Les résultats du sommet des dirigeants européens réuni ce jour à Bruxelles sont plus que limités, et pas du tout à hauteur des défis actuellement posés à la zone euro. Ils concernent deux points :
1) La Banque centrale européenne (BCE) double son capital, le passant de 5 à 10 milliards d’euros. Mais est-ce seulement suffisant ? Son bilan se monte à 138 milliards d’euros, dont 72 milliards d’obligations grecques, irlandaises, portugaises. Le rééchelonnement de ces dettes publiques fait de moins en moins de doutes, et une décote (une « restructuration ») de 30 % signifierait une perte sèche de 21,6 milliards pour la BCE (72.0,3), presque deux fois son futur capital. Et l’Espagne arrive, avec ses banques totalisant 176 milliards d’euros de pertes selon Moody’s. D’autant qu’il faut aussi tenir compte de « l’Eurosystème », la structure qui réunit la BCE et les banques centrales nationales, qui est engagé auprès des banques à hauteur de 334 milliards d’euros… Les banques centrales des pays en difficultés devraient elles aussi augmenter leur capital, mais cela n’a pas été évoqué lors du sommet. Une remarque : voici encore une construction bancale puisque la monnaie européenne dépend de plusieurs banques centrales, même si la BCE a la prééminence. Que se passe-t-il en cas de dysfonctionnement ou de conflit ? Encore un élément de défiance et de risque systémique supplémentaire…
2) Pour pérenniser le mécanisme d’aide aux Etats surendettés, il a été décidé d’ajouter un paragraphe à l’article 136 du Traité européen ainsi rédigé : « Les Etats membres dont la monnaie est l'euro peuvent établir un mécanisme de stabilité qui puisse être activé s'il était indispensable de sauvegarder la stabilité de l'euro dans son ensemble. L'octroi de toute assistance financière requise via ce mécanisme sera sujet à de strictes conditionnalités. » C’est assez abscons mais ça veut dire qu’en cas de crise on ne se décidera à bouger que si tout menace d’exploser… on avait vraiment besoin de l’écrire. Et c’est ce que fait l’UE depuis le début de la crise de l’euro, non ? Ce paragraphe sera effectif à partir de 2013, bien sûr on a le temps. Bref, on attend avec impatience le prochain sommet européen qui devra régler la prochaine crise.
Et autrement, si vous cherchez une idée de cadeau de Noël, ou une autre idée ;-)
Philippe Herlin
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