mardi 13 septembre 2011

L’ampleur du risque grec

Il ne faudrait pas trop s’inquiéter pour les banques françaises, nous dit-on au gouvernement et dans les médias. Le plus comique c’est quand on nous explique que nos comptes sont garantis à hauteur de 70.000 euros par le Fonds de garantie des dépôts. Mais celui-ci ne dispose que de 1,8 milliards d’euros, ce qui correspond – faites la division – à 25.000 personnes… un chiffre ridicule. Et en plus, on se rappelle du reportage (voir ci-après) diffusé dans Capital dimanche où le responsable de cet organisme (pour sa branche assurance), en arrivant à son bureau, avoue ignorer le code d’accès à l’immeuble et ne connait pas le nombre de détenteurs de contrats d’assurance-vie en France, quelle blague ! Les motifs d’inquiétude face à la crise grecque sont réels, car les banques françaises ne se sont pas contentées d’acquérir des emprunts d’Etat, elles y ont investi localement, notamment le Crédit Agricole qui a eu la très bonne idée d’acheter une banque (Emporiki) en 2006 ! Au total, l’exposition des banques au « risque économique » (dette publique + dette privée) s’élève à 27 milliards d’euros pour le Crédit Agricole, 8,5 milliards pour BNP-Paribas et 6,6 milliards pour la Société Générale, soit 42,1 milliards au total, comme le précise cet article de La Tribune (qui nous explique aussi que les expositions à la dette publique italienne sont respectivement de 10,7 milliards pour CA, 28 pour BNP, 8,8 pour SG). Un défaut de la Grèce aurait donc des conséquences très graves pour les banques françaises, et il vaudrait mieux organiser la restructuration de la Grèce plutôt que de persister dans le déni. Nous défendons ici depuis le début, et notamment le premier plan d’aide à la Grèce de mai 2010, qu’il aurait mieux valu restructurer la dette grecque et garder nos ressources financières pour aider nos banques ; il n’est pas trop tard mais le temps presse.

Le reportage de Capital « Banque : votre argent est-il en sécurité ? », à partir de 29'20, dans lequel j’interviens à 40'50 et à 51'44, et le responsable du Fonds de garantie à partir de 52’30 (un grand moment !).

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr