vendredi 22 juillet 2011

L’UE se sauve temporairement

« Le mois de juillet sera chaud » annoncions-nous le 10 juin dernier, tout en considérant que l’explosion de l’euro n’aurait pas lieu et qu’une couche d’endettement public supplémentaire serait rajoutée. Nous y voilà ! Le pessimisme des derniers jours (Angela Merkel annonçant mardi ne rien attendre du sommet d’hier) n’était pas de mise, l’UE met 158 milliards d’euros sur la table, les marchés respirent.

Le plan (lire ici et ici) mis en place comprend plusieurs volets :
1) le FESF prêtera à la Grèce (ainsi qu’à l’Irlande et au Portugal) à des taux moindres (3,5 %) et sur des durées plus longues (15 ans)
2) les créanciers privés (banques, assurances) détenteurs d’emprunts grecs pourront choisir différentes modalités : a) les revendre au FESF avec une décote de 40 % ; b) les échanger contre de nouveaux prêts ; c) réinvestir dans de nouveaux prêts lorsqu’ils arriveront à échéance (rollover) ; tout cela représentant un coût à la charge de ces créanciers.
3) le FESF voit son rôle s’accroître, il pourra a) racheter de la dette grecque (point 2a) ; b) racheter de la dette d’Etat sur le marché secondaire, avec l’accord unanime des pays membres ; c) consentir des prêts à des Etats membres en difficulté, ou pour renflouer leur système bancaire.
Le plan est bien négocié, il n'y a pas de défaut de paiement, et donc de déclenchement des CDS.

Il y a des pas dans la bonne direction : une mini-restructuration de la dette grecque, néanmoins insuffisante pour qu’elle redevienne solvable (26 milliards d’effacés sur 350), l’engagement des Etats à revenir sous les 3 % de déficit budgétaire dès 2013 (on est à 7 en France cette année, ça va être chaud !), le fait que les créanciers privés mettent la main à la poche.

Mais on assiste surtout à un renforcement de l’endettement public au niveau européen, favorisé par l’extension des missions du FESF qui va devenir une sorte de « FMI européen ». En fait le FESF va prendre le relais de la BCE qui a déjà rempli son bilan d’actifs douteux (emprunts grecs, irlandais et portugais) et met ainsi en péril sa situation financière. Il ne manquera plus au FESF de pouvoir émettre des obligations pour encore accélérer la monétisation des dettes publiques européennes. Une fuite en avant.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr