S’il fallait une preuve supplémentaire du mépris de la RATP envers ses "usagers", voici un nouvel exemple : les travaux de rénovation du couloir de correspondance entre la station Auber et la station Opéra prendront DEUX ANS, vous avez bien lu, voici le communiqué de la Régie parisienne. La fermeture de cet accès est effective depuis le 15 avril.
Il s’agit pourtant d’une correspondance importante du réseau de l’Île-de-France puisque les lignes de métro 7 et 8 ne communiqueront désormais plus avec la ligne A du RER. Ce sont ainsi plusieurs dizaines (centaines ?) de milliers de personnes qui devront remonter à la surface pour passer du métro au RER ou inversement, le matin et le soir. Les habitués de la ligne 3 pourront changer à Havre-Caumartin, mais pour une correspondance bien plus longue.
Selon le communiqué, il s’agit seulement de changer 4 tapis roulants (mais on n’en voit que 2 sur la photo…), 7 escaliers mécaniques et 9 millions de pastilles d’émaux de la voûte. Pour ce dernier élément, rassurons le lecteur, on ne parle pas d’une fresque composée par un artiste mais d’un rouge uniforme et agressif : faut-il vraiment la restaurer comme s’il s’agissait d’une œuvre d’art ?
À l’heure où l’on veut reconstruire Notre-Dame de Paris en cinq ans, ce qui paraît tout de même un peu rapide, prendre deux ans pour remplacer des éléments mécaniques standardisés semble à l’inverse bien long. D’un côté l’urgence, pour être prêt lors des Jeux olympiques de 2024, de l’autre la soumission aux "avantages acquis" pour ne pas brusquer les syndicats, dans les deux cas la politique coupée des réalités.
Chacun avait pu noter la longueur des travaux du réseau parisien (4 mois pour rénover une station, deux mois pour changer un escalator), la multitude exaspérante des "incidents de trafic", mais dans ce cas on dépasse tous les records. La notion de "service public", brandie par la RATP, n’est que le paravent du jemenfoutisme, du corporatisme, de la syndicratie, du fonctionnariat, en fait de pouvoir se tourner les pouces sans être dérangé. Un véritable scandale.
Philippe Herlin