Une crise, une vraie crise, correspond à une situation inextricable qui ne peut se résoudre que par un effondrement économique, comme cela est arrivé en 1929, ou a failli le 15 septembre 2008. Nous sommes en train d’approcher une telle situation critique.
« Les banques portugaises pourraient être confrontées à un "risque intolérable" si le pays ne parvient pas à consolider ses finances publiques, a prévenu mardi la banque centrale. » (Reuters). Effectivement, si la dette souveraine du Portugal est dégradée par les agences de notation (ou si l’Etat portugais fait défaut ou doit rééchelonner), les banques portugaises, qui en ont plein dans leur bilan, se retrouveront avec un actif « spéculatif », dévalué, dont la valeur doit être sévèrement diminuée. Conséquence, le marché interbancaire se fermera, elles devront lever des milliards d’euros pour provisionner ces actifs, mais qui voudrait leur prêter ? Personne. Et surtout pas l’Etat portugais, à court d’argent et ayant perdu la confiance des investisseurs. Résultat, faillites du système bancaire et de l’Etat, et un effondrement économique.
Mais ce que l’on vient de décrire pour le Portugal peut se produire à l’échelle de l’Europe. Les banques et les assurances européennes sont gavées d’obligations souveraines des pays de la zone euro. Une défiance envers l’Espagne, l’Italie ou la France provoquerait une onde de choc destructrice dans le système bancaire et envers l’euro lui-même. Aujourd’hui on ne sait répondre à ce type de crise que par un surcroît d’endettement public (le FESF), c'est-à-dire encore plus d’obligations publiques, achetées par les banques ! On tourne en rond, en apesanteur, jusqu’à l’écroulement final.
Déjà des tensions apparaissent sur le marché interbancaire européen. Les taux ne montent pas encore parce que « la BCE agit maintenant comme une sorte de contrepartie centrale au marché interbancaire, autorisant les différentes parties à prêter-emprunter auprès d'elle sans être obligées de se prêter entre elles » selon Les Echos. Mais l’inquiétude est réelle. Des rumeurs de dégradation courent sur la France (Le Figaro) et le spread de taux d’intérêt avec l’Allemagne s’agrandit (Reuters).
Il faut sortir de cette logique d’accumulation de l’endettement public pour retrouver le chemin de la croissance (par des réformes structurelles que seule l’Allemagne, parmi les grands pays, a réalisées jusqu’ici en Europe) et de la baisse des dépenses publiques, sinon…
Philippe Herlin
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