J’avais dénoncé ce scandale dans mon livre France, la faillite ? (page 36 de la 2e édition), à savoir l’habitude d’effacer les dettes de pays en développement, ou de leur faire un prêt en sachant dès le départ qu’ils ne pourront jamais le rembourser, en échange de contrats d’équipement ou d’infrastructure. Des commandes en faveur d’entreprises françaises (privées ou publiques) financées par la dette publique, c'est-à-dire à la charge de l’ensemble des Français ! Je citais à l’époque le cas de l’annulation de la dette du Cameroun envers la France (1,2 milliard d’euros, en 2009) en échange de "la réalisation de projets de développement définis en commun par Paris et Yaoundé d’ici 2016".
Il parait que le gouvernement veut réduire la dette de la France, mais deux cas récents viennent nous rappeler que ce petit jeu continue :
1) Le Mozambique vient de commander 30 navires au chantier naval de Cherbourg, avec de l’argent prêté par des organismes publics français, qui ne sera certainement jamais remboursé vu l’état du pays. Le fait que le député-maire de Cherbourg soit devenu entretemps le ministre du budget (il s’agit de Bernard Cazeneuve) est certainement une pure coïncidence.
2) La Guinée confie la construction de deux lignes de chemin de fer (662 et 142 km) au groupe Bolloré après que la France ait effacé la dette que le pays avait envers elle. Ici encore la dette publique, à la charge de l’ensemble des Français, contribue à la bonne fortune de M. Bolloré, par l’entremise du gouvernement. Le "capitalisme de connivence" dans toute sa splendeur.
La dette publique c’est aussi un gros pot de confiture pour les gouvernements, et cela explique qu’ils aient du mal à s’y attaquer !
Philippe Herlin