mardi 6 septembre 2011

Economie réelle versus marchés financiers

On entend beaucoup de déclarations contradictoires en ce moment sur l’état de l’économie, des observateurs annoncent une récession, ou une stagnation, et certains indicateurs le montrent, tandis que des chefs d’entreprises disent que leurs carnets de commandes sont pleins, et des économistes expliquent, chiffres à l’appui, que la consommation tient bon. La chute des bourses depuis cet été faire dire à beaucoup que « l’économie réelle » va bien mais que l’on risque une crise comme en 2008 à cause des « marchés financiers ». Qui a raison ?

En fait ces opinions sont contradictoires en surface seulement. Car qu’est-ce qui soutient la consommation en France, sinon le déficit public ? Et donc la dette, qui inquiète tant les marchés. Prenons les chiffres de base, en les arrondissant : le PIB annuel (la création totale de richesse) s’élève à 2000 milliards d’euros. Le déficit public sera cette année de 7% du PIB soit 140 milliards, ce qui correspond à 100 milliards de déficit pour l’Etat, 25 pour la sécu, 15 pour les collectivités locales et divers. Ces 140 milliards d’euros s’ajoutent à la dette publique et rajoutent à l’inquiétude sur la capacité de la France à se financer sur les marchés, même si actuellement elle est épargnée par la tempête. Mais ces 140 milliards (c’est le bon côté de la chose, si l’on peut dire) sont injectés dans l’économie, essentiellement sous forme de salaires des fonctionnaires et de prestations sociales (très peu en investissement, ne rêvez pas). Résultat, la consommation est soutenue !

Mais on comprend que ce soutien de la consommation est artificiel. Une part non négligeable des carnets de commandes des entreprises est financée in fine par de la dette publique. L’économie réelle n’est pas séparée des marchés financiers, elle est même dopée par eux ! Il y a aussi une bulle dans l’économie réelle et elle se dégonflera, ou s’effondrera, après celle des marchés financiers.

Autrement, on lira ces articles (Les Echos, Le Parisien, Le Figaro) sur les collectivités locales dont certaines sont coincées avec des emprunts toxiques.

Et aussi cet article du Figaro qui pose la question du rapport entre l’homme et l’informatique, ici pour un Airbus, mais la problématique est identique sur les marchés financiers.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr