Un petit comique le nouveau ministre des finances grec Georges Papaconstantinou, car voici ce qu’il déclare après la dégradation de la dette publique de la Grèce par Fitch (et la «mise sous surveillance» de la part des autres agences de notation) : «Le jugement de Fitch nous fait du mal, parce que c'est un signal de perte de crédibilité. Or elle n'est pas de notre faute. Elle est due au passé». Bah voyons, mais la dette elle-même c’est «du passé», des dépenses qui ont été engagées, payées, réglées, et alors, il faudrait l’oublier, faire une croix dessus ? Il faudrait aussi oublier les magouilles de la comptabilité publique grecque pour entrer dans l’euro, et celles des derniers mois où le déficit budgétaire est subitement passé de 6 à 12 % du PIB, comme le rappel Eric Le Boucher dans Slate ? La dette c’est justement cela, du passé possédant une force inexorable, l’inertie inéluctable des mauvaises décisions, l’addition constamment représentée sous votre nez des erreurs passées, quand tous les politiciens veulent se tourner uniquement vers l’avenir, le champ de tous les beaux discours et des promesses payées à crédit. On comprend le dépit du ministre grec qui, à peine arrivé en poste, doit se coltiner une facture démesurée au lieu de faire le beau dans les médias. Alors que doit faire l’Europe ? Aider la Grèce, au risque d’avaliser ses mensonges comptables et son incapacité à se réformer, ou la laisser tomber pour garantir le sérieux de l’euro, mais au risque de provoquer un «effet Lehman Brothers» qui déclencherait une crise bien plus grave ? Sacré dilemme…
Interview du ministre des finances de la Grèce, Le Figaro
L’arnaque grecque, Eric Le Boucher, Slate
Non à un sauvetage européen pour les états mal gérés ! Vincent Bénard
Philippe Herlin
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