vendredi 22 mars 2013

Chypre, le Lehman Brothers de la zone euro ?

La situation devient de plus en plus inextricable à Chypre : la Russie ne prêtera pas d’argent et les émissaires chypriotes sont rentrés bredouilles de Moscou, la BCE impose un ultimatum et refusera d’aider les banques au-delà de ce week end (ce qui signifie leur faillite et la nécessité de réintroduire une nouvelle monnaie), le « plan B » consistant à mettre la main sur les fonds des caisses de retraite est refusé par Merkel (La Tribune). Et surtout, l’Allemagne (et le chancelier autrichien à haute voix) semble se faire à l’idée d’une sortie de Chypre de l’euro. Le «challenge» : Nicosie doit trouver 6 milliards d’euros d’ici lundi.

Dans les chancelleries comme dans les médias, chacun veut se convaincre qu’une éjection de Chypre de l’euro ne comporterait aucune conséquence grave. Son PIB est négligeable nous explique-t-on. Certes, mais c’est également vrai pour la Grèce et pourtant tout est fait pour la garder dans l’euro, y compris en accumulant des aides dont on sait qu’elle ne pourra pas les rembourser.

A Bruxelles, Francfort (siège de la BCE) et Berlin, on est dans le même schéma que Lehman Brothers avant le 15 septembre 2008 : « faisons un exemple, ça servira de leçon aux autres ». Pour la banque américaine, c’est après sa faillite que l’on s’est rendu compte de la catastrophe. Mesure-t-on les conséquences d’une sortie précipitée et non préparée d’un pays de la zone euro ? L’aspect comptable (les montants en jeu, et ce que l’on va découvrir dans ces banques opaques, des produits dérivés par exemple…), mais aussi l’aspect psychologique, chez les déposants comme chez les investisseurs, qui pourrait se transmettre aux autres pays en difficulté (Grèce, Portugal, Espagne, Italie, Irlande). Nous jouons avec le feu.


Autrement, bien sûr, comme pour le 13 janvier, je soutiens la Manif pour tous dimanche (mon billet sur le sujet à l'époque) !

Philippe Herlin