mardi 5 juin 2012

Le bank run des grandes entreprises

Au fait, on ne vous l’avait pas dit, mais le bank run a déjà commencé en France et en Europe ! Enfin, il n’y a pas de files d’attentes devant les agences bancaires, non, il concerne seulement, pour l’instant, les grandes entreprises. Parce qu’elles peuvent se le permettre. Comme l’explique cet article du Figaro, les grandes entreprises ont de moins en moins confiance dans le système bancaire et elles préfèrent déposer leurs liquidités où elles sont certaines de les retrouver, c'est-à-dire directement à la Banque centrale européenne (BCE) ! Certains groupes possèdent des banques (L’Oreal, Peugeot, Renault), ce qui rend la chose très facile, d’autres utilisent leur «pouvoir de négociation» («Nous disposons d'une banque qui nous permet de déposer nos liquidités à la BCE», précise-t-on chez Total). D’autres enfin acquièrent une licence bancaire (Siemens depuis 2010) ou cherchent à le faire (EADS). De grandes entreprises se font aussi des prêts entre elles, court-circuitant ainsi les banques. On apprend même au passage que certaines de ces entreprises profitent des LTRO (les prêts géants de la BCE destinés à aider le secteur bancaire), c'est-à-dire récupèrent de l’argent à 1% l’an, ce qui constitue une distorsion de concurrence qui ne semble gêner personne… Bref, les grandes entreprises européennes anticipent clairement des faillites bancaires et elles prennent leurs dispositions pour s’en protéger.

Mon interview vidéo pour Challenges «Et si la Grèce retournait à la drachme tout en gardant l'euro».

Philippe Herlin