Dans le dernier bulletin mensuel de l’Agence France Trésor (AFT), on trouve ce très intéressant graphique :
On voit que 29% de la dette française est achetée par les "Banques centrales de la zone euro". Mais cette catégorie concerne en fait quasi exclusivement la Banque de France. En effet, le Quantitative Easing (la "planche à billets") mis en place par la Banque Centrale Européenne (BCE) en mars 2015 à hauteur de 80 milliards d’euros par mois (qui vient de passer à 60 en mars) passe par les banques centrales nationales. Pour la France cela représente donc un peu plus de 10 milliards d’euros par mois, qui sont consacrés aux OAT et à des dettes d’entreprises.
Cette intervention croissante de la Banque de France conduit à une renationalisation de la dette, la part des non-résidents baisse depuis mars 2015, début du QE, comme le montre ce graphique extrait du même bulletin, des deux-tiers ils sont descendus à 58,5% :
Ce camembert montre les différents détenteurs de la dette française, et la catégorie "autres (français)" (14,20%) n’est personne d’autre que la Banque de France, pourquoi cette cachoterie ?
D’ailleurs, avant que ne commence le QE, cette catégorie ne représentait que 4,60% :
Ainsi la Banque de France possède presque 15% de la dette française et achète presque un tiers des émissions. Certains pourront s’en réjouir (la dette est renationalisée), tandis qu'ici, en bon disciples de l’école autrichienne, nous y voyons surtout de l’argent qui tourne en rond, une intervention étatique, et une bulle en formation…
Quoi qu’il en soit, nous dénonçons une fois de plus le manque d’information sur la dette française. Nous avons ici procédé par déduction, à partir d’un graphique publié pour la première fois, alors que ces données devraient être plus détaillées et mieux diffusées, ce serait utile et nécessaire au débat public, notamment en cette période d’élections.
Philippe Herlin