jeudi 1 décembre 2011

Sursis

Lorsqu’un condamné à mort voit son exécution repoussée d’une semaine, il est content ? Oui. Voici ce qui se passe en ce moment sur les bourses mondiales. La crise de la dette publique s’accroît en Europe (où l’on parle d’un risque d’explosion de la zone euro) et aux Etats-Unis (aucun accord politique n’émerge pour réduire le déficit). Dans le même temps, la situation des banques des deux côtés de l’Atlantique se dégrade : leur bilan contient encore des quantités d’actifs toxiques hérités de la crise de 2008, et, pour les banques européennes, des dettes souveraines dont la valeur chute. Conséquence : les banques ne se font plus confiance entre elles, le marché interbancaire se bloque. De plus en plus, elles font appel à la BCE pour se financer. Difficulté supplémentaire, les banques européennes peinent à trouver des dollars (les fonds US ferment le robinet), elles se tournent donc vers la BCE, qui se fournit à son tour auprès de la Fed, chacun fait la manche son voisin. «Depuis la crise, la BCE livre une bataille acharnée pour éviter l'écroulement du système bancaire européen.» (Les Echos), voici où nous en sommes aujourd’hui. Dans ce cadre, l’accord que viennent de signer les grandes banques centrales est inquiétant parce ce qu’il révèle l’ampleur de la crise. Et il ne règle rien sur le fond.

Philippe Herlin