vendredi 29 mai 2009

Emprunts d'Etat dans le monde : le trop plein !

Comme l'indiquent les trois analyses ci-après, les inquiétudes montent concernant la capacité du marché financier mondial à absorber les emprunts émis par les Etats d'Europe et des Etats-Unis. Ambrose Evans-Pritchard chiffre à 6000 milliards de dollars la somme que les Etats devront lever en 2009 pour financer leurs déficits et leurs plans de relance. Il n'y aura, selon lui, tout simplement pas assez de liquidités. John Mauldin énonce en effet le "paradoxe du déficit" : "tout le monde ne peut pas avoir des déficits au même moment. Si nous n’achetons pas pour 700 milliards de dollars de marchandises [le plan de relance US NDLR], alors cet argent ne peut pas être recyclé dans le financement de notre dette. C’est aussi simple que cela". Bien sûr ! Conclusion, selon Oriane Claire : "le risque est bien de sombrer non pas dans une crise financière mais dans une crise des finances des Etats".

Signalons au passage cette remarque inquiétante de John Mauldin sur l'Espagne : "Considérez ceci : la valeur de l’encours des prêts aux développeurs immobiliers espagnols est passée de 33,5 milliards d’euros en 2000 à 318 milliards en 2008, soit une hausse de 850% en 8 ans. Si vous ajoutez les dettes du secteur de la construction, l’ensemble de la valeur de l’encours des prêts aux développeurs et aux entreprises de construction s’élève à 470 milliards d’euros. C’est près de 50% du PIB. La plupart de ces prêts seront défaillants". Il poursuit : "Pourquoi les banques espagnoles ne sont-elles pas en faillite ? Elles ne pratiquent pas la comptabilisation de leurs prêts immobiliers aux cours du marché." !!! Plus globalement, il considère que "Les banques européennes sont dans une situation bien pire que leurs homologues américaines"...

Les acheteurs renâclent devant les obligations US, par Ambrose Evans-Pritchard

Déficits publics : d’où viendra le financement ? par John Mauldin

Dette publique, le plus dur est à venir, par Oriane Claire

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

vendredi 15 mai 2009

L’addiction de l’Etat à l’endettement

Les médias dénoncent justement le crédit revolving dans le surendettement des ménages, en effet cette technique met à disposition d’une personne une ligne de crédit dans laquelle elle peut puiser à volonté pour ses dépenses de consommation tandis que ses mensualités augmentent modérément… jusqu’à l’étrangler ! Au début c’est sympa, on s’achète un écran plat et un sofa et les mensualités à rembourser augmentent seulement de quelques dizaines d’euros, ça parait indolore… Il y a en réalité un grand effet d’inertie dans ce processus et un «accident de la vie» (chômage, séparation, ou la simple incapacité à surveiller ses comptes) se traduit par un surendettement qui étrangle l’emprunteur.

Quand on y réfléchit bien, c’est exactement de cette façon que l’Etat s’endette, non pas exactement en puisant dans une réserve mais en émettant régulièrement tout au long de l’année une multitude d’emprunts de montants et de durées variables de façon, justement, à lisser les remboursements. Un trou de plusieurs dizaines de milliards d’euros dans le budget de l’Etat ou celui de la Sécurité sociale se traduit in fine par une hausse des remboursements de quelques milliards par an (tandis que la dette totale, elle, augmente). Le «service de la dette» augmente régulièrement chaque année de quelques milliards et, au niveau du budget total, cet accroissement paraît indolore à ceux qui nous gouvernent. Erreur, cela limite nos marges de manœuvre et, en cas de crise comme aujourd’hui, cela peut devenir extrêmement dangereux.

En fait c’est dès le départ qu’il aurait fallu réagir (pour un ménage comme pour l’Etat) en refusant l’absurdité fondamentale de financer des dépenses de fonctionnement par l’emprunt.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mercredi 13 mai 2009

Cachez cette SFEF que je ne saurais voir !

