L’Agence française du Trésor (AFT) vient de mettre en ligne son rapport annuel 2008. Revenons sur un problème fondamental que nous avons signalé dans cette note, le fait que les deux-tiers de la dette de la France sont détenus par des non-résidents (ce qui fragilise notre situation) et, surtout, que l’AFT ne veut pas communiquer sur la répartition des pays détenteurs. Le rapport 2008 ne répond pas à cette question mais il fournit une indication, les pays visités pour faire la promotion des valeurs du Trésor (page 10)... Contrairement aux années 2007 et 2006 (cf rapport annuel 2007), qui concernaient essentiellement les pays développés + BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), on note en 2008 une forte réorientation en faveur des pays pétroliers du Maghreb et du Moyen-Orient (Abou Dhabi, Algérie, Arabie Saoudite, Egypte, Kazakhstan, Lybie, Qatar). Il est vrai qu’avec la crise, les pays ayant des excédents à placer sur le marché des capitaux ne sont plus si nombreux. Ces pays semblent avoir pris une place déterminante dans le placement de notre dette publique. On ne va pas tirer les fils de l’analyse géopolitique (tiens, pourquoi une base militaire française à Abou Dhabi ?), ça nous emmènerait trop loin, on se bornera à noter l’instabilité de ces pays (que des dictatures) et de ces régions et à renouveler notre souhait que la dette publique française diminue et dépende moins de l’étranger pour ne pas s’exposer inutilement aux soubresauts internationaux.
Autrement, à noter également dans le rapport 2008 :
- Le très parlant graphique de la page 18 montrant les écarts de spreads entre les différents pays de la zone euro.
- Le fait que l’AFT utilise des swaps de taux d’intérêt, un produit très spéculatif, mais dans une option de couverture donc à a priori peu risquée, même si la Cour des comptes lui a demandé de mieux contrôler ces risques (pages 27, 56, 59).
Le site de l’Agence française du Trésor (AFT)
Philippe Herlin
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