Pourquoi Les Echos se sent-il obligé de consacrer un dossier intitulé «Banques : ce que risquent les déposants français» ? Avec une interview du président du Fonds de garantie des dépôts, Thierry Dissaux, qui profère d’ailleurs une contrevérité («On ne demande pas à un assureur de disposer de réserves égales à la totalité des sinistres qu'il couvre», si justement, la totalité des sinistres pondérés par leur probabilité de survenance, alors que le Fonds avec ses malheureux 2 milliards ne couvre au mieux que la faillite d’une petite banque régionale). Et un édito faussement rassurant («le dispositif de garantie des dépôts est suffisamment solide pour que l'hypothétique défaillance d'un établissement puisse avoir lieu sans dégâts collatéraux pour les épargnants», c’est bien sûr totalement faux). En fait nous avons déjà eu une faillite bancaire en France avec Dexia (renfloué par des fonds publics), et un groupe d’assurance «sous forte pression financière» avec Groupama (aidé par la CDC, le bras financier de l’Etat). A qui le tour ? L’économiste suisse Charles Wiplosz affirme que des banques françaises vont tomber («Banks will collapse, including possibly a number of French banks that are very exposed to Greece, Portugal, Italy and Spain»). Les grandes banques françaises vendent des filiales, licencient, sont à court de dollars, et manipulent leurs résultats. La BNP vend des CDS sur la dette de la France pour faire rentrer un peu de cash (voir Zero Hedge), on en est là. Que va-t-il se passer ? Il faut comprendre une chose : une banque ne prévient jamais qu’elle risque bientôt de faire faillite, sinon ses clients vident leurs comptes et elle fait effectivement faillite dès le lendemain de sa déclaration ! Lorsque l’on regarde les faillites et rachats de la crise de 2007-2008, Bear Stearns, par exemple, a vu le cours de son action baisser régulièrement pour perdre 90% de sa valeur. Mais la direction était toujours rassurante. Puis le 16 mars 2008, la banque, en fait complètement en faillite, est rachetée par JP Morgan. Ca se passera comme ça. En France, les cours des grandes banques ont perdu de l’ordre de 90% (par rapport à avant la crise de 2008). Tombera, tombera pas ? Nous serons bientôt fixés sur la solidité réelle des banques françaises. Mais que personne ne fasse d'illusions sur ce Fonds de garantie ! Si cela devait arriver, l'Etat nationaliserait la banque, et après ce serait une autre histoire.
Philippe Herlin