Ces jours-ci les médias reprennent en boucle l’idée que la situation de la Grèce s’améliore car, figurez-vous, elle a dégagé un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire que sans compter les intérêts de la dette, le budget de l’Etat est en excédent). La France n’y arrive pas, la Grèce si, formidable. Cette fois c’est sûr, pour l’Europe la crise est finie et la reprise est là, puisque même la Grèce s’en sort ! C’est ce que l’on peut croire si on se limite au titre de cette dépêche Reuters reprise sur le NouvelObs. Mais il faut la lire jusqu’au bout… Seul, à notre connaissance, L’Agefi dénonce cette mascarade : "La Commission européenne s'est livrée mercredi à des contorsions statistiques pour permettre à Athènes d'afficher un excédent primaire. Il faut dire que l'an dernier encore, les aides au secteur financier ont miné les comptes grecs. Le déficit grec passe ainsi de 12,7% à 3,2% quand on lui soustrait l'effort consenti pour les banques, et à un excédent de 0,8% une fois déduits quelques autres «éléments particuliers» et les intérêts de la dette."
Bien sûr, si on fait abstraction du secteur bancaire, les choses vont mieux ! C’est tout simplement grotesque. Qu’en est-il en réalité ? Le déficit budgétaire passe de 8,9% du PIB en 2012 à 12,7% du PIB en 2013, tandis que la dette publique passe de 157,2% du PIB en 2012 à 175,1% du PIB en 2013. Autrement dit, la situation de la Grèce se détériore de façon accélérée entre 2012 et 2013 et rendra inévitable une nouvelle restructuration de sa dette, ce qui impliquera encore des charges financières pour les autres pays de la zone euro. Mais cela il ne faut surtout pas le dire avant les élections européennes du 25 mai, ça risquerait de profiter aux eurosceptiques. Alors l’UE lance un plan comm en manipulant les chiffres. Pitoyable.
Philippe Herlin