vendredi 11 mars 2011

Un krach de la dette américaine à prévoir ?

C’est un peu comme si la BNP-Paribas disait : «je n’ai plus aucune obligation du Trésor français en portefeuille, j’ai tout liquidé, je n’ai plus confiance dans la dette française», on imagine le coup de tonnerre ! Eh bien cela vient de se passer aux Etats-Unis : Pimco, le plus grand gestionnaire de fonds obligataires du monde, a liquidé tous les titres de dette de l'Etat fédéral. Son patron, Bill Gross, anticipe une remontée des taux longs et n’a plus confiance en Washington pour réduire le déficit budgétaire. Il envisage même, avec Nassim Taleb, un krach des bons du Trésor US (pour Taleb «il vaut mieux détenir des euros que des dollars, l’euro est accroché à l’Allemagne, le dollar à rien du tout»…). Hormis un marché boursier bullaire (merci Bernanke), il faut dire que les indicateurs sont au rouge : le marché immobilier est dévasté (voir ces cartes effrayantes sur les saisies), les bilans bancaires encore contaminés (et leur comptabilité n’est pas fiable), les muni-bonds sont une bombe à retardement, et le plafond de dette risque bientôt d’être atteint. Un krach de la dette américaine (ou, variante, un Quantitative easing délirant qui se transforme en hyperinflation) est littéralement impensable, mais économiquement de moins en moins irréaliste.

Ca craque de partout dans le monde en ce moment, y compris au propre au Japon. La «fragilité» du monde augmente partout dans des proportions inquiétantes.

PS : pour faire suite à notre article précédent sur les stress tests bancaires, les régulateurs annoncent qu’ils seront plus sévères que les précédents (Les Echos du 10/3 page 28), donnons leurs en acte, sans se faire d’illusions cependant. Notons surtout que pour le président de la Fédération bancaire française, François Pérol, le scénario du défaut souverain n’est « pas plausible », il affirme : «Je ne teste pas l’explosion de la zone euro, non, j’ai refusé que l’on fasse cela, à quoi ça sert ?». Hallucinant. Un tel aveuglement, pour l’organisme représentatif des banques françaises on le rappelle, est proprement effrayant.

Philippe Herlin
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