La Société Générale annonce une forte hausse de son bénéfice trimestriel. Génial, alors c’est la reprise ? Pas du tout, cela résulte d’opérations comptables, à savoir un « recul plus prononcé que prévu des provisions pour pertes sur le crédit », une « baisse du coût du risque » (une notion par ailleurs contestable) ainsi, paradoxalement, qu’une hausse de la « valeur de son portefeuille d'instruments de couverture (CDS) » puisque la tension sur les marchés s’accroît (les CDS servent en effet à se couvrir contre le risque, fort bien, mais ce produit c’est aussi de la nitroglycérine, une bulle, mais c’est un autre problème). Remarque en passant, notons une contradiction entre le troisième effet comptable et les deux premiers. Deuxième remarque, pour rire : "L'embellie est favorisée par la bonne tenue du portefeuille d'actifs illiquides", des actifs illiquides (invendables c'est à dire qui ne valent rien) mais qui se "tiennent bien", comprenne qui pourra, ça doit être de l'humour de banquier. Bref, la Générale fait comme les banques américaines, une baisse des provisions et du coût du risque, qui produit une hausse du bénéfice, largement artificielle. Dangereuse même puisque les risque réels augmentent dans des proportions inquiétantes : Forclosuregate aux USA (cf les articles de Vincent Bénard) et problèmes de dettes souveraines en Europe. D’ailleurs la restructuration de la dette grecque devient de plus en plus inévitable, la Société Générale a-t-elle fait des provisions en conséquence ? Bien sûr que non. Et pour le Portugal, l’Espagne ? Non plus. En négligeant ainsi un risque pourtant évident, les banques vont amplifier, plutôt qu’amortir, une crise des dettes souveraines européennes qui se profile à l’horizon.
Société Générale tourne le dos à la crise, Le Figaro
Grèce : le spectre d'une restructuration ressurgit, Le Figaro
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Philippe Herlin
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