La «meilleure» façon, si l’on ose dire, d’augmenter les déficits et la dette consiste à embaucher des fonctionnaires qui n’ont pas de réelle utilité, c’est autant de salaires et de retraites à verser obligatoirement, sans réels revenus ou avantages en regard, la force d’inertie sur les comptes publics est énorme. Eh bien c’est ce qu’a fait la France entre 1980 et aujourd’hui avec cette grande idée que le monde entier nous envie, la décentralisation (lancée en 1981). C’est ce que nous apprend la Cour des comptes. L’Etat transfère des compétences aux régions et aux départements, donc avec le personnel qui va avec ? Que nenni, les collectivités locales embauchent, et l’Etat aussi ! Les communes créent des communautés d’agglomérations pour mettre en commun certaines missions (ramassage scolaire, traitement de l’eau, déchets, etc), donc en y transférant les personnels concernés ? Que nenni, les communes gardent leurs agents pendant que les structures intercommunales embauchent à tour de bras ! Un exemple anecdotique, le Conseil économique et social, tout le monde le sait, ne sert à rien… même pas grave, créons-en un dans chaque région ! Etc, etc. Résultat, un million de fonctionnaires en plus, pour rien.
La décentralisation ratée de l’Etat, Le Cri du contribuable
Les rapports thématiques de la Cour des comptes
Pour info, mon interview vidéo pour Le Cri du contribuable
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
vendredi 30 octobre 2009
lundi 26 octobre 2009
Une forte dépendance vis-à-vis des non-résidents…
Nous avions indiqué dans l’une des premières notes de ce blog le fait que les deux-tiers de la dette publique sont détenus par les non-résidents, ce qui place la France dans une forte dépendance vis-à-vis de l’étranger et des marchés financiers internationaux. Cette donnée est presque aussi importante, et inquiétante, que le niveau de la dette lui-même. Cette information commence heureusement à se diffuser dans les médias comme en témoigne cet article du site e24 «A qui profite la dette de la France ?». Aux Etats-Unis cette dépendance vis-à-vis de l’extérieur n’est que de 28 %. On comprend dès lors qu’une perte de confiance (suite à la perte de la note AAA par exemple) ou qu’une crise financière internationale rendrait très problématique le financement de la dette française, et le spectre de la faillite très réel. Cette ouverture à l’extérieur, qui permet de placer facilement tous nos emprunts, pourrait se retourner contre nous !
A qui profite la dette de la France ? e24
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
A qui profite la dette de la France ? e24
Philippe Herlin
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samedi 24 octobre 2009
Pour un discours de vérité
Les gouvernements nous assurent, et veulent se convaincre, d’une reprise rapide qui effacera les traces de la crise. La distinction qu’opère Bercy entre un déficit structurel et un déficit de crise est à cet égard révélatrice de cette méthode Coué (voir cette note). Patrick Artus, directeur de la recherche économique à Natixis, a le mérite de taper du poing sur la table et d’interpeller ces gouvernements :
«Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés :
- à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables…), d'où un chômage durablement très élevé ;
- à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ;
- à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ;
- à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ;
- au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ;
- à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ;
- à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, avec le chômage élevé, les délocalisations…»
Ne se limitant pas à l’imprécation, il propose des perspectives :
«La seule solution constructive à cette masse de problèmes n'est pas d'amplifier les politiques contracycliques mais :
- d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat ;
- de construire les entreprises et les secteurs qui créeront de nouveaux emplois durables.»
Il dénonce également la folle ronde des déficits, qui ne font que créer d’autres bulles :
«Les politiques monétaires très expansionnistes ne font repartir ni le crédit ni la demande intérieure, puisqu'il y a besoin de désendettement, et contribuent seulement à l'excès de liquidité mondiale qui génère des bulles sur les prix des actifs (actions, matières premières).»
Sera-t-il entendu ? On l’espère mais on en doute…
Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens, Patrick Artus, Natixis
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
«Au lieu d'entretenir l'espoir d'une reprise rapide de la croissance et de l'emploi, les gouvernements feraient mieux de dire aux Européens qu'ils vont être confrontés :
- à une perte irréversible d'emplois dans les secteurs qui se contractent après la crise (construction, finance, biens durables…), d'où un chômage durablement très élevé ;
- à l'absence d'idées pour créer des emplois nouveaux en quantité suffisante pour compenser les pertes d'emplois ;
- à l'inefficacité des politiques de soutien de la croissance par l'exportation, avec la contraction du commerce mondial et, pour la zone euro, le risque d'appréciation de la devise ;
- à la disparition du modèle de soutien de l'activité par la hausse de l'endettement ;
- au besoin de rééquilibrer les finances publiques par des politiques budgétaires restrictives ;
- à l'accélération des délocalisations avec l'écart de croissance et de coûts de production entre les pays émergents et les pays de l'OCDE ;
- à la déformation du partage des revenus au détriment des salariés, avec le chômage élevé, les délocalisations…»
Ne se limitant pas à l’imprécation, il propose des perspectives :
«La seule solution constructive à cette masse de problèmes n'est pas d'amplifier les politiques contracycliques mais :
- d'accepter la perte inévitable de pouvoir d'achat et de capacité de dépense de l'Etat ;
- de construire les entreprises et les secteurs qui créeront de nouveaux emplois durables.»
