Nous avons déjà parlé de la CADES dans cette note, pour nous étonner que cet organisme, chargé de financer la dette de la Sécurité sociale, emprunte pour partie en dollars. Alors que les pouvoirs publics dénoncent l’hégémonie de la monnaie américaine et affirment défendre l’euro « à tout prix », il est effarant de voir qu’un organisme placé sous la tutelle de l’Etat emprunte en dollars ! L’intérêt de l’opération réside dans l’assurance de placer sans aucune difficulté ces emprunts auprès des fonds de pension américains (qui n’ont ainsi aucun risque de change à supporter, ce qui serait le cas s’ils achetaient des obligations libellées en euros). La CADES, pour éviter le risque de change, se couvre par un swap sur toute la durée de l’emprunt ; mais cette couverture coûte chère, et c’est autant d’argent perdu. Notons au passage l’ironie de voir la sécu française se financer auprès des fonds de pension US tant honnis sous nos latitudes… Et ça empire : en 2010 la CADES plaçait 20 % de sa dette en dollars, en 2011 ce sera plus de la moitié ! Le programme d’émissions pour 2011 prévoit en effet 16 milliards d’euros, 20 milliards de dollars et 1,5 milliard de livres. Le fait que la proportion du dollar augmente tant signifie peut être que la France a de plus en plus de mal à placer ses obligations publiques en euros, ce qui ne manque pas d’inquiéter. Quoi qu’il en soit, quel signe envoyé aux marchés au moment où la France prend la présidence du G20 pour défendre l’euro, son « modèle social » et tutti quanti !
Philippe Herlin
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