme l’explique Antal Fekete, et cela produit des bulles, des déséquilibres, et finalement la récession.

Cette entrave à la loi de l’offre et de la demande, cette manipulation généralisée du prix de l’argent, et d’autres phénomènes comme ces Etats qui empruntent à des taux négatifs, montrent que nous passons progressivement de la crise de la dette à la crise de la monnaie, l’ultime et plus grave forme de crise.

Philippe Herlin

mardi 24 juillet 2012

Moody’s menace de dégrader l’Allemagne !

La crise de la zone euro franchit un nouveau palier : Moody’s vient de placer sous surveillance négative les notes de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg ! Il faut dire que la situation se dégrade à grande vitesse : la Grèce ne pourra pas tenir ses engagements et elle demande un étalement dans le temps de ses objectifs (on est habitué !), tandis que l’Espagne est «au bord du gouffre» selon La Tribune, du fait de la récession et des difficultés de plusieurs régions. L’Italie souffre également et emprunte à des taux rédhibitoires. Et qui sont les garants ultimes des fonds de soutien sensés aider ces pays ? L’Allemagne, et la France qui se fait oublier pour l’instant. La décision de Moody’s est parfaitement logique. Il existe aussi un autre «garant», que nous mettons volontairement entre guillemets : la BCE. Et de plus en plus, on entend des responsables politiques, des économistes, des éditorialistes demander à la Banque centrale européenne d’accroître ses facilités monétaires (un autre LTRO, racheter encore des obligations souveraines, baisser son taux d’intérêt), autrement dit de faire tourner la planche à billets. Bravo Mesdames et Messieurs, nous allons ainsi entrer dans la prochaine et ultime étape de la crise, celle de la monnaie, qui ruinera définitivement tout le monde !

> Les premiers articles sur ma candidature à la présidence de l’UMP

Philippe Herlin

mercredi 18 juillet 2012

Je suis candidat à la présidence de l’UMP

Si, si, c’est sérieux ! La seule façon de sortir de l’endettement et des déficits publics consiste à faire des réformes structurelles pour libérer les initiatives, baisser massivement le niveau des impôts, et faire reculer la bureaucratie, nous l’avons régulièrement écrit ici. Or les idées libérales ne sont quasiment pas représentées politiquement en France, et notamment pas à l’UMP. Il n’y a que des étatistes à l’UMP ! Le sens même des mots est perverti et « ultralibéral » est jeté comme une insulte à des personnalités qui ne le sont en aucune manière. Alors, dans un geste de défi, et pour tenter de remettre ces idées dans le débat, j’ai décidé de présenter ma candidature à la présidence de l’UMP, qui s’ouvre aujourd’hui. Vous pouvez retrouver ici ma profession de foi et comment me soutenir. Merci.

Philippe Herlin

vendredi 13 juillet 2012

La dislocation de la zone euro

Sur des échéances courtes (3 et 6 mois) la France a emprunté ces jours derniers à des taux négatif (-0,005%), une performance que seuls jusqu’ici l’Allemagne et les Pays-Bas avaient réalisée dans la zone euro. Dans le même temps l’Espagne et l’Italie se financent à des taux très élevés (6 à 7%). Cela montre que la dislocation de la zone euro s’accentue, entre les «bons» pays (Allemagne, Pays-Bas), ou considérés comme tels (la France, qui est encore AAA pour 2 des 3 agences), et les «mauvais» qui entrent en récession, ce qui rend quasiment impossible leur retour à l’équilibre budgétaire (Grèce, Espagne, Italie). Cela traduit également une bulle sur les obligations des Etats encore considérés comme en bonne santé : la quantité d’actifs sans risque à travers le monde se restreint, et les investisseurs se précipitent sur ce qui reste. Mais bientôt même les «bons» pays seront touchés de plein fouet lorsque la crise de la zone euro franchira un nouveau pallier. D’ici là profitons-en, la France emprunte gratuitement, mais c’est peut être l’œil du cyclone.

Philippe Herlin

mardi 3 juillet 2012

Le contribuable encore une fois arnaqué

La hausse de la bourse depuis vendredi, depuis le dernier sommet européen (voir le billet précédent) est grotesque mais compréhensible : on a ouvert un peu plus les vannes de l’argent public. Les fonds d’aide européens (MES et FESF), garantis par les Etats, pourront renflouer directement les banques et acheter de la dette de pays en difficulté, plutôt que de faire des prêts à des pays dans le cadre de plans rigoureux et placés sous le contrôle des autorités européennes. Ce sera plus facile, moins contraignant, en un mot plus laxiste.

Et si ça échoue ? Pas de problème, c’est déjà prévu : le MES «renonce à son statut de créancier senior, une exigence de Madrid qui avait peur de voir fuir les investissements si le MES avait été créancier privilégié.» (La Tribune). Le MES (donc les Etats, donc les contribuables) ne sera plus prioritaire si les banques espagnoles et Madrid sont dans l’impossibilité de rembourser, il faudra négocier avec les investisseurs privés (les pauv’banques qui risqueraient de faire faillite si elles abandonnent trop de créances… on voit déjà comment ça va finir). Résultat : plus d’argent public remis dans le système, et encore plus si ça échoue ; les marchés adorent, pile je gagne, face tu perds.

Les sommes en jeu sont conséquentes, et en forte augmentation : pour la France, la Cour des comptes vient d’en donner l’ampleur : «La dette publique imputable aux programmes d'aide aux pays en difficulté (prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF) devrait s'élever à 50,2 milliards fin 2012, contre 14,5 milliards fin 2011» (Le Figaro). Bien sûr tout cela n’est que de la dette rajoutée à de la dette et qui ne règle rien sur le fond, mais la crise baisse d’intensité et la bourse monte, pour le moment…

Philippe Herlin