La France peut-elle perdre son AAA, la meilleure note, si importante pour le refinancement de sa dette ? Cette question est latente depuis longtemps, mais vu la vitesse de propagation de la crise, de la Grèce au « PIIGS », il faut se la poser à nouveau et tenter d’approcher une réponse. Les prévisions sont toujours difficiles, mais on peut prendre un point de vue qui croise les deux problématiques de fond, la notation et l’euro, c'est-à-dire considérer la liste des pays de la zone euro qui possèdent le triple A : l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande et donc la France. On constate d’emblée qu’hormis la France tous ces pays sont très vertueux sur le plan budgétaire, ils étaient tous à l’équilibre ou presque avant la crise, ils ont plongé en 2008-2009 mais ils se redressent très vite, notamment le plus important d’entre eux, l’Allemagne, depuis qu’elle a décidé de s’imposer une règle constitutionnelle l’obligeant à atteindre l’équilibre budgétaire en 2016 (voir cette note). La France est à l’évidence le « mauvais élève » de ce groupe, elle qui se contente de contenir ses dépenses et de compter sur le retour de la croissance pour diminuer son déficit. Sa situation va de plus en plus diverger de ce groupe et, inévitablement, la sanction tombera avec la perte de son AAA. Quand ? Six mois (le prochain projet de loi de finance 2011 sera à ce titre très important) ? Un an ? 18 mois ? Ouvrons les paris, sur l’échéance, mais le fait lui-même semble inscrit dans les logiques économiques et budgétaires à l’œuvre.
Les notes des dettes des pays de la zone euro, La Tribune
La crise après la crise : au tour de la France ? Eric Le Boucher, Slate
La propagation de la crise en Europe, Jean-Michel Apathie, RTL
Euro/Ligne Maginot, même logique, Charles Gave
Philippe Herlin
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