On va y venir, c’est même ce qui aurait du être fait dès le début : le rééchelonnement de la dette grecque. Le FMI vient de lancer l’idée, l’Allemagne a répondu qu’il en était hors de question, les discussions s’annoncent animées. En effet Berlin, mais aussi Paris, Londres ou Rome craignent de devoir renflouer leurs banques suite aux pertes qu’elles subiraient alors sur les emprunts grecs qu’elles détiennent dans leurs comptes (de l’ordre de la quarantaine de milliards pour les banques françaises, allemandes et anglaises, selon diverses estimations). Un rééchelonnement se traduisant évidemment par une diminution de la valeur de ces créances. Mais au fait, pourquoi les banques possèdent-elles autant d’emprunts grecs ? Parce que ça rapporte plus et c’est sans risque, enfin le pensaient-elles. La Grèce, on le sait, doit offrir un taux d’intérêt supérieur au taux des emprunts allemands (même avant la crise), ça lui coûte plus cher, et ça rapporte plus à ceux qui les souscrivent, les banques. Et c’est sans risque puisque la Grèce fait partie de l’Europe et de l’euro… Erreur, on l’a vu. Les banques auraient du se rappeler qu’un des principes de base de la finance est que la rémunération et le risque augmentent de concert ; elles auraient du provisionner une partie de ces emprunts. Un rééchelonnement mesuré leur fera perdre quelques milliards, ça leur fera les pieds, et un renflouement public pourrait ne pas être nécessaire, ce serait une sortie honorable du problème grec (scénario optimiste…).
Rééchelonner la dette grecque divise ses bailleurs de fonds, Les Echos
Philippe Herlin
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