Le projet de budget 2018 prévoit un déficit de l’Etat de 83 milliards d’euros, en hausse par rapport à l’année précédente et, en même temps, le passage sous les 3% de déficit exigé par les critères de Maastricht. Comment cette apparente contradiction est-elle possible ? D’autant que si l’on prend le PIB de 2016, c’est-à-dire 2228,9 milliards d’euros, 3% de cette somme donne 66,8 milliards d’euros. Comment se retrouver sous ces 3% avec un budget de l’Etat en déficit de 83 milliards ?
L’explication tient au fait que les critères de Maastricht considèrent l’ensemble des déficits publics, celui de l’Etat, mais aussi des ODAC (Organismes Divers d’Administration Centrale), les collectivités locales et la Sécurité sociale. Et le projet de budget prévoit que les ODAC en léger déficit parviendront à l’équilibre, que les collectivités locales resteront dans le vert et, surtout, que la sécu va générer un excédent à hauteur de 0,5% du PIB soit 11 milliards d’euros. C’est ce que montre ce graphique tiré du bulletin mensuel de septembre de l’Agence Française du Trésor :
Quand on voit comment les collectivités locales renâclent face aux diminutions des reversements de l’Etat, et qu’elles n’engagent aucune réduction de leur train de vie, on se dit que leur maintien dans le vert se fera par des augmentations d’impôts locaux… Quant à la sécu, irréformable et dépensière, on se doute que cet excédent se fera par un accroissement des déremboursements, et donc une augmentation des frais de santé à payer par les particuliers. Ainsi, le retour sous la barre des 3% ne se fait pas par une diminution des dépenses publiques mais au final par une sollicitation supplémentaire des Français…
Philippe Herlin