lundi 3 mai 2010

L'EuroMillions pour la Grèce : 110 milliards

Les 110 milliards d’euros de prêt à 5% que l’Europe et le FMI viennent de concéder à la Grèce ne serviront qu’à :
1) repousser les échéances tant, sur le fond cela ne règle rien. Pour ce qui est du « régime sec » imposé au Grecs, il ne consiste, en réalité, qu’à se mettre au niveau des autres pays européens, en effet, la retraite intervenait après 37 ans de cotisations seulement et sur la base du dernier salaire, la législation interdisait aux sociétés de licencier plus de 2% de leurs effectifs totaux par mois (!). La fiscalité augmentera (pour quel rendement, vu l’importance de l’économie souterraine ?), mais aucune privatisation n’est prévue, l’Etat maintiendra donc son périmètre. Tout juste note-t-on un peu de libéralisation dans les transports et l’énergie, que de toute façon l’Union européenne rend obligatoire avec ses directives. Qui peut croire que ce « régime » amènera la croissance dont à besoin la Grèce pour soulager le poids de sa dette ?
2) accroître le risque systémique pesant sur l’euro. Tous les pays prêteront, y compris le Portugal et l’Espagne, en situation très délicate et également contraints à tailler dans leurs dépenses publiques ! Que fera-t-on, et qui prêtera, lorsque le Portugal ne pourra plus se refinancer sur le marché ? L’Allemagne et la France se privent de marges de manœuvre qui pourraient être utiles en cas de durcissement de la crise économique mondiale, et si la Grèce fait défaut ils seront touchés de plein fouet.
Et encore, heureusement que l’Allemagne a traîné les pieds, cela a obligé la Grèce à faire des efforts supplémentaires, mais si la France et l’Italie avaient tenu le même discours, la Grèce aurait du réagir plus tôt et, certainement, cette crise et ce plan de 110 milliards auraient été évités (la preuve : l’Irlande, aux déficits comparables, mais qui a réagi immédiatement). La Grèce s’en tire bien, temporairement, mais nous ?

Grèce : une aide de 110 milliards d'euros en échange de "grands sacrifices", La Tribune

La Grèce au régime sec, La Tribune

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr