Cet article du Figaro signale une nouvelle étude de l’INSEE tout à fait intéressante. Voulant démontrer que les ménages modestes dépensent bien plus pour leur logement que les ménages aisés, l’organisme statistique national lâche des chiffres révélateurs.
Le logement représente 22% des dépenses des 20% des ménages les plus modestes et seulement 12% des 20% les plus aisés. Mais dans les deux cas, nous sommes clairement au-dessus des 6% retenus pour le «panier de la ménagère» qui sert à calculer l’inflation. J’ai dénoncé cette sous-estimation du logement dans mon livre Pouvoir d’achat : le grand mensonge, qui amène à sous-évaluer l’augmentation réelle des prix en France. Involontairement, l’INSEE vient de lâcher le morceau, et de reconnaitre son mensonge.
Bizarrement, comme s’il ne fallait pas tout avouer d’un coup, l’étude ne donne pas le poids moyen du logement pour l’ensemble des ménages, on trouve seulement ce chiffre pour les propriétaires (9,5%) et pour les locataires (29,0%, cf figure 2), quels que soient leurs revenus. Les propriétaires payent moins car l’INSEE ne prend en compte ni l’achat de logement ni les remboursements de prêts immobiliers, qu’il considère être de «l’épargne et non pas une consommation de logement», ce qui allège fortement le poids des dépenses des propriétaires (dans ce cas, il ne s’agit plus que de dépenses d’entretien du logement). Il serait possible d’en tenir compte, par exemple par le biais des «loyers fictifs» (ce que paieraient les propriétaires s’ils louaient leur propre logement), et dans ce cas ce chiffre serait nettement plus élevé, mais ce n'est pas le cas ici.
Alors pour calculer le poids moyen du logement dans les dépenses de l’ensemble des ménages français, il faut passer par cette autre étude qui nous dit que les propriétaires représentent 58% de la totalité des ménages, et les locataires 42%. Nous pouvons alors calculer ce poids moyen du logement dans les dépenses des ménages : 17,69% (9,5*58+29,0*42/100). Et ce serait encore pire si on tenait compte de l’achat de logement et du coût des emprunts comme nous l’avons dit au paragraphe précédent. Quoi qu’il en soit, nous sommes très loin des 6% retenus pour calculer l’indice des prix à la consommation !
Compte tenu de la hausse de l’immobilier depuis 2000, on comprend comment le pouvoir d’achat des Français a été sérieusement entamé, et comment, en ramenant le logement à 6%, les dirigeants politiques entretiennent la fiction d’un pouvoir d’achat qui augmente. Merci à l’INSEE pour cet aveu.