mardi 3 juillet 2012

Le contribuable encore une fois arnaqué

La hausse de la bourse depuis vendredi, depuis le dernier sommet européen (voir le billet précédent) est grotesque mais compréhensible : on a ouvert un peu plus les vannes de l’argent public. Les fonds d’aide européens (MES et FESF), garantis par les Etats, pourront renflouer directement les banques et acheter de la dette de pays en difficulté, plutôt que de faire des prêts à des pays dans le cadre de plans rigoureux et placés sous le contrôle des autorités européennes. Ce sera plus facile, moins contraignant, en un mot plus laxiste.

Et si ça échoue ? Pas de problème, c’est déjà prévu : le MES «renonce à son statut de créancier senior, une exigence de Madrid qui avait peur de voir fuir les investissements si le MES avait été créancier privilégié.» (La Tribune). Le MES (donc les Etats, donc les contribuables) ne sera plus prioritaire si les banques espagnoles et Madrid sont dans l’impossibilité de rembourser, il faudra négocier avec les investisseurs privés (les pauv’banques qui risqueraient de faire faillite si elles abandonnent trop de créances… on voit déjà comment ça va finir). Résultat : plus d’argent public remis dans le système, et encore plus si ça échoue ; les marchés adorent, pile je gagne, face tu perds.

Les sommes en jeu sont conséquentes, et en forte augmentation : pour la France, la Cour des comptes vient d’en donner l’ampleur : «La dette publique imputable aux programmes d'aide aux pays en difficulté (prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF) devrait s'élever à 50,2 milliards fin 2012, contre 14,5 milliards fin 2011» (Le Figaro). Bien sûr tout cela n’est que de la dette rajoutée à de la dette et qui ne règle rien sur le fond, mais la crise baisse d’intensité et la bourse monte, pour le moment…

Philippe Herlin