L’Etat pensait que ça n’allait pas se voir mais l’INSEE et EUROSTAT en ont décidé autrement : le plan d’aide aux banques sera comptabilisé dans la dette de la France. Et c’est normal : la SFEF (Société de financement de l'économie française), créée pour l’occasion, lève de l’argent sur les marchés pour le prêter aux banques avec, c’est le point important, la garantie de l’Etat, donc c’est de la dette, point. Le gouvernement s’offusque en expliquant qu’il prend en garantie des actifs bancaires solides : si c’est vrai les banques n’ont qu’a emprunter directement sur les marchés, comme le font plusieurs banques américaines ! (Elles annoncent des bénéfices, s'affirment en bonne santé, pourquoi ne se tournent-elles pas vers les marchés...). L’enjeu est important puisque la SFEF va emprunter 70 milliards d’euros cette année, ce qui fera passer la dette publique de la France à 79,7 % du PIB (contre «seulement» 73,4 % si on ne comptabilise pas la SFEF). Une dette à 80 % du PIB en cette fin d’année, tu parles d’un cadeau de Noël !

Le soutien aux banques risque de porter la dette publique à 80 % du PIB dès 2009, Les Echos

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

jeudi 7 mai 2009

La nécessité de réduire les dépenses publiques

L’OCDE vient de rappeler, une fois de plus, la France à une meilleure discipline budgétaire. Dans le premier chapitre de son «Etude économique de la France 2009», l’organisme international souhaite qu’«Une fois la reprise bien engagée, la priorité devra être de mettre en application de manière résolue un plan de réduction du déficit des administrations publiques». Et pour cela il faudra notamment rendre le processus budgétaire plus crédible : «les attentes du gouvernement en matière de réduction du déficit ne se sont pratiquement jamais réalisées» à cause d’hypothèses de croissance systématiquement optimistes. Autrement dit, les ministres français du budget ne sont pas sérieux ! L’OCDE pointe également le gâchis causé par les collectivités locales : «En particulier, la création d’un palier administratif au niveau des intercommunalités ne semble pas avoir permis d’engranger les économies d’échelle attendues dans l’achat et la gestion des équipements.»

L’OCDE délivre une clé pour engager ce processus de baisse de la dépense publique : «L’expérience étrangère montre qu’une baisse sensible des dépenses passe par une remise en cause profonde du rôle et du mode d’intervention de l’État dans divers domaines». Il faut changer de mentalité, c’est presque une révolution copernicienne. Les Etats-Unis commencent à l’engager, pour des montants encore faibles mais la détermination semble présente. C’est «ligne par ligne» qu’il faut évaluer les dépenses publiques et, pour l’anecdote, citons cet exemple nous concernant :
«Educational attaché, Paris, France ($632,000). The Department of Education can use e-mail, video conferencing, and modest travel to replace a full-time representative to UNESCO in Paris, France.»
Bravo. Quand est-ce qu’on s’y met en France ?

Etude économique de la France 2009, chapitre 1, OCDE

Determining What Works, Line by Line, The White House

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr

mardi 5 mai 2009

Le tramway ou comment s’endetter encore plus

C’est la mode de ces dernières années dans les villes, grandes et moyennes : le tramway ! C’est visible en plein centre ville, ça donne l’impression que les élus «agissent», ça facilite leur réélection, formidable. Ces projets recèlent une utilité réelle bien sûr, par les personnes qu’ils transportent quotidiennement, mais calcule-t-on un rapport entre le coût total et le nombre d’utilisateurs ? Il ne s’agit pas de chercher une rentabilité à un type de projet qui ne peut en avoir au sens strictement comptable mais, tout de même, de contrôler les dépenses. Au-delà des effets d’annonce sur la réduction des émissions de CO2 et le désenclavement de quartiers, on y lit surtout une idéologie anti-voiture et une sacralisation de la dépense publique ! 6 milliards d’euros seront dépensés dans les 3 ans en régions et, dans le cadre du «Grand Paris», 30 milliards pour un métro de 130 km courant autour de Paris… Quelles recettes viendront en face de ces dépenses astronomiques ? La puissance publique est tellement sûre d’elle-même qu’elle est convaincue que son offre de transport va générer automatiquement de la richesse : développement économique, hausse du prix de m2, construction de logements, etc. L’Etat qui crée de la richesse en s’endettant… un air connu depuis trente ans en France, on connaît le résultat.

Les projets de transport collectif en régions

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr