Chut, il ne faut pas le dire ! La Grèce rééchelonne une partie de sa dette. Le prêt de 110 milliards d’euros qui lui a été accordé par l’Union européenne en mai dernier, et qui devait être remboursé en 2015, le sera finalement en 2024 (ou plus tard, la date n’est pas encore absolument établie). On essaie simplement de sauver les apparences et de ne pas utiliser le terme « rééchelonnement » dans les communiqués, mais les faits sont là. D’habitude c’est le pays débiteur qui met ses créanciers devant le fait accompli (« je décale mes remboursements de dix ans, je ne peux pas faire autrement, point »), ce qui provoque une tempête diplomatique et une crise de confiance sur les marchés. Ici le débiteur (la Grèce) et les créanciers (Allemagne, France, etc) se sont entendus discrètement sur ce report, avec la complicité du FMI. Surtout pas de vagues. Mais cette décision signifie, à ceux qui en doutaient encore, que la Grèce ne pourra pas rembourser toute sa dette. Et il en sera certainement de même pour l’Irlande, le Portugal, l’Espagne…
Ici les débiteurs sont des Etats (un grand merci aux contribuables), donc le « scandale » n’éclate pas, mais lorsqu’il s’agira de rééchelonner la dette « normale », détenue par des investisseurs privés, ça va hurler ! Les banques, les assurances et les fonds devront enregistrer des pertes sèches dans leurs bilans et les actionnaires vont se faire entendre (tiens, les actionnaires se font plus entendre que les contribuables, étonnant).
Philippe Herlin
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