Les stress tests des banques européennes de juillet 2010, demandés par l’UE et réalisés par le Comité des régulateurs européens, n’avaient déjà été qu’une opération de communication. Les scénarios de « stress » retenus s’avéraient en effet trop timides, d’ailleurs les banques irlandaises, en faillite totale trois mois plus tard, ce qui déclencha le plan d’aide à Dublin, les avaient passés avec succès ! Eh bien l’UE s’apprête à recommencer en pire, c'est-à-dire avec des scénarios encore moins difficiles ! A l’heure ou les prix du baril de pétrole et des matières premières explosent, amputant d’autant la croissance des pays industrialisés, où chacun sait que la Grèce et l’Irlande sont insolvables, où la « reprise » demeure surtout fantasmatique, où les bilans bancaires sont encore remplis de créances douteuses, les scénarios de crise retenus se limitent à des chocs très limités : une baisse de 0,5% du PIB, une chute de 15% sur les marchés financiers, une perte de 20% de la valeur des obligations d'État portugaises détenues par les banques et de 15% sur les valeurs liées à la dette souveraine espagnole. Une blague. Un choc pétrolier, qui n’est plus très loin, ferait assurément reculer le PIB de plus de 0,5%. Un défaut de la Grèce signifierait une perte de 50% du nominal selon S&P. En Espagne les banques ont 100 milliards de crédits « problématiques ». Etc. On se fiche du monde. Mais il ne faut surtout pas montrer que les banques et les Etats sont à ce point engagés l’un envers l’autre (voir cette note), ça ferait peur, sauvons plutôt les apparences...
Philippe Herlin
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