Ce que la BCE refuse de donner de la main droite, elle le donne de la main gauche ! « Non je n’achèterai pas de dette souveraine à grande échelle » clame Mario Draghi, le président de la BCE, « sinon toute cette création monétaire provoquera de l’inflation ». Nous étions un peu rassurés. Mais quelques semaines après ces déclarations, il ouvre les vannes en faveur des banques ! C’est guichet ouvert : taux à 1% sur 3 ans. Avec deux semaines d’avance, le Père Noël passe, le succès est au rendez-vous, 523 banques empruntent 489 milliards d’euros (Les Echos) !
Certains parlent de bonne nouvelle… La BCE intervient massivement parce que le marché interbancaire est quasiment à l’arrêt. Les banques n’ont plus confiance en elles, leurs bilans sont remplis de dette souveraine européenne dont la valeur baisse, et elles possèdent encore des actifs toxiques datant de la crise de 2008. Selon Les Echos, elles doivent refinancer 230 milliards d'euros au premier trimestre, et elles ne peuvent pas l’emprunter, ni le lever sur les marchés parce que leurs actions sont massacrées en bourse. La BCE intervient au bord du précipice, d’où le soulagement actuel.
Face à un risque de faillites bancaires et de ‘credit crunch’, la BCE a décidé de faire une croix sur le contrôle de la masse monétaire. Elle devient par ailleurs dépendante des banques et cela fragilise son bilan (si des banques ne peuvent pas rembourser leurs prêts, va-t-elle les mettre en faillite ? Non bien sûr, elle encaissera la perte). Nous y avons gagné un répit de quelques mois, mais sans rien régler sur le fond : le manque de solvabilité du système financier européen.
Philippe Herlin