Il dénonce également la folle ronde des déficits, qui ne font que créer d’autres bulles :
«Les politiques monétaires très expansionnistes ne font repartir ni le crédit ni la demande intérieure, puisqu'il y a besoin de désendettement, et contribuent seulement à l'excès de liquidité mondiale qui génère des bulles sur les prix des actifs (actions, matières premières).»
Sera-t-il entendu ? On l’espère mais on en doute…
Que les gouvernements aient le courage de dire la vérité aux Européens, Patrick Artus, Natixis
Philippe Herlin
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lundi 19 octobre 2009
L’Etat fait du crédit revolving !
La dette publique ce n’est pas un unique emprunt que l’on devra rembourser en totalité un jour bien sûr, l’Etat émet en réalité un flux continu d’emprunts sur le marché financier pour se refinancer, et ce flux est lissé au maximum de façon à éviter les à-coups (c’est l’AFT qui fait ce travail, et très bien d’ailleurs). L’explosion du déficit budgétaire pour 2008 et 2009 se traduit ainsi par une hausse du «service de la dette» (remboursement intérêts + capital) de quelques milliards «seulement» pourrait-on dire. Ce mécanisme de l’endettement contribue à son addiction par les autorités publiques, les charges d’un fort déficit pèsent peu sur le prochain budget, ce sont surtout les prochains gouvernements qui paieront la facture !
C’est le même mécanisme que le crédit revolving pour les ménages: vous achetez un écran plat et un sofa et vos remboursements mensuels augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, formidable ! Vous multipliez donc les achats et, finalement, vous vous retrouvez surendettés. Ce crédit facile est à l’origine d’une grande proportion des cas de surendettement des ménages. Le mécanisme économique et, pourrait-on dire, psychologique, est le même pour l’Etat. Les 140 milliards de déficit du budget 2009 se traduisent, concrètement, par quelques milliards de plus à rembourser tous les ans (le poste «service de la dette» dans le budget de l'Etat).
Dans un récent rapport, le député Gilles Carrez évalue à 54,6 milliards ce service de la dette (pour l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales) : «Les intérêts versés sur la dette publique représentaient 54,6 milliards d’euros en 2008, dont 45 milliards d’euros pour la dette de l’État (en comptabilité nationale), 5,2 milliards d’euros pour la dette des collectivités territoriales et 3,9 milliards d’euros pour les organismes divers d’administration centrale (parmi lesquels figure la CADES).» Il estime qu’il pourrait atteindre 80 milliards en 2012 ! 80 milliards de déficit annuel sans avoir bougé le petit doigt. Et voilà comment on étrangle progressivement les capacités budgétaires de la France.
La charge de la dette va progresser de 20 milliards d'euros d'ici à 2012, Les Echos
Rapport Carrez pour la loi de finance 2010
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
C’est le même mécanisme que le crédit revolving pour les ménages: vous achetez un écran plat et un sofa et vos remboursements mensuels augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, formidable ! Vous multipliez donc les achats et, finalement, vous vous retrouvez surendettés. Ce crédit facile est à l’origine d’une grande proportion des cas de surendettement des ménages. Le mécanisme économique et, pourrait-on dire, psychologique, est le même pour l’Etat. Les 140 milliards de déficit du budget 2009 se traduisent, concrètement, par quelques milliards de plus à rembourser tous les ans (le poste «service de la dette» dans le budget de l'Etat).
Dans un récent rapport, le député Gilles Carrez évalue à 54,6 milliards ce service de la dette (pour l’Etat, la sécurité sociale et les collectivités locales) : «Les intérêts versés sur la dette publique représentaient 54,6 milliards d’euros en 2008, dont 45 milliards d’euros pour la dette de l’État (en comptabilité nationale), 5,2 milliards d’euros pour la dette des collectivités territoriales et 3,9 milliards d’euros pour les organismes divers d’administration centrale (parmi lesquels figure la CADES).» Il estime qu’il pourrait atteindre 80 milliards en 2012 ! 80 milliards de déficit annuel sans avoir bougé le petit doigt. Et voilà comment on étrangle progressivement les capacités budgétaires de la France.
La charge de la dette va progresser de 20 milliards d'euros d'ici à 2012, Les Echos
Rapport Carrez pour la loi de finance 2010
Philippe Herlin
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vendredi 9 octobre 2009
Dette, déficit : l’effet boule de neige
On signalera cette très bonne analyse de Jean Peyrelevade dans Les Echos d’aujourd’hui sur l’effet boule de neige de la dette et du déficit. Un point de vue qui bat en brèche l’argumentation de Bercy qui veut distinguer un déficit structurel et un déficit de crise, ce dernier étant purement temporaire, nous avions dénoncé cette entourloupe dans cette note. Peyrelevade démontre qu’avec l’alourdissement de la charge de la dette, une légère remontée des taux d’intérêt et une croissance faible (des hypothèses tout à fait dans la norme et prudentes), le déficit budgétaire va rester de l’ordre de 8 % du PIB dans les années à venir ! Dans le même temps l’Allemagne tendra vers l’équilibre budgétaire à l’horizon 2016 (voir cette note). La situation de la France sera intenable. Et cela montre que notre situation budgétaire est bien plus catastrophique qu’on ne le croit.
Après la dette, la rigueur, Jean Peyrelevade, Les Echos
> Pour information j'ai été interviewé par L'Expansion
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Après la dette, la rigueur, Jean Peyrelevade, Les Echos
> Pour information j'ai été interviewé par L'Expansion
Philippe Herlin
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mercredi 7 octobre 2009
La sécu emprunte en dollars !
Nous avions déjà parlé de la CADES (la structure qui gère la dette de la sécurité sociale) dans cette note et signalé qu’elle s’endettait pour partie en devises, une attitude plutôt étonnante de la part d’un organisme public. A l’époque (avril 2009) le site de l’organisme ne permettait pas d’y voir clair, c’est désormais le cas avec la nouvelle version où l’on apprend que le dollar représente 20 % de l’encours de la dette totale de la CADES (en juin 2008) ! Et ça continue avec le lancement, le 29 juin dernier, d’une émission obligataire de 3 ans d’un milliard de dollars. Pourquoi la CADES ne s’endette-t-elle pas uniquement en euros (comme l’AFT qui gère la dette de l’Etat) ? Certes ces emprunts en devises sont couverts contre le risque de change sur toute la durée par un swap, mais toute couverture à un coût. Maintenant l’avantage est évident, un emprunt en dollars émanant d’une structure notée AAA se place sans difficulté auprès d’investisseurs américains. D’un point de vue strictement financier l’opération possède certainement sa rationalité, mais à l’heure où tout le monde se plaint de l'hégémonie du dollar dans l’économie mondiale et où, en Europe, on cherche à contrebalancer cette influence avec l’euro, on ne manque pas d’être étonné de voir un organisme public français contribuer à la prépondérance de la monnaie américaine.
Répartition de l’encours de dettes par devises, CADES juin 2008
La Cades lance avec succès une nouvelle émission obligataire à 3 ans d'un montant de 1 milliard de dollars US, CADES
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Répartition de l’encours de dettes par devises, CADES juin 2008
La Cades lance avec succès une nouvelle émission obligataire à 3 ans d'un montant de 1 milliard de dollars US, CADES
Philippe Herlin
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vendredi 2 octobre 2009
Déficit structurel/déficit conjoncturel
Le projet de loi de finance 2010 présente une lecture originale du déficit qui devra être constaté pour l’année 2009, à savoir 141 milliards d’euros, les médias s’en sont largement fait l’écho. En effet, le ministère des finances divise ce déficit en un «déficit structurel» de 45 milliards d’euros et un «déficit de crise» de 96 milliards d’euros (57 milliards de baisse des recettes fiscales + 39 milliards du plan de relance). Sous entendu, lorsque la reprise sera revenue, ce déficit de crise s’évanouira comme par enchantement.
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit. Il s’agissait alors de soutenir la croissance et d’attendre des jours meilleurs, comme aujourd’hui ! Mais la croissance des Trente glorieuses à 5 % n’est jamais revenue et il a fallu se contenter de 2-3 % durant les années 80-90. Et les gouvernements successifs n’ont jamais voulu faire les réformes de structure nécessaires, d’où un déficit récurrent, et l’explosion de la dette depuis cette époque.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance (du gouvernement, du FMI, de l’OCDE, etc) prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…
Il faudrait comprendre qu’une crise ne se réduit pas à une variation d’indices (une vision de comptable de Bercy) mais rebat les cartes entre les industries, les pays, les flux commerciaux, les produits innovants, etc. Et pour s’y adapter et en tirer profit, il faut bénéficier d’une économie souple, innovante et à faible niveau d'imposition, ce qui n’est pas précisément le cas de la France… Ce qui est structurel au gouvernement et à Bercy, c’est cette incapacité à comprendre cela.
Le déficit public atteindra 8,5% du PIB en 2010, La Tribune
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr
Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit. Il s’agissait alors de soutenir la croissance et d’attendre des jours meilleurs, comme aujourd’hui ! Mais la croissance des Trente glorieuses à 5 % n’est jamais revenue et il a fallu se contenter de 2-3 % durant les années 80-90. Et les gouvernements successifs n’ont jamais voulu faire les réformes de structure nécessaires, d’où un déficit récurrent, et l’explosion de la dette depuis cette époque.
La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance (du gouvernement, du FMI, de l’OCDE, etc) prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…
Il faudrait comprendre qu’une crise ne se réduit pas à une variation d’indices (une vision de comptable de Bercy) mais rebat les cartes entre les industries, les pays, les flux commerciaux, les produits innovants, etc. Et pour s’y adapter et en tirer profit, il faut bénéficier d’une économie souple, innovante et à faible niveau d'imposition, ce qui n’est pas précisément le cas de la France… Ce qui est structurel au gouvernement et à Bercy, c’est cette incapacité à comprendre cela.
Le déficit public atteindra 8,5% du PIB en 2010, La Tribune
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