Pour faire suite au billet précédent, il n’y a pas que la Grèce qui rééchelonne sa dette, c’est aussi le cas de l’Islande ! Le rééchelonnement, le défaut partiel ou, autre synonyme, la restructuration de la dette publique, fait ainsi son chemin, sans que les médias en parlent, pour l’instant.
Rappel historique : les trois grandes banques islandaises se sont fortement développées à l’international (RU, Irlande, Pays-Bas notamment) en captant l’épargne de particuliers alléchés par des taux d’intérêts supérieurs à la moyenne. Cette croissance à tombeaux ouverts explose en plein vol lors de la crise de 2008, les banques sont ruinées. Pour éviter une explosion sociale et une défiance envers le système bancaire, les gouvernements de Londres, Dublin et Amsterdam remboursent leurs déposants et se retournent ensuite vers Reykjavik. Les Islandais, qui n’ont pas froid aux yeux, font un référendum en mars 2010 pour refuser de payer pour leurs banques. Cependant le défaut intégral n’est pas tenable (risque de mise au ban, rétorsions commerciales, etc), résultat, il faut négocier. L’accord vient de tomber, sur une des trois banques, (mais il doit encore passer devant le parlement islandais) et chacun fait un pas, l’Islande paye mais sur un délai très long (au plus tard 2046 !) et pas en totalité (l’Irlande, qui n’est plus à ça près, en sera de sa poche pour 394 millions d’euros). Il s’agit bien d’un rééchelonnement. L’idée progresse donc (c’est ce qu’il aurait fallu faire dès le début avec la Grèce, bref).
Remarque incidente : la filiale française d’une banque batave (un exemple parmi d’autres, mais c’est le plus marquant) déploie une publicité omniprésente et offre des taux d’intérêt aguicheurs, et ça a l’air de marcher pour elle, mais au fait, les instances bancaires françaises de régulation se soucient-elles de la solidité de la maison-mère ? On l’espère.
Philippe Herlin