lundi 25 juin 2012

La fuite en avant des banques centrales

La Banque des règlements internationaux (BRI) vient de publier son rapport annuel et il explique, dans un langage très posé, la gravité de la situation. La «banque des banques centrales» montre à quel point celles-ci tiennent à bout de bras le système financier mondial. Dès les premières pages le diagnostic est sans appel, il montre qu’elles sont engagées dans une fuite en avant : «A18.000 milliards de dollars (chiffre toujours en progression), l’actif agrégé de l’ensemble des banques centrales représente 30 % environ du PIB mondial». Vous avez bien lu, le bilan des banques centrales de la planète équivaut à un tiers du PIB mondial ! Voici la conséquence directe de la crise financière et de l’explosion de l’endettement des Etats. Les banques centrales sont en effets appelées à la rescousse pour soutenir les banques (reprendre leurs actifs pourris en échange de liquidités) et les Etats (racheter leur dette qui ne trouve pas preneur sur les marchés). Et ce n’est pas prêt de se terminer puisqu’elles «sont contraintes de prolonger la stimulation monétaire face aux atermoiements des gouvernements, ce qui retarde le processus d’ajustement. […] En réalité, des taux directeurs proches de zéro conjugués à un soutien de liquidité massif et quasi inconditionnel n’incitent guère le secteur privé à assainir ses bilans ni les autorités budgétaires à limiter leur appel à l’emprunt.» Désormais une partie significative du risque systémique se trouve dans les banques centrales : «Avec des taux nominaux maintenus à des niveaux qui ne sauraient être plus bas et des bilans en constante expansion, les risques s’accumulent pour les banques centrales.» Plus précisément : «Au nombre de ces conséquences pourraient figurer, notamment, un soutien accordé en pure perte à des emprunteurs et des banques, de fait, insolvables − un phénomène que le Japon a connu dans les années 1990 – et un gonflement artificiel du prix des actifs, porteur, à terme, de risques pour la stabilité financière.» Ou plus précisément, un défaut généralisé ou une vague d’hyperinflation. La ruine dans les deux cas. Pendant ce temps, les grandes banques commerciales ne changent rien à leur comportement délétère, elles «continuent de trouver un intérêt à augmenter leur levier d’endettement sans se soucier suffisamment des conséquences d’une défaillance : du fait de leur poids systémique, elles comptent sur un soutien public en cas d’évolution défavorable.» ! Et les pays émergents seront bientôt touchés : «Ces conditions monétaires accommodantes ont, depuis quelque temps déjà, alimenté l’essor du crédit et des prix des actifs dans certaines économies émergentes, où elles risquent de développer des déséquilibres financiers analogues à ceux qu’ont connus les économies avancées dans les années qui ont immédiatement précédé la crise mondiale.» Un bien sombre tableau, mais on ne freine pas la course à l’abime, la BCE vient en effet d’accepter que les prêts immobiliers espagnols servent de garantie aux liquidités qu’elle prête aux banques espagnoles ! Des bouts de papier qui ne valent plus grand chose se retrouvent ainsi dans le bilan de la Banque centrale européenne…

> L’or, un placement d’avenir, «un lumineux petit livre» pour La Tribune, merci !

Philippe Herlin