La tragédie que connaît le Japon actuellement met en lumière un principe économique universel mais largement ignoré : l’Etat est son propre assureur. La loi oblige les personnes et les entreprises à s’assurer, sous peine de fortes amendes, mais les Etats s’exonèrent de cette obligation. Il est vrai qu’assurer tous les bâtiments publics, les équipements divers, des infrastructures entières, coûterait une fortune. Mais l’Etat met-il de l’argent de côté pour couvrir les dommages, comme le fait une société d’assurance ? Non, un comportement si vertueux lui est inconnu, il paye au fil de l’eau (voir cet article de L’Express). De fait, la conséquence de ce principe est simple : c’est le contribuable qui paye. Par ailleurs l’Etat limite-t-il son endettement pour garder des marges de manœuvre et pouvoir faire face à une catastrophe ? Et là on revient au cas du Japon qui est le pays le plus endetté au monde (plus de 200 % de son PIB, « seulement » 80 % pour la France). Pourquoi un tel endettement ? Pour soutenir l’économie depuis l’éclatement de la bulle spéculative (immobilière et boursière) au début des années 90, l’effet est nul (la croissance reste atone) mais les plans de relance financés à crédit ont continué bien sûr (c’est ce que font les Etats-Unis depuis 2008, avec le même résultat). Un endettement pour rien ou presque. Le Japon est désormais « aux taquets » pour son endettement public et il doit faire face à une catastrophe majeure, mais prévisible au moins en partie. Imprévoyance ? Le principe « l’Etat est son propre assureur » permet surtout de nier le problème, voici une question dont tous les Etats doivent se saisir, car aucun pays n’est à l’abri d’une catastrophe.
(Notons que des grandes entreprises comme BP tentent de faire de même, s’autoassurer, ce qui ne manque pas d’inquiéter.)
Ayons une pensée pour nos amis japonais avec la Maison de la culture du Japon à Paris.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr