Ils sont amusants ces Grecs : après avoir pleuré pendant des mois auprès des pays de l’Union européenne pour soulager le poids de leur dette publique, ils viennent d’annoncer que leurs prochains emprunts se feront… en dollars ! Et ce n’est pas un poisson d’avril. Et celui qui fait cette annonce n’est autre que le responsable de l’organisme de gestion de la dette publique grecque, Petros Christodoulou, un ancien de Goldman Sachs (voir cette note) ! On peut subodorer que cette banque fera partie des intermédiaires chargés de placer ces emprunts, et touchera donc une copieuse commission, une de plus (on rappelle que c’est cette banque d’affaires qui a réalisé le montage permettant à la Grèce de masquer une partie de sa dette, voir cette note). Bien sûr, placer sa dette en dollars n’est pas dénué d’une certaine rationalité, c’est tout le marché des investisseurs américains qui s’ouvre, ceux-ci préférant acheter une obligation libellée en dollars (donc sans risque de change), alors qu’une obligation en euros peut perdre de la valeur. Mais c’est bien la peine d’invoquer l’Europe si c’est pour contribuer ensuite à renforcer le rôle du dollar comme monnaie mondiale ! Après avoir hurlé contre les « méchants spéculateurs », les émissaires grecs vont devoir aller faire la tournée des grands hedge funds et les fonds de pensions américains pour les convaincre d’acheter leurs emprunts, bon courage. Toute cette affaire est en train de tourner à la farce.
La Grèce compte emprunter en dollar US en avril-mai, Reuters
Philippe Herlin
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