Voici les principaux éléments de l’accord négocié cette nuit à Bruxelles :
- la Grèce : on efface 100 milliards d’euros (les banques abandonnent 50% de leurs créances)… et on prête 100 milliards d’ici 2014 (aide de l’UE qui remplace celle décidée lors du plan du 21 juillet). C’est du bonneteau ! D’ici là on espère que la Grèce va se redresser, bien sûr.
- les banques se recapitalisent de 100 milliards d’euros, en faisant appel au marché. Déjà le montant est jugé insuffisant par beaucoup (le FMI parle de 200). Mais surtout, quand on regarde le détail par pays, on se demande comment les banques grecques vont lever 30 milliards d’euros sur les marchés ! Ou les banques espagnoles 26 milliards, ou portugaises 7,8 milliards ! Voici d’autres plans d’aide en perspective…
- un FESF à effet de levier : ce que nous redoutions se met en place. Un FESF au rabais, déjà atteint par la crise (« Ce Fonds disposait à sa création de 440 milliards d'euros mais après avoir été mis à contribution pour aider le Portugal et l'Irlande, et en raison d'un complexe montage financier pour lui octroyer une note AAA, il ne dispose plus aujourd'hui que d'une capacité effective estimée à 250 milliards d'euros. » Les Echos) va passer à 1000 milliards ! L'effet de levier sera obtenu via un double mécanisme : 1) il s'agira d'une part d'assurer partiellement les dettes souveraines émises par des pays en difficulté et, 2) d'autre part, de créer une nouvelle entité adossée au FESF et au FMI et auquel participeront des investisseurs internationaux, comme la Chine ou d'autres grands pays émergents (l’Europe quémande de l’argent à la Chine, quelle honte !) L’Allemagne et la France seront les principaux garants de ce FESF. Notre dette publique de 1600 milliards d’euros ce n’était pas assez, on se remet au-dessus de nos têtes une nouvelle épée de Damoclès.
- la BCE va continuer à monétiser (acheter de la dette souveraine sur le marché secondaire), son nouveau président, Mario Draghi, s’y est engagé. L’ancien directeur de Goldman Sachs fait preuve de la docilité que chacun attend de lui (bientôt on regrettera Jean-Claude Trichet !).
On le comprend, cet accord ne sert qu’à gagner du temps, et lorsqu’un autre pays européen connaîtra des difficultés (Portugal, Espagne, Italie), un autre plan sera nécessaire. Surtout l’édifice est fragile : le FESF bénéficie du triple A et peut donc emprunter bon marché parce qu’il est garanti par l’Allemagne et la France. Si Paris perd son AAA, le Fonds le perdra également et tout sera remis en cause. Pas grave, on fera un autre plan.
Philippe Herlin
© La dette de la France .fr