Le principe du plan d’aide à l’Irlande a été acté lors de la réunion des ministres des finances de la zone euro hier à Bruxelles. Reste à en négocier, dans les jours qui viennent, les modalités, et celles-ci tournent autour de deux axes :
1) Qui va payer ? Comme nous l’expliquions dans notre billet précédent, le FESF (Fonds européen de stabilisation financière) n’existe que sur le papier, et la France et l’Allemagne n’ont pas vraiment envie de solliciter les marchés à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros, Paris pourrait craindre pour son AAA. Solution toute trouvée : faire payer les Anglais ! Ils avaient réussi à se faire oublier lors du renflouement de la Grèce, manque de chance cette fois, leurs banques sont très engagées auprès du système financier irlandais, ils sont coincés. Le chancelier de l’échiquier George Osborne, qui met actuellement en place un plan de réduction drastique de la dépense publique, va être très content de mobiliser des dizaines de milliards de livres dont il n’est pas vraiment certain de revoir la couleur… D’autre part, le FMI, qui était regardé de travers par les capitales européennes lors de la crise grecque (son intervention était perçue comme une atteinte à la souveraineté de l’Europe) est maintenant accueilli à bras ouverts, il pourrait contribuer à la moitié du financement total selon le Wall Street Journal…
2) Quelle contrepartie pour l’Irlande ? Dublin a mis en place dès 2009 un vrai programme de contrôle des dépenses publiques, on ne peut donc pas l’attaquer sur ce point, mais il y a un élément qui énerve les capitales européennes, c’est son dumping fiscal ; voilà où frapper ! « Dublin redoute notamment que ses partenaires européens lui réclament une hausse de l'impôt sur les sociétés - de 12,5% actuellement et l'un des plus bas en Europe - qui est à la base du miracle irlandais et que les Irlandais eux-mêmes sont prêts à défendre bec et ongles. » (Les Echos). Ce serait pourtant un calcul à courte vue puisqu’il affaiblirait l’économie et les recettes fiscales futures de l’Irlande. D’où le discours du gouvernement irlandais affirmant que ses banques ont besoin d’un renflouement mais nullement l’Etat (sous-entendu, ne touchez pas à ma politique fiscale).
Résultat dans les jours qui viennent…
La zone euro acte le principe d'une aide à l'Irlande, Les Echos
Le plan d’aide prend forme, Boursier.com
Aide à l'Irlande: décision prochaine, AFP
Le Royaume-Uni "prêt" à aider l'Irlande, AFP
Addendum : les banques britanniques sont engagées à hauteur de 222 milliards de dollars auprès de Dublin !
